01/12/2025
Gītā-jayantī : Aujourd'hui est l'anniversaire de la Bhagavad-gītā.
La Gītā est un texte sacré où Kṛṣṇa partage sa connaissance spirituelle avec Ajuna
Ce dialogue se déroule sur le champ de bataille dans la plaine de Kurukṣetra (l’arène sacrificielle des devas, le champ du dharma ), le premier jour de la guerre entre les Pāṇḍavas et les Kauravas. Il est raconté par Sañjaya, le ministre et les « yeux » de Dhṛtarāṣṭra. C’est interessant ici de voir que l’intrigue se passe sur le champ de bataille , Kṣetra représente symboliquement Prakṛti ( la vie, énergie de vie, Création), et signifie « champ » ou « étendue de terre » dans le sens de « champs sacrés » ; Kuru représente une lignée englobant les guerriers et les familles royales des Pandavas et des Kauravas, mettant en évidence l’héritage culturel, les conflits et les liens avec les figures divines et la géographie sacrée. C’est à dire que nous sommes sur la terre comme lieu sacré, sur le champ sacrificiel de la vie, dans la lignée de nos ancêtres, dans le cycle du Saṃsāra (le grand arbre de la transmigration). Ce champ est le lieu de la bataille intérieure.
Kṛṣṇa joue une rôle de médiateur dans le conflit. Sollicité à la fois par les Pāṇḍavas et les Kauravas, il octoie son armée à Duryodhana et il accepte de conduire le char sur lequel se trouve Arjuna (nous-même) au centre du champ de bataille. Ceci est très symbolique, c’est donc la conscience qui va guider Arjuna et non pas l’ego/mental. C’est Arjuna qui a demandé à Kṛṣṇa de diriger le char entre les armées, car ce qui est dit ici, c’est que nous avons le choix en quelque sorte : « sortir » de la souffrance ou « subir » notre condition matérielle. (Paragraphe : 2.39 : « Tu as reçu de Moi, jusqu’ici, la connaissance analytique de la philosophie du Sāṃkhya, la création. Reçois maintenant la connaissance du yoga, qui permet d’agir sans être lié à ses actes. »)
Le Char serait notre corps et notre mental. Les 5 chevaux, nos 5 sens et les rênes, notre capacité de discrimination qui nous permet de trouver l’équilibre entre nos désirs discordants. (Paragraphe : 2.71 : « Celui que les plaisirs matériels n’attirent plus, qui n’est plus esclave de ses désirs, qui a rejeté tout esprit de possession et qui s’est libéré de la tyrannie de l’ego, peut seul connaître la sérénité parfaite. »)
Alors que les yoga-sutras de Patañjali (un autre texte fondamental pour l’approche du yoga) sont comme des cartes IGN qui dirigent une conscience intérieure, la Bhagavadgītā, elle, nous plonge au coeur de l’affect et des sentiments humains. Les êtres humains sont des êtres d’émotions qui expérimentent le monde par les cinq sens. Ces impressions sont ramenés au mental , l’ego qui va les traiter à travers le filtre de nos expériences passées, conditionnements, divers, traumas, etc. La réalité n’est donc jamais directe, elle est filtrée, c’est ce qui est appelé « māyā », l’illusion.
Dès ce premier chapitre, nous sommes au coeur d’une dramaturgie tout à fait humaine. Deux camps opposés sont sur le champ de bataille. La guerre va commencer. Et même si au départ, Arjuna est plein de courage et de volonté, il s'aperçoit vite que la bataille qu'il doit mener va être dantesque, car elle le concerne lui, dans toutes ses composantes. Il perd alors ce courage et ressent de la détresse. A ce stade, ce sont ses émotions qui prennent le contrôle, il n’est absolument pas capable de voir ce qui se passe réellement et se laisse dominer.
Cependant et c'est tout l'intérêt du texte, Kṛṣṇa va le guider dans la compréhension de qui il est et sur la manière dont fonctionne le monde. La Bhagavadgītā nous apprend à découvrir notre réalité intérieure et à affronter nos démons, d'abord en aiguisant notre vision pour les discerner. S'inscrire dans le dharma, c'est apprendre à accepter la vie comme elle est (avec ce que nous pensons être négatif ou positif), à dépasser nos tendances égotiques pour revenir à la maison : le cœur.
Le chemin est long et difficile, semé d'embûches. Il faut faire, refaire, et recommencer en s'améliorant, reconnaître ses errements tout en faisant au mieux de sa capacité du moment. Cela demande de replacer la conscience au centre de l'expérience, de rester vigilant.
La plénitude s'acquière en accomplissant notre devoir envers nous-même, mais surtout envers les autres et la vie. La Bhagavadgītā apporte des questions, des explications, des réponses et c'est un grand refuge qui aide à traverser les épreuves quelles qu'elles soient. Un livre de sagesse suprême accessible à tous.
Je vous invite à consulter notre travail sur ce texte :
https://yogafleurdelotus.com/bhagavad-gita-page-interactive/
https://yogafleurdelotus.com/bhagavad-gita-chapitres-7-a.../
https://yogafleurdelotus.com/bhagavad-gita-chapitres-13.../