15/04/2020
Violence conjugale : Quand l’emprise s’installe
"Mon mari m'a frappée." Comment réagir lorsque l'on entend ou s'entend dire cette phrase ? Ce que l'on sait moins, c'est qu'il n'y a pas que les coups qui constituent les violences conjugales; elles peuvent prendre différentes formes,et particulièrement en cette période de confinement qui fait flamber la violence à la maison.
1. Les types de violences :
* La violence verbale :
"Idiote", "Clocharde", "Tu ne sers à rien, "Tu es médiocre"... La violence verbale se caractérise par toute forme d'expression destinée à blesser, manquer de respect, humilier, rabaisser, ou contrôler sa partenaire, telles que les injures, ou les critiques.
* La violence psychologique ou morale :
Les reproches, contradictions, accusations infondées, chantages, menaces, critiques, culpabilisations, sarcasmes, le harcèlement moral, voire même les silences – en somme, tout ce qui a vocation à contrôler, dénigrer, humilier ou manipuler autrui dans le but de l'affaiblir moralement ;caractérisent la violence psychologique.
* La violence sociale :
Le fait d'isoler socialement sa partenaire, de dénigrer son entourage et de contrôler ses sorties, ses fréquentations ou son téléphone portable afin de mieux maintenir une emprise sur elle constitue la violence sociale. Tout comme interdire à sa partenaire de travailler, de se former à une langue ou à un métier, ou de faire des activités (comme apprendre la langue du pays) pour empêcher de nouvelles rencontres.
* La violence envers les enfants, animaux ou objets :
Les violences exercées à l'encontre des enfants, des animaux ou des objets (avec valeur sentimentale ou non) du foyer qui tendent à intimider sont aussi des violences psychologiques. Cela permet au conjoint de maintenir sa domination en terrorisant.
* La violence économique :
Tout ce qui empêche d'accéder à l'autonomie financière est de la violence économique. Cela passe par le contrôle du choix de profession de sa partenaire (voire de lui imposer de devenir femme au foyer), la saisie sur son salaire, le refus de l'accès au budget familial et son contrôle.
* La violence administrative :
La violence administrative consiste à priver sa partenaire de ses droits : elle se caractérise par la confiscation des papiers administratifs (carte d'identité, passeport, carte de séjour, livret de famille, etc.), la falsification de signature ou de documents, le détournement de courrier ou de bien, voire le refus du conjoint de fournir les documents nécessaires pour des démarches administratives .
* La violence spirituelle/religieuse :
La violence spirituelle ou religieuse a vocation à empêcher sa conjointe d'exprimer ses convictions spirituelles ou religieuses ou à l'inverse, de l'obliger à en adopter certaines pour mieux la dominer. Il s'agit aussi de l'empêcher de fréquenter certains lieux de cultes, voire de dénigrer ses croyances personnelles.
* La cyber-violence :
La cyber-violence inclut non seulement l'interdiction pour la femme d'utiliser son téléphone portable pour communiquer avec ses proches, mais aussi le harcèlement virtuel, la surveillance des échanges par SMS, sur les réseaux sociaux, les e(mails, ou l'espionnage à distance du téléphone via un logiciel, soit la diffusion de contenus intimes dans le but de l'humilier.
La violence physique:
La violence physique inclut les bousculades, une gifle, les blocages physiques, coups de poings ou de pieds, objets lancés, étranglements, la séquestration, et peut aller jusqu'à la mort... Les coups et blessures sont punis par la loi et les sanctions varient en fonction de la gravité des faits.
* La violence sexuelle :
Les viols, tentatives de viol et agressions sexuelles peuvent aussi survenir dans le couple. Le devoir conjugal n'est en aucun cas une obligation. Il y a violence sexuelle si une personne impose à l'autre des actes, un rapport sexuel non consentis. Le harcèlement sexuel dans le couple est également une forme de violence, au même titre que l'humiliation.
2. Le cycle de la violence
* Climat de tension:
Le conjoint violent instaure un climat de tension via le verbal (violence verbale et/ou psychologique, colères, intimidations) et le non-verbal (mauvaise humeur, regards noirs, silences lourds). La victime ressent de la peur, s'inquiète, se remet en question, tente d'apaiser la situation.
* Agressions :
Le conjoint violent utilise les différentes formes de violences (verbale, psychologique, physique, sexuelle), parfois plusieurs en même temps, pour agresser sa conjointe. Cette dernière ressent de la honte, de l'injustice, de la colère ou de la tristesse.
* Déni,transfert de culpabilité :
Le conjoint violent minimise les faits, rejette la faute sur sa partenaire ou trouve des justifications à l'extérieur du couple. La victime se sent responsable, va croire les justifications du conjoint et se remettre en question. Elle va rationaliser et douter d'elle-même, de ses émotions, de sa perception des choses.
* La réconciliation :
Le conjoint violent fait tout pour se faire pardonner. Il peut offrir des cadeaux, être aux petits soins, utiliser le sexe, promettre de changer et même d'aller en thérapie pour chercher de l'aide. La victime retrouve espoir, croit qu'il va changer, pardonne, lui redonne une chance et l'aide. Elle va aussi changer ses attitudes... Jusqu'au prochain cycle de la violence.
3. Les conséquences de la violences conjugale :
Hormis les conséquences des lésions traumatiques majeures de la violence physique. (ecchymoses, hématomes, plaies, brûlures, morsures, mais aussi fractures , on retrouve les conséquences des traumatismes psychiques et morales ,et sont causes aussi de nombreuses pathologies psychiques . Les dépressions sont fréquentes et frappent la majorité des femmes victimes de violences conjugales. Elles sont caractérisées par une perte d’estime de soi, une prudence exacerbée, un repli sur soi, des troubles du sommeil et de l’alimentation, des idées et/ou tentatives de su***de.
Les victimes de violence conjugale peuvent aussi s'adonner aux abus de substances psychoactives : alcool, tabac, drogues psychoactives, antidépresseurs, hypnotiques. Elles sont également victimes de syndromes post-traumatiques :
réactions émotionnelles et physiques exagérées, hyper
excitations… Selon l'OMS, "Les femmes qui sont la cible de violences risquent plus de présenter les caractéristiques suivantes :
- dépression - tentatives de su***de - syndrome de douleur chronique - troubles psychosomatiques -blessure corporelles - troubles gastro-intestinaux - syndrome du côlon irritable .
Vous vous reconnaissez dans ce tableau? Vous tolérez la violence? Vous vous dites : " c’est de ma faute " ou encore c’est moins pire que dans ma relation précédente "? Ce sont de sérieux indices que vous êtes victime de violence conjugale.
PERSONNE N’EST RESPONSABLE DE LA VIOLENCE D’UN AUTRE. RIEN NE JUSTIFIE LA VIOLENCE.