01/11/2025
Les prix des produits de première nécessité en baisse à Kinshasa
Le trihebdomadaire «AfricaNews» a envoyé ses reporters sur le terrain afin d’observer, de documenter et de comparer l’évolution des prix des produits essentiels, après le redressement du franc congolais. Il en ressort une tendance générale à la baisse dans plusieurs quartiers de Kinshasa, apportant un grand soulagement aux ménages. Dans la capitale de la RD-Congo, Kinshasa, plusieurs denrées de première nécessité affichent une diminution significative, entraînant la reprise du poids du panier de la ménagère. Le jeudi 30 octobre 2025, les équipes d’«AfricaNews» ont parcouru divers points de vente pour en évaluer l’ampleur.
À la chambre froide Grayson, située dans la commune de Limete, le responsable des stocks a confirmé cette tendance: «Le prix du poisson chinchard 18+ a fortement baissé, passant de 8 500 FC à 7 500 FC le kilo; le chinchard 20+ se vend maintenant à 8 500 FC contre 10 000 FC, et le chinchard 25+ à 11 000 FC au lieu de 13 000 FC». Concernant la volaille, les prix restent constants pour les poulets de poids 9 et 10, à 9 000 FC et 9 500 FC respectivement, tandis que ceux de poids 11 et 12 ont subi une légère baisse, tombant de 12 000 FC à 11 000 FC et de 13 000 FC à 12 000 FC. À la chambre froide Elikya, de nombreux clients remarquent une amélioration tangible.
«Je tiens à saluer les efforts du gouvernement. Depuis que Mukoko Samba a été nommé au ministère de l’Économie nationale, je commence à mieux gérer mon budget. J’espère que cette dynamique se poursuivra», confie une commerçante de la 2ème rue Limete/Industriel. Un constat similaire se fait entendre à la chambre froide Canaan, sur la 9ème rue Limete/Industriel, où une gérante confirme la tendance: «Ce que le gouvernement a accompli est très encourageant. Les choses commencent enfin à avancer. Qu’ils continuent sur cette lancée, car il y a encore beaucoup à accomplir».
Une tendance à la baisse dans les marchés populaires
Le tabloïd du quartier Beau Vent s’est également rendu au marché de la Liberté pour comparer les prix des produits de base. Sur place, la diminution est évidente pour plusieurs denrées, conséquence directe de l’appréciation du franc congolais face au dollar.
Charlotte Lubwa, vendeuse sur le marché de la Liberté, témoigne: «La baisse des prix concerne de nombreux produits: le maïs, les haricots, le sel, le lait, l’huile végétale, la semoule, les cossettes de manioc, les boîtes de tomates et même le ciment». Les prix des sacs de riz de 25 kg, des marques BB, Lion et Warice, sont restés stables au cours de la semaine: 50 600 FC, 49 450 FC et 45 500 FC respectivement. Cette stabilité, associée à la baisse d’autres articles, offre un soulagement bienvenu aux consommateurs dans la gestion de leur budget alimentaire.
Certains produits demeurent à leur ancien prix
D’autres articles, par contre, maintiennent leurs tarifs habituels. «Le bidon d’huile d’Afrique de 25 litres est toujours à 105 000 FC. Celui de 20 litres se négocie à 84 525 FC, celui de 15 litres à 70 725 FC et le bidon de 10 litres à 48 875 FC. Les bidons d’huile Palmina et Regina de 25 litres coûtent 98 000 FC», indique le commerçant Patrick Masamba. En ce qui concerne les produits laitiers, la stabilité prédomine également. «Le prix des haricots est resté à 3 500 FC depuis une semaine. Les prix du lait en poudre n’ont pas changé: la boîte de Nido de 2,5 kg coûte 70 015 FC, celle de 1,5 kg 52 137 FC, et le lait Bondia de 900 g est vendu 19 777 FC, Nutrias 24 690 FC, Milgro 46 570 FC, Momo 21 473 FC et Belle Hollandaise 29 446 FC», poursuit-il.
À Mbudi, la population est ravie
Dans la commune de Mont-Ngafula, à l’Ouest de Kinshasa, la dépréciation du dollar américain a également conduit à une baisse marquée des prix des denrées alimentaires. Le gérant de la maison FABN se réjouit de cette situation: «Le constat est clair: les prix des produits ont baissé. Ils se stabilisent autour de 2 200 à 2 400 FC. Nous mettons régulièrement à jour les tarifs pour refléter ces baisses». Un constat semblable émerge de la boutique KAT, où le superviseur affirme: «Tout a baissé en fonction des fluctuations du taux de change. Nous ajustons les prix des huiles, du riz, de la semoule et des spaghettis pour soulager nos clients quotidiens».
Ce dernier explique suivre l’évolution du marché grâce à l’application «Talo», développée par le ministère de l’Économie nationale. «J’utilise une application qui me permet de surveiller les tendances et fixer les prix. Je m’y réfère souvent avant de prendre une décision», précise-t-il. Une vendeuse de semoule renchérit: «Les prix ont chuté depuis la dévaluation du dollar. Les clients reviennent, car ils savent que les produits sont devenus plus accessibles. Le bidon d’huile Regina de 25 litres, précédemment vendu entre 130 000 et 140 000 CDF, coûte maintenant 101 000 FC, et le sac de riz a vu son prix passer de 70 000 à 40 000 CDF».
Pour de nombreux commerçants, cette embellie résulte également de la réduction des frais d’importation et de transport. «Nous attendions cela depuis longtemps», déclare un acheteur. «Désormais, je peux acquérir plus de produits pour le même montant. C’est une excellente nouvelle pour les ménages kinois», s’exclame-t-il.
L’application «Talo»: un indicateur économique fiable
Pour garantir une plus grande transparence sur le marché, le vice-Premier ministre chargé de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, a lancé l’application «Talo», un outil de suivi en temps réel des prix des produits de grande consommation. L’objectif est d’informer le public sur 39 produits, de suivre leur évolution et de lutter contre la spéculation. Le bulletin mensuel de Talo, couvrant la période de mi-septembre à mi-octobre 2025, offre une image claire de la situation.
À Kinshasa, les agents du ministère réalisent chaque semaine des prélèvements de prix sur 16 sites, parmi lesquels les marchés Central, Gambela, Zigida et Liberté. L’analyse comparative des relevés entre mi-septembre et mi-octobre 2025 démontre un impact direct de l’appréciation du franc congolais, qui est passé de 2 800 à 2 200 CDF pour un dollar américain, soit un bénéfice d’environ 21%.
Cette évolution se manifeste par une baisse moyenne de 13% sur une quarantaine de produits de base. Les denrées importées, telles que le poisson congelé, le riz, les produits laitiers, les huiles raffinées ou encore la volaille ont enregistré les baisses les plus importantes, confirmant leur sensibilité par rapport aux variations des taux de change. En revanche, les produits locaux -pain, condiments, boissons, articles ménagers- affichent des variations faibles ou nulles, en raison des coûts internes et de la structure des marges de distribution.
Une dynamique prometteuse mais fragile
À l’issue de cette période, la tendance générale s’avère favorable aux consommateurs. Toutefois, le ministère de l’Économie nationale souligne la nécessité de maintenir une surveillance continue afin de pérenniser les acquis de cette stabilité monétaire et d’intervenir dans les secteurs encore rigides.
«L’effet de l’appréciation du CDF se manifeste surtout sur les gros conditionnements, directement liés aux cotations à l’importation. Les petites unités, en revanche, présentent une certaine inertie: les bénéfices liés aux variations de change sont absorbés plus en amont dans la chaîne de distribution», précise le vice-Premier ministre. En résumé, la solidité du franc congolais a déclenché une dynamique de baisse des prix, perceptible sur le terrain et dans le panier quotidien des ménages kinois.