12/11/2025
Aujourd’hui, j’ai reçu une jeune maman, deux enfants en bas âge, le genre de femme qu’on devine attentive, présente, investie dans tout ce qu’elle fait.
Elle m’expliquait qu’il lui arrivait souvent de passer la journée sans manger. Pas par choix, mais parce que le temps file entre les repas des enfants, les lessives, le rangement, les jouets à ramasser, la vaisselle, les vitres, l’aspirateur et le travail hors de la maison…
Et quand, enfin, tout semble à peu près en ordre, le soir tombe déjà.
Alors elle prépare le repas familial, veille à ce que tout le monde mange et finit, elle, par picorer distraitement ou s’endormir, épuisée, dans le canapé.
Je l’ai écoutée, touchée par sa sincérité, mais surtout par cette forme d’oubli de soi si fréquente, si humaine.
Il n’y avait aucun jugement dans ce moment. Juste une réalité : celle d’une femme qui donne, sans compter, sans pause, sans retour vers elle-même.
Et j’ai pensé à quel point cela nous arrive à tous, à ces journées où l’on s’oublie pour maintenir le rythme, pour “bien faire”, pour que tout tourne.
Mais se nourrir n’est pas un luxe. C’est un besoin fondamental. C’est le carburant de la vie, de la force, de la patience aussi. Ce n’est pas seulement un acte biologique : c’est une manière de se dire “je compte aussi.”
On croit parfois qu’il faut choisir : soi ou les autres. Et pourtant, la clé est là : les autres, oui… mais moi aussi.
Prendre le temps de s’asseoir, de respirer, de manger, de savourer ; ce n’est pas de la paresse, ni de l’égoïsme. C’est une forme d’amour.
L’amour de soi, celui qui permet d’aimer les autres sans se vider, sans se perdre, sans se dissoudre.
Et pourtant, derrière ce réflexe de se mettre en retrait, il y a souvent une histoire de vie. On ne s’oublie pas par hasard. Souvent, on a grandi dans un environnement où l’amour se méritait, où il fallait “bien faire”, “être sage”, “aider”, “ne pas déranger”.
Alors, très tôt, on a appris à se construire à travers le regard des autres, à être utile pour être aimé, à donner pour être reconnu.
Et à force, on finit par ne plus savoir exister autrement qu’en s’oubliant un peu.
Certaines personnes ont intégré profondément cette idée :
“Si je prends soin de moi, je prive les autres.”
“Si je m’arrête, je suis égoïste.”
“Si je ne donne pas tout, je ne suis pas à la hauteur.”
Mais ces croyances ne viennent pas d’un manque de valeur personnelle, elles sont nées d’un excès d’amour. D’un amour qui voulait protéger, satisfaire, apaiser, réparer parfois. Seulement, à force de donner sans se recharger, le corps finit par parler.
Il se fatigue, il s’éteint, il réclame.
Et c’est souvent à ce moment-là, dans le cabinet, que la prise de conscience se fait.
Quand le corps dit ce que le cœur taisait depuis longtemps :
“J’ai besoin d’attention, moi aussi.”
Alors, si toi aussi, tu t’es déjà oubliée dans l’action, si tu t’es déjà couchée en te disant “je n’ai pas eu une minute pour moi aujourd’hui”, n’en fais pas une faute.
Fais-en une invitation à te questionner avec douceur :
D’où vient ce besoin de tout porter ?
À quel moment ai-je appris à croire que ma place passait après ?
Et si je pouvais apprendre à donner autrement sans me perdre, sans m’épuiser ?
Parce qu’au fond, prendre soin de soi n’enlève rien à personne, n'est ce pas?
Que ferais-tu si tu te remettais au centre de la vie?
Une balalde en fôret? Une pause pour écouter la mer ou ta musique préférée? Danser sous la pluie? Prendre un café en terrasse? Commencer à lire le livre qui traîne sur l'étagère depuis trop longtemps?
Allez, dis-moi ce que tu ferais POUR TOI et fais le!