27/11/2025
En 1871, Charles Darwin publia une théorie affirmant que les femmes étaient intellectuellement inférieures aux hommes… et appela ça de la science.
Quatre ans plus t**d, une femme démolit son argument avec une précision telle qu’il ne s’en remit jamais.
Antoinette Brown Blackwell avait déjà fait l’histoire une première fois avant de décider de s’attaquer à Charles Darwin.
En 1853, à 28 ans, elle devint la première femme ordonnée ministre aux États-Unis. Dans une petite église congrégationaliste à South Butler, New York, elle brisa une barrière vieille de plusieurs siècles. On n’ordonnait pas les femmes. La Bible était interprétée pour l’interdire. La théologie était un domaine masculin.
Antoinette le fit malgré tout.
Mais le ministère, aussi révolutionnaire fut-il, ne suffisait pas. Elle avait l’esprit trop vaste, trop curieux, trop avide de savoir pour se limiter à un domaine. Elle étudia la philosophie, la théologie et la science — en particulier les nouvelles théories de l’évolution venues d’Angleterre.
En 1859, Darwin publia L’Origine des espèces et bouleversa l’idée qu’on se faisait de la vie.
En 1869, Antoinette publia Studies in General Science, un ouvrage engageant sérieusement la théorie de l’évolution. Elle en envoya un exemplaire à Darwin. Il la remercia, reconnaissant qu’elle avait cité des passages “très peu connus du public”.
Une reconnaissance significative pour une femme scientifique autodidacte en 1869.
Mais en 1871, Darwin publia La Filiation de l’Homme.
Et Antoinette réalisa que l’homme qu’elle admirait pour sa rigueur scientifique avait bâti ses théories sur des préjugés dévastateurs concernant la moitié de l’humanité.
Dans cet ouvrage, Darwin appliquait l’évolution à l’être humain et concluait que les femmes étaient intellectuellement et biologiquement inférieures.
Selon lui, la sélection sexuelle avait rendu les hommes plus intelligents, inventifs et aptes à la pensée abstraite. Les femmes, dit-il, avaient évolué pour être plus émotionnelles, nourricières et limitées intellectuellement.
Il écrivit :
“L’homme est plus courageux, pugnace et énergique que la femme, et possède un génie plus inventif.”
Il affirma que le cerveau des femmes était plus proche de celui des enfants que de celui des hommes adultes.
Comme Darwin était une autorité absolue, ses idées furent prises comme vérité scientifique.
Médecins, éducateurs, politiciens… tous les utilisèrent pour exclure les femmes des universités et des droits civiques.
La plupart des scientifiques hommes acquiescèrent ou se turent.
Antoinette, elle, affûta ses arguments.
Pendant quatre ans, elle étudia et déconstruisit.
En 1875, elle publia The Sexes Throughout Nature, une démolition en règle des conclusions de Darwin.
Son argumentation était fulgurante.
Darwin affirmait que les mâles étaient plus évolués. Antoinette montra qu’il avait surtout étudié des espèces où les mâles étaient plus imposants ou ornés, puis avait généralisé.
Elle démontra que dans d’autres espèces, les femelles étaient plus grandes, plus fortes, plus agressives : araignées, rapaces, insectes…
Elle révéla que Darwin regardait la nature avec les yeux d’un homme victorien et appelait “science” ses propres biais.
Et surtout, elle montra que Darwin confondait conditionnement social et biologie.
Si les femmes semblaient moins performantes intellectuellement, c’est parce qu’on leur refusait éducation, diplômes, travail scientifique. Les résultats étaient la conséquence d’un système, pas de l’évolution.
Elle écrivit :
“Le problème philosophique des âges a été d’expliquer les anomalies de la société humaine — anomalies dues, non à la loi naturelle, mais aux conditions artificielles imposées aux femmes.”
Darwin, dit-elle, avait bâti ses théories avec un raisonnement circulaire : il supposait la supériorité masculine, puis trouvait des exemples pour la “prouver”.
“L’erreur fondamentale semble être l’omission pure et simple du féminin.”
The Sexes Throughout Nature n’était pas une politesse. C’était une dissection chirurgicale des méthodes biaisées de la science victorienne.
Antoinette prouva que ce que les hommes appelaient “objectivité scientifique” n’était souvent qu’un miroir déformant de leurs propres préjugés.
Darwin ne répondit jamais publiquement.
Il ne pouvait pas réfuter ses arguments. Alors il les ignora.
Mais son ouvrage trouva son public. Les suffragistes s’en saisirent. Les femmes scientifiques y puisèrent une arme intellectuelle.
L’establishment masculin, lui, fit ce qu’il savait faire : ignorer.
Antoinette continua. Elle écrivit, enseigna, milita pour les droits des femmes.
Elle éleva cinq enfants tout en poursuivant ses travaux intellectuels.
Et elle vécut longtemps. Très longtemps.
Née en 1825, présente à la première Convention des droits des femmes en 1850, elle milita 70 ans.
En 1920, à 95 ans, elle vota.
La seule femme de la convention de 1850 à vivre assez longtemps pour exercer ce droit.
Elle mourut en 1921, à 96 ans.
L’affrontement d’Antoinette Brown Blackwell avec Darwin n’était pas un simple désaccord.
C’était la preuve qu’on peut démanteler les théories des hommes les plus puissants si l’on a :
• la précision
• la rigueur
• la lucidité
• et le courage intellectuel
Elle n’a pas dit que Darwin avait tort : elle l’a prouvé.
Elle a dévoilé les angles morts d’une science écrite par des hommes sur les hommes.
Darwin affirmait que les femmes étaient inférieures.
Antoinette montra que c’était l’oppression, pas la biologie, qui limitait leurs accomplissements.
Première femme ministre. Première critique scientifique systématique de l’évolution sexiste. Et dernière survivante de la première convention à exercer le droit de vote.
Elle a passé 96 ans à démontrer que l’esprit des femmes n’avait jamais été inférieur — seulement trop souvent ignoré.
Et franchement, il était temps.