11/01/2025
Un texte profond et touchant, qui fait grandement réfléchir sur l'importance du rituel lors d'un décès, l'importance d'en faire justement... Je n'aurais pas pu mieux écrire.... Merci Colette Lupien ❣🙏
« Selon ses volontés, aucune cérémonie n’aura lieu » : quand le silence remplace le rituel
Une tendance en hausse:
Sommes-nous dans une époque où l’on préfère s’effacer plutôt que d’être célébré ? Pourquoi certaines personnes choisissent-elles de partir « sans déranger », sans fleurs, sans discours, sans rassemblement ? Par souci de simplicité ? Par crainte d’imposer leur départ à ceux qui restent ? Mais ce choix, aussi respectable soit-il, laisse souvent les endeuillés dans un vide immense.
Le rituel : un besoin humain ancestral
Depuis la nuit des temps, les humains ont inventé des gestes, des chants, des paroles pour accompagner leurs morts. Qu’il s’agisse d’une veillée, d’un cortège ou d’un simple moment de silence, le rituel permet de marquer un passage, de dire adieu, de se rassembler autour d’un chagrin partagé. Privés du rituel, les proches peuvent se sentir exclus du dernier hommage. Le deuil devient alors solitaire, parfois plus long et plus lourd à porter. Sans lieu ni moment pour exprimer leur peine, ils risquent de la garder en eux, sans reconnaissance sociale de leur souffrance.
Quand le silence devient fardeau:
Ne pas célébrer, c’est parfois donner l’impression que la vie de la personne disparue ne mérite pas d’être honorée. C’est aussi priver les proches d’un espace pour témoigner, se souvenir, pleurer ensemble. Le deuil devient alors une affaire privée, presque honteuse, alors qu’il est un processus profondément humain, qui gagne à être partagé.
Vers de nouveaux rituels:
Certains endeuillés, confrontés à cette absence de rituel, ressentent le besoin de recréer du sens à leur manière. Alors, ils inventent des gestes symboliques, discrets mais puissants : un repas partagé où l’on évoque les souvenirs, une chanson écoutée qui fait monter les larmes, une lettre lue à voix haute comme une prière du cœur, une chandelle allumée lors d’un anniversaire pour marquer la présence dans l’absence. Ces gestes, aussi simples soient-ils, deviennent des balises dans le brouillard du deuil. Ils offrent un espace pour dire, pour ressentir, pour relier. Ils tissent un fil invisible entre les vivants et les disparus, entre le chagrin et la mémoire, entre le silence et l’amour. L’essentiel est de permettre à ceux qui restent de dire, à leur manière : « Tu as compté. Tu es aimé. Tu as marqué nos vies. Tu laisses une trace que le temps n’effacera jamais. Nous te portons encore dans nos cœurs. »
En conclusion:
Dire adieu, ce n’est pas trahir une volonté. C’est honorer un lien.
Et parfois, c’est en osant créer un moment pour saluer la mémoire, même modeste, que l’on permet au deuil de s’amorcer, à la vie de reprendre, et à l’amour de continuer à circuler, à relier, à consoler le cœur de celles et ceux qui ont aimé et qui aime encore.
© Colette Lupien, Célébrante laïque, 2025 - Tous droits réservés.