30/11/2025
En santé mentale, les avancées des neurosciences constituent un apport précieux pour mieux comprendre et accompagner les personnes. Toutefois, les recherches scientifiques comme l’expérience clinique rappellent avec constance que la dimension relationnelle est un élément essentiel du processus de guérison.
Il ne faut pas oublier que nombre de pathologies psychiatriques s’accompagnent de comorbidités qui, elles, ne peuvent être prises en charge par de simples protocoles standardisés : elles nécessitent un travail relationnel approfondi, que les approches strictement comportementales ne sauraient remplacer.
L’OMS alerte depuis plusieurs années sur les effets délétères de l’effritement du lien social. Pourtant, en France, certaines orientations actuelles semblent reposer sur l’idée que les individus fonctionnent comme des systèmes programmables, qu’il suffirait de « réinitialiser ». Cette vision réductrice fait écho à une époque, heureusement révolue, où l’oncologie traitait les patients comme des dossiers techniques, sans considérer leur histoire, leurs besoins, leur subjectivité. Les progrès accomplis depuis rappellent combien l’approche humaine est décisive.
Les blessures relationnelles, les traumatismes complexes et l’impact de l’environnement psychique et social exigent du temps, de la continuité, et une pluralité d’approches. Aucun modèle unique, ne peut suffire à répondre à cette complexité.
Je partage ici ces éléments afin que chacun puisse comprendre les enjeux actuels qui traversent notre champ. Si cela résonne pour vous, je vous invite à consulter, signer et diffuser la pétition lancée par le psychiatre Clément Fromentin. Défendre une véritable politique de santé mentale, respectueuse de la singularité des personnes et de la relation thérapeutique, est aujourd’hui plus que jamais nécessaire.
⚠️Information urgente – Proposition de loi n°385, soutien inter-professionnel et vigilance nécessaire⚠️
Nous devons une nouvelle fois attirer votre attention sur des évolutions législatives majeures qui concerne directement l’avenir de notre champ professionnel. La proposition de loi n°385, déposée le 27 février 2025 et discutée en séance publique le 16 décembre prochain, prévoit une réorganisation profonde et unilatérale des soins psychiatriques, sans concertation préalable avec les syndicats, les usagers ou les professionnels du terrain.
Cette réforme vise à étendre massivement les centres experts créés par la fondation FondaMental, en s’appuyant sur des arguments économiques et scientifiques fragiles. Les données avancées pour justifier une réduction de 50 % des hospitalisations reposent sur des études fortement limitées et ne couvrent pas l’ensemble des pathologies concernées. Plusieurs chercheurs et journalistes ont déjà dénoncé l’usage trompeur de ces résultats.
Un point crucial doit être souligné avec force : cette extension favoriserait des centres privés qui capteraient une part toujours plus importante des financements publics. Or, ces fonds manquent cruellement aux structures publiques, déjà fragilisées par la sous-dotation chronique, la pénurie de professionnels et la diminution constante des capacités d’accueil. Loin d’améliorer le système, cette réforme risque d’accentuer les inégalités d’accès aux soins et de mettre encore davantage en péril la psychiatrie de secteur, pouvant garantir un accompagnement continu, contextualisé et profondément humain.
Face à cette situation préoccupante, une pétition circule actuellement. Elle est soutenue par le Syndicat National des Psychologues (SNP) ainsi que par l’École de la Cause freudienne. Ce soutien interprofessionnel témoigne d’une mobilisation large pour défendre une conception de la santé mentale fondée sur la clinique, la relation et la singularité du sujet. Nous vous invitons vivement à la signer et à la diffuser largement.
Cette mobilisation s’inscrit dans un contexte déterminant : en 2026, « la santé mentale » demeure la grande cause nationale. De nombreuses mesures gouvernementales sont annoncées (une autre proposition de loi a été déposée n°1918). Il est donc indispensable de rester vigilant pour éviter des décisions prises dans la précipitation, au détriment de la qualité du soin. Nous devons veiller à ce que la singularité de chaque patient, la relation thérapeutique et la diversité des approches soient préservées, plutôt que sacrifiées à une logique gestionnaire ou technicisée.
Restons collectivement engagés pour défendre une prise en charge des personnes véritablement humaine, ancrée dans la rencontre plutôt que dans la normalisation.
👉Lien pour signer la pétition :
https://c.org/HBvQrv5djC
👉Liens utiles
Articles sur la fondation FondaMental
https://www.lemonde.fr/sciences/article/2025/06/03/la-communication-de-la-fondation-fondamental-epinglee-pour-embellissement-de-resultats-scientifiques_6610297_1650684.html
https://www.humanite.fr/societe/psychiatrie/sante-mentale-comment-la-fondation-fondamental-grace-a-ses-relais-politiques-et-ses-methodes-scientifiques-douteuses-impose-ses-vues-a-la-psychiatrie-francaise
Proposition de loi n°385
https://www.senat.fr/leg/ppl24-385.html
Proposition de loi n°1918
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b1918_proposition-loi #