Collectif inter-hôpitaux - Marseille

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Nous publierons ici les différents événements et relaierons les appels du CIH national.

🏥 Pourquoi l’hôpital n’est-il plus attractif ?➡️ Depuis près d’un an, de nombreux établissements de santé sont confronté...
24/07/2022

🏥 Pourquoi l’hôpital n’est-il plus attractif ?

➡️ Depuis près d’un an, de nombreux établissements de santé sont confrontés à une pénurie de personnels, chez les infirmiers mais aussi chez les médecins. Soignants épuisés, recrutement difficile… Plusieurs facteurs expliquent le problème d’attractivité des hôpitaux.

➡️ Le diagnostic se confirme mois après mois. Depuis la sortie de la phase la plus critique de l’épidémie de Covid-19, l’hôpital est traversé par une autre crise. Fermetures de lits dans de nombreux services de médecine, urgences en extrême tension obligées de fonctionner en mode dégradé, blocs opératoires qui tournent au ralenti… Impossible de reprendre une activité « normale ». Avec ce même phénomène constaté dans de nombreux établissements de santé depuis maintenant près d’un an : une pénurie de personnels, rendue d’autant plus aiguë que l’été constitue une période toujours difficile sur le plan des ressources humaines. Au premier rang chez les infirmiers, mais aussi chez les médecins. « Il faut stopper l’hémorragie à l’hôpital », a affirmé le nouveau ministre de la santé et urgentiste, François Braun, dans une interview au Parisien, le 17 juillet.

➡️ Pourquoi cette crise du recrutement ? La violence des vagues épidémiques qui ont déferlé sur l’hôpital et épuisé les soignants depuis près de deux ans, provoquant son lot de départs ou de reconversions, n’explique pas tout. Ni la démographie médicale, insuffisante à combler les besoins en santé depuis plusieurs années sur de nombreux territoires. Le mal est plus profond, à entendre les acteurs de la santé : l’hôpital public a surtout perdu de son attractivité.

📌 Une question qui dépasse celle de la rémunération

➡️ L’enjeu est loin de se limiter aux rémunérations dans les établissements de santé : si l’unanimité domine pour dénoncer leur niveau encore bien trop faible, en particulier chez les paramédicaux (infirmiers, aides-soignants…), la hausse des salaires du plan gouvernemental du Ségur de la santé de l’été 2020 n’a pas permis d’attirer plus, ou même de retenir les personnels. La fuite s’est poursuivie.

➡️ « On a toujours gagné moins d’argent à l’hôpital que dans le privé, rappelle Thierry Godeau, médecin à La Rochelle à la tête de la conférence des présidents de commission médicale d’établissement de centre hospitalier. Mais il y avait un ensemble de choses qui compensait : le plateau technique, la recherche et l’enseignement, l’innovation, le travail en équipe… Tout ça s’est délité avec les restrictions budgétaires, certaines lois, les postes vacants, l’explosion du temps de travail et de la charge de soins. »
Et d’avancer une anecdote personnelle pour confirmer son analyse : comme lui et sa femme, ses deux filles ont fait médecine, mais à l’âge de s’engager dans la carrière… aucune ne reste à l’hôpital, contrairement à leurs deux parents. « Elles ne veulent pas de la vie qu’on a eue, estime-t-il. On ne peut pas attirer les jeunes, mais aussi les moins jeunes, sans perspective d’avenir, et l’hôpital n’a plus de projet. »

➡️ Lui comme d’autres le martèlent : « Il faut redonner une vision à l’hôpital, savoir quel système de santé on veut pour demain », estime Djillali Annane, chef de service de réanimation à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), qui évoque la nécessité d’un moment charnière, semblable à celui des ordonnances de 1958 sur les CHU, qui ont planté les bases du système actuel. C’est aussi une perte d’attractivité qui s’explique par une question d’environnement, selon le doyen de faculté francilien. « L’hôpital ne s’est pas adapté à la médecine moderne, juge-t-il, citant le numérique ou encore les équipements et les traitements de plus en plus coûteux. Il n’a pas les plates-formes nécessaires, ni la structure immobilière. »

📌 Crise de sens et dégradation des conditions de travail

➡️ Pour Thierry Amouroux, représentant du Syndicat national des professionnels infirmiers, la logique de « l’hôpital entreprise » et de la « tarification à l’activité » qui s’est imposée ces dernières décennies fait partie des racines du problème. « L’hôpital, c’est devenu des actes techniques à effectuer puis à facturer, pour que l’Assurance-maladie rembourse ensuite, résume-t-il. Mais pour tout ce qui fait le métier d’infirmier, l’accompagnement, l’éducation à la santé, le décodage du discours médical, du traitement, auprès des patients… Il n’y a pas de case. »

➡️ D’où la « crise de sens » ressentie par de nombreux soignants, accentuée par une dégradation des conditions de travail. Les deux dernières années du Covid-19 ont certes été rythmées par les « plans blancs » synonymes d’heures supplémentaires, de congés qui sautent, de changements de planning et d’organisation. Mais cela s’est greffé sur une lame de fond : « La mise en insécurité professionnelle », dit Thierry Amouroux, en référence aux infirmiers déplacés de plus en plus régulièrement d’un service à l’autre. « Vous ne connaissez pas les protocoles du service où vous arrivez ni où se trouve le matériel, parfois il s’agit de pathologies que vous n’avez pas vues depuis vos études… »

📌 Dégradation du travail d’équipe

➡️ D’autres questions structurelles sur l’organisation sont à interroger : dans un souci de « flexibilité » aussi, « tout a été fait pour qu’il n’y ait plus d’équipe à l’hôpital, ce qui a déstructuré les services », estime le réanimateur Djillali Annane, alors que cela faisait pourtant partie, selon lui, de l’attrait pour l’hôpital. Les médecins, les infirmiers, les aides-soignants ne sont pas gérés sur le même plan administratif ni ne dépendent des mêmes hiérarchies.

➡️ Depuis 2005, la création de pôles d’activité regroupant des services ayant des activités communes ou complémentaires est également décriée. Pour Frédéric Pierru, sociologue au CNRS, « cette réforme des pôles et les méthodes mises en place pour gérer les pénuries de personnels, comme les “pools d’infirmières” ont aggravé le mal ». « La gestion hospitalière de ces vingt dernières années a été faite selon des méthodes industrielles, où les personnels sont des pions interchangeables, c’est à mon sens la plus grave erreur de ces dernières années », ajoute le coauteur de l’ouvrage La Casse du siècle. A propos des réformes de l’hôpital public (Raisons d’agir, 2019).

📌 Postes vacants et surcharge

➡️ S’ajoute en parallèle ce cercle vicieux des postes vacants qui augmentent, obligeant ceux qui restent à prendre en charge toujours plus de patients, provoquant ce sentiment de devenir « maltraitants ». « Le fond du problème, c’est l’étranglement financier des hôpitaux, qui entraîne un cercle vicieux menant à la dégradation du rapport aux patients : les infirmières n’ont plus le temps de faire du relationnel et en souffrent », indique Nicolas Belorgey, chercheur au CNRS affecté à l’Institut de recherche interdisciplinaire en sciences sociales.

➡️Les sirènes de l’« ailleurs » ont d’autant plus d’effets : « En intérim, on est deux fois mieux payés, on peut choisir ses horaires et le service où l’on va », reprend Thierry Amouroux. Il insiste sur des chiffres qu’il juge « terribles » mais qui montrent aussi que rien n’est insoluble : il comptabilise ainsi 60 000 postes d’infirmiers vacants à l’hôpital ; dans le même temps, 180 000 infirmiers de moins de 62 ans ont cessé leur activité, selon lui.

➡️ On manque d’études sur les trajectoires professionnelles, mais « il y a une fuite du salariat vers le libéral qui a augmenté depuis une dizaine d’années chez les infirmières mais aussi les sages-femmes, estime Emmanuel Touzé, président de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé. En parallèle, on sait que des infirmières quittent la profession ou disparaissent des radars hospitaliers car elles vont vers d’autres modes d’exercice, en protection maternelle infantile ou en association, par exemple ».

📌 Un autre rapport au travail et à sa pénibilité

➡️ Le phénomène n’est pas propre au monde hospitalier mais il le touche de plein fouet. « Comme on l’observe dans d’autres secteurs où la contrainte horaire est forte, c’est le rapport au travail qui a changé, décrit Rémi Salomon, à la tête de la conférence des présidents de commission médicale d’établissement de CHU. Chez les infirmiers comme chez les médecins, les contraintes du métier sont moins acceptées aujourd’hui qu’il y a quelques années, ce sont des journées qui peuvent être très longues, dures physiquement, stressantes, du travail de nuit, le week-end… »

➡️ Lui a rêvé de faire une carrière à l’hôpital. « C’était prestigieux, ça l’est peut-être un peu moins, mais ça l’est encore, il y a toujours une fierté d’y travailler, juge-t-il. Ce qui n’empêche pas de ne plus accepter de sacrifier sa vie familiale et personnelle, et c’est plutôt une bonne chose. » Les paroles reviennent régulièrement chez les médecins plus avancés en âge : pas sûr qu’ils referaient ce même choix de « sacrifier » leur vie au travail aujourd’hui. « Les jeunes ont raison de revendiquer un respect des horaires, plus de temps libre, estime le professeur. Mais cela ne doit pas retomber sur les plus vieux et se transformer en une guerre des uns contre les autres, on ne s’en sortira que collectivement. »

➡️ L’« effet générationnel » a aussi bon dos : « Si les soignants sont moins loyaux à l’hôpital, c’est parce que l’hôpital n’est pas loyal envers eux », juge le chercheur Frédéric Pierru. « Il est logique de fuir un environnement qui provoque autant de souffrances », explique Olivia Fraigneau, interne en médecine d’urgence, qui va prendre la présidence de l’Intersyndicale nationale des internes en septembre, et rappelle les chiffres alarmants sur leur santé mentale, les burn-out, et même les suicides.

➡️ « Cette idée qu’on entend en permanence, que les jeunes ne voudraient plus travailler et compteraient leurs heures, contrairement aux plus vieux, est insultante, quand on sait que les internes travaillent en moyenne plus de cinquante-huit heures par semaine », reprend la jeune médecin de 27 ans. Et d’insister sur ces journées et ces gardes qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui : « Il ne faut pas oublier que tout a changé à l’hôpital ces vingt dernières années, la charge administrative, le nombre de patients par médecin, le nombre de passages aux urgences ont explosé. »

📌 Un glissement des tâches administratives

➡️ « Diminuer la charge administrative » fait partie des objectifs fixés par le nouveau ministre de la santé : cette charge « oblige les soignants à passer plus de temps derrière leur écran qu’avec leurs patients, c’est aberrant ! », déclarait François Braun. « Le poids de la bureaucratie, des tableaux à remplir, des contraintes budgétaires avec des injonctions à faire toujours plus d’activité… pèse de plus en plus lourd », reprend Rémi Salomon.

➡️ Un glissement des tâches plus large qui se raconte avec de simples anecdotes. « Un soir, je récupérais un patient du bloc opératoire, raconte le réanimateur Djillali Annane. J’ai dû le brancarder parce que nous n’avions plus de brancardier, je discute ensuite quelques minutes avec le chirurgien, un jeune chef de clinique prometteur, il avait dû finir l’opération avec son interne, sans infirmier de bloc, parce qu’il n’y en avait plus. Quand on a parlé de son intérêt pour une carrière hospitalo-universitaire… il m’a simplement dit qu’il n’allait peut-être pas rester à l’hôpital, finalement. »

Camille Stromboni et Delphine Roucaute

Depuis près d’un an, de nombreux établissements de santé sont confrontés à une pénurie de personnels, chez les infirmiers mais aussi chez les médecins. Soignants épuisés, recrutement difficile… Plusieurs facteurs expliquent le problème d’attractivité des hôpitaux.

💥✍🏼💥 TRIBUNE« L’accès des soins ne relève pas du code du commerce, c’est un droit garanti par la Constitution et financé...
09/07/2022

💥✍🏼💥 TRIBUNE
« L’accès des soins ne relève pas du code du commerce, c’est un droit garanti par la Constitution et financé par la Sécurité sociale »

André Grimaldi s’insurge, dans une tribune pour « Le Monde », contre l’idée, exprimée dans une précédente tribune, de s’inspirer des compagnies aériennes pour résoudre la crise hospitalière.

👉 Avant la nouvelle grande concertation sur la santé annoncée par le président de la République, les tribunes se multiplient pour proposer des solutions et un modèle. La tribune « Pour faire face à la crise de l’hôpital, inspirons-nous des permanences d’accès aux soins de santé » parue dans le supplément « Sciences & médecine » du Monde du 15 juin propose de s’inspirer du modèle des permanences d’accès aux soins de santé (Pass) destinées aux personnes démunies en situation irrégulière. Les auteurs défendent à raison « une approche globale dépassant les clivages structurels », entre sanitaire et social, somatique et psychique, préventif et curatif, ville et hôpital. Mais ils en viennent, par exemple, à proposer d’adapter un traitement pertinent sur le plan médico-technique aux conditions sociales du patient (absence d’hébergement, insuffisance alimentaire, isolement).

👉 Généraliser ce modèle reviendrait ainsi à mettre en place et à justifier au nom de la « personnalisation de la médecine », une pauvre médecine pour les pauvres. Une autre tribune « Au moment où le gouvernement cherche des solutions à la crise des soignants, il pourrait s’inspirer de la trajectoire suivie par Air France » parue dans les pages idées du Monde du 22 juin propose quant à elle de s’inspirer du modèle des compagnies aériennes.

👉 Sous prétexte qu’il existe des similitudes en termes de procédures de sécurité à respecter dans le cockpit et au bloc opératoire, que les soignants comme les navigants doivent bénéficier d’une formation continue validée, que le travail d’équipe suppose dans les deux cas le respect de règles de base (respect des personnes, écoute, répartition des tâches, hiérarchie de compétences et non de pouvoir), que les personnels ayant en charge l’administration et la logistique devraient être au service des soignants comme les personnels au sol sont au service des pilotes, et que les deux secteurs connaissent des contraintes financières, les auteurs proposent d’appliquer à l’hôpital les modes d’organisation, de financement, de rémunération et de gouvernance des compagnies aériennes.

📌 La fameuse logique de la « concurrence libre et non faussée »

👉 Ce faisant, ils proposent de développer l’autonomie des hôpitaux publics, par la création d’un « groupe hospitalier national responsable uniquement devant l’Etat de son organisation territoriale » et « libre de conclure des “contrats de performance’’ avec les régions (comme le fait la SNCF), avec les hôpitaux privés et avec les professionnels de premier et de second recours ».
👉 Ils proposent également de mettre fin aux « inégalités de sujétion entre hôpitaux publics et hôpitaux privés », ainsi qu’aux différences des rémunérations entre les médecins du public et celles, deux à trois plus importantes, des médecins des cliniques privées. Bref, s’inscrivant ainsi dans la fameuse logique de la « concurrence libre et non faussée », les auteurs proposent que les hôpitaux publics deviennent des établissements privés gérés comme des entreprises commerciales.
👉 Vieille proposition qui avait inspiré la suppression du service public hospitalier par la loi dite HPST (Hôpital Patient Santé Territoire) de 2009. Son recyclage actuel apparaît pour le moins intempestif à l’heure où la pandémie de la Covid-19 et le caractère de plus en plus aigu de la crise des urgences rappellent que la santé est une responsabilité régalienne de l’Etat.

📌 Les patients ne sont pas des clients mais des usagers

👉 L’accès aux soins ne relève pas du code du commerce mais est un droit des citoyens garanti par la Constitution et financé dans notre pays à 80 % par la solidarité grâce à la Sécurité sociale. Contrairement aux passagers montant à bord des avions ayant tous un billet et une place réservée, l’hôpital accueille les patients ayant des soins programmés mais aussi les urgences pour lesquelles ni l’heure de décollage ni l’heure de l‘atterrissage ne sont fixées à l’avance.

👉 Les patients ne sont pas des clients mais des usagers. Et le respect de l’autonomie des patients est à la fois un impératif éthique et un devoir légal. On ne demande pas aux passagers leur consentement éclairé pour décoller et atterrir. Contrairement aux passagers passifs ayant attaché leur ceinture, les patients atteints de maladies chroniques doivent apprendre à piloter au quotidien leur maladie, si besoin avec l’aide de leur entourage.

👉 Finalement ce qui fait la spécificité de l’exercice médical ce n’est pas la standardisation, indispensable à chaque fois qu’elle est possible et sûre, mais l’individualisation, le sur-mesure des prises en charge. Faut-il rappeler aux auteurs de la tribune le propos d’un orthopédiste : « On nous compare à des pilotes d’avion. C’est faux ! La meilleure preuve, c’est que quand un pilote a un crash dans sa carrière, en général il n’en n’a qu’un, alors que tout grand chirurgien a inévitablement plusieurs crashs dans sa carrière et doit être capable de ramener le malade à bon port. »

André Grimadi est l’auteur du Manifeste pour la Santé 2022 (Odile Jacob, 2021).









TRIBUNE. Professeur émérite au CHU Pitié-Salpêtrière, André Grimaldi, s’insurge, dans une tribune pour « Le Monde », contre l’idée, exprimée dans une précédente tribune, de s’inspirer des compagnies aériennes pour résoudre la crise hospitalière.

🗞✍🏼 Revendications morales et obligations politiques➡️ L’urgence d’agir et de restaurer un espace démocratique face à la...
07/07/2022

🗞✍🏼 Revendications morales et obligations politiques

➡️ L’urgence d’agir et de restaurer un espace démocratique face à la crise du système de santé

« Se joue alors une lutte pour relier ces revendications aux obligations. Il ne suffira pas d’entendre « le cri des blessés » de William James mais d’admettre que les voix des soignants et des patients devront être écoutées certes, mais également mises à égalité avec les voix tonitruantes des décideurs politiques. En d’autres termes, cette lutte morale devra restaurer le pouvoir aux sans voix, à la manière d’Hannah Arendt : « Le pouvoir correspond à l’aptitude de l’homme à agir, et à agir de façon concertée. Le pouvoir n’est jamais une propriété individuelle; il appartient à un groupe et continue de lui appartenir aussi longtemps que ce groupe n’est pas divisé. Lorsque nous déclarons que quelqu’un est “au pouvoir”, nous entendons par là qu’il a reçu d’un certain nombre de personnes le pouvoir d’agir en leur nom. ».

Emmanuel Macron
Elisabeth Borne
François Braun

Il y a urgence à écouter les acteurs de terrain et à agir pour sauver le système de santé et ses personnels.









"Face à l’apathie morale de nos politiques, persuadés que seules des solutions techniques sauront résoudre les problèmes, un retour aux valeurs éthiques de nos démocraties s’impose de toute urgence" déclare cet anesthésiste-réanimateur et philosophe.

04/07/2022

💥💥💥 Communiqué de presse du Collectif Inter-Hôpitaux du 4 juillet 2022 :

La mission Flash de Mr Braun acte le recul de l’accès aux soins et le démantèlement de l’hôpital public

👉 Le CIH a pris connaissance d’un énième rapport sur les urgences dont les difficultés sont connues (sous-effectifs, conditions de travail de plus en plus difficiles, manque de lits d’aval avec disparition de 17500 lits en 5 ans et ce malgré la pandémie).
👉 Ce rapport se concentre sur l’amont en proposant un Système d’Accès aux Soins (SAS) dont l’objectif principal est d’éviter que les patients s’adressent aux urgences avec un message culpabilisant et inadapté: seules les urgences « vitales » mériteraient un accès aux services des urgences. Pourtant le recours inapproprié à ces services est mesuré à moins de 10 à 15% des passages .

1- Le triage en amont est une mesure qui gère la pénurie par des pratiques dégradées. Nier l’importance de l’examen clinique traduit la méconnaissance de l’exercice difficile de la médecine d’urgence. Ce triage aboutit déjà à des pertes de chance pour les patients avec des retards diagnostiques qui ont de graves conséquences. Par ailleurs, une régulation par le SAS ne résoudra en rien le manque de lits. L’accès à un lit d’hospitalisation pour les 20% à 40% de patients des urgences qui en ont besoin ne sera pas amélioré et l’attente sur les brancards continuera. Le SAS apparaît donc comme un dispositif qui limite plus qu’il n’améliore la prise en soins des patients. Il est surtout contraire au devoir de l'hôpital public et du service public en général, de permettre un accès aux soins pour tous.

2- La démographie médicale et paramédicale ne permet plus de réorganisation ou d’aménagements même temporaires pour faire face aux crises (7ème vague, canicule) et même aux besoins de santé quotidiens des français. Les services d’urgences comme de régulation manquent déjà de médecins et ne parviennent pas à remplir leur planning. Quant au nombre de médecins généralistes, il est en baisse constante et va continuer à diminuer jusqu’en 2028. Par ailleurs, le « virage ambulatoire » contribue à augmenter le recours aux urgences faute d’accès à des soins médicaux de ville : les moyens ne sont donc adaptés ni aux besoins de l’hôpital, ni de ville. Il paraît aberrant, dans ces conditions, de faire peser la charge du tri des urgences sur la régulation et les médecins généralistes.

3- Le rapport n’émet aucune recommandation pour solliciter activement la participation du secteur privé à la permanence des soins. Pourtant les cliniques privées sont financées par la sécurité sociale et devraient participer largement à l’effort commun en particulier en situation de crise.

4- La crise des urgences ne peut être résolue qu’avec des actions fortes et immédiates. Sans un vrai choc d’attractivité, les soignants continueront à manquer à l’hôpital public, les lits resteront fermés et les patients stagneront dans les services d’urgences qui implosent les uns après les autres. Malgré la participation de Mr Braun à la création d’un référentiel, aucune mesure concernant la mise en place d’un nombre minimum de soignants par patients, que ce soit dans les services d’urgences ou d’hospitalisation ne figure dans le rapport. Sans ouvertures de lits, inutile d’ailleurs de « fluidifier » l’organisation en s’appuyant sur des gestionnaires de lits (bed managers). De plus, le CIH rappelle que l’hôpital n’est pas un hôtel et que l’objectif n’est pas de trouver un lit pour le patient mais une équipe soignante compétente pour prodiguer des soins adaptés à sa pathologie.

👉 Les 41 mesures proposées par cette mission ne répondent pas aux besoins de santé des patients. Elles dessinent une nouvelle organisation des soins dont l’objectif n’est pas de mettre un terme à la pénurie de soignants et de moyens mais bien de gérer une pénurie délibérée, ancienne et connue comme le rappelle le rapport sénatorial « hôpital : sortir des urgences » (n° 587 2021-2022).

👉 In fine, ces propositions complexifient et restreignent l’accès aux soins urgents au risque d’une perte de chance pour les patients et remet en cause un système de soins solidaire, égalitaire et réputé pour sa grande qualité.
Nous attendons de vraies réponses de la part d’un ministre fraîchement nommé.

👉 Le CIH, rappelle à Mr Braun que pour que l’hôpital public puisse continuer à assurer ses missions d’accueil et de soins de qualité pour tous les patients, il faut impérativement et en urgence :
· Recruter massivement des soignants afin d’établir des ratios soignants / patients (1/6 à 1/8)
· Revaloriser les salaires à la hauteur de la moyenne des salaires de l’OCDE
· Ré-ouvrir des lits d’hospitalisation












🙏 Nawak Illustrations

Les gens compétents sont dans le privé ? Après 2 ans de crise sanitaire où l'hôpital public et son personnel a su mettre...
18/02/2022

Les gens compétents sont dans le privé ? Après 2 ans de crise sanitaire où l'hôpital public et son personnel a su mettre tout en œuvre pour lutter et prendre en charge les malades et un Ségur trompeur on se pose la question de qui est réellement compétent ?!
Communiqué du CIH suite au déclaration d'Olivier Véran.

📌 Tribune : Hôpital public : Silence➡️ Nous, membres de la communauté des soignants de l’hôpital public, travailleurs du...
27/01/2022

📌 Tribune : Hôpital public : Silence

➡️ Nous, membres de la communauté des soignants de l’hôpital public, travailleurs du soin au service de nos concitoyens de toute condition, savions, depuis des années, nous taire. Nous savions ne pas dire que ce patient attendait depuis des heures sur un brancard au milieu d’autres brancards où attendaient avec eux leurs frères et sœurs de souffrance et de larmes. Nous savions ne pas dire que ce vieillard n’avait pas été lavé et qu’il puait, faute de gant de toilette. Nous savions ne pas dire que ce patient ne récupérerait pas de sa paralysie après un accident vasculaire cérébral, parce qu’il n’avait pas pu être pris en charge au bon moment, au bon endroit, par manque de lits fermés à cause du manque de personnel.

➡️ Nous, membre de la communauté de soignants, ne pouvons plus nous taire. Et pour nous faire entendre des décideurs politiques, experts en comptabilité et économie d’austérité, nous avons décidé, toutes et tous, d’observer une minute de silence, chaque vendredi, réunis aux quatre coins de France, pour dire notre exaspération. Nous accusons, par ce silence, le mépris des décideurs politiques – obsédés par la seule rentabilité – pour la réalité de nos métiers du soin, dont nous nous sentons dépossédés, et qui entraîne parfois souffrance et désespoir. Car, en de pareils moments de catastrophe hospitalière, le silence même est un acte.

➡️ La course au chiffre : rentabilité comme in-humanité
La course à la seule rentabilité ne peut être comprise que comme course à l’inhumanité, désintégrant toutes les formes de savoirs pratiques partagés par les soignants. Dans le monde immonde de l’optimisation, le patient devient objet calculable, réduit à sa forme matérielle d’un lit à occuper. Désincarnation, formalisation, schématisation universalisante, objectivation, désignent la perte éthique du travail soignant à l’hôpital. C’est de cette manière que l’hôpital se meurt : en rendant invisible le patient même.
L’hôpital, au cœur de notre système de santé, ne peut poursuivre sa course effrénée vers la destruction de ce qui le fonde : l’hospitalité non calculatrice, où chaque acteur s’engage vers le meilleur soin pour toutes et tous. Il s’agit de défendre une éthique du soin, pour toutes et tous, soignants et patients, comme manière d’agir et de se conduire qui, tout à la fois, marque une appartenance au monde commun et se présente comme une tâche à poursuivre coûte que coûte. Pour que les patients ne deviennent pas une ligne budgétaire de plus, et que la folie du chiffre n’envahisse pas nos propres pensées, il s’agit alors de penser ce qu’est notre hôpital public, pour mieux le panser, à la manière de Bernard Stiegler.

➡️ Souffrance au travail
La souffrance au travail n’est que le symptôme d’une maltraitance institutionnelle s’aggravant de jour en jour. Elle persiste et s’amplifie alors que la charge de travail pèse de plus en plus sur les soignants épuisés par tant d’années de réformes délétères. Quand on a cru que la crise sanitaire allait permettre une remise en question des politiques néo-libérales de santé publique, il s’avère qu’en 2022, rien n’a été fait – au contraire de ce qu’affirme le gouvernement en répétant que des milliards ont été alloués à l’hôpital public. La désillusion née de cet espoir déçu n’a fait qu’entraîner les soignants vers la fuite, ou le désespoir. Si l’hôpital public tient encore sur ses fondements instables, ce n’est qu’au prix d’une plus grande violence organisationnelle. Les lits ferment, mais les patients, Covid et non Covid, sont encore accueillis parce que les travailleurs du soin se battent pour leur survie, celle de ces patients-là, et leur survie propre.
Survivre, et non pas vivre au travail nécessite de bricoler chaque jour, avec les moyens du bord, où les capitaines (de l’entreprise hospitalière) quittent le navire en s’éloignant des lieux mêmes où le travail se fait.
Quand les soignants ne peuvent plus, ici et maintenant, continuer à soigner, les patients ne pourront plus trouver à l’hôpital public la main qui rassure, la voix qui apaise, parce que cette main-là s’est arrêtée de toucher, parce que cette voix-là s’est arrêtée de parler.
Quand le travailleur du soin, en souffrance, deviendra objet de soin parce que malade d’avoir trop subi, l’hôpital public n’aura qu’à fermer ses portes, car devenu proprement in- hospitalier.

➡️ Nous devons nous battre pour ce que l’hôpital a encore d’irremplaçable dans un monde à venir.








Pour que l’hôpital public ne devienne pas inhospitalier, une communauté de soignants appellent à une minute de silence chaque vendredi pour signifier leur exaspération face au mépris des politiques experts en économie d’austérité.

Tous les vendredis, dans toute la France, est observée une minute de silence pour dénoncer la mort programmée de l'hôpit...
26/01/2022

Tous les vendredis, dans toute la France, est observée une minute de silence pour dénoncer la mort programmée de l'hôpital public. Alertons sur la pénurie de personnel, sur la fermeture de lits, de services. Défendons un accès à des soins de qualité pour tous. Rendez vous à 14h sur chaque site.

Communiqué du Collectif Inter Hôpitaux du 20 janvier.Pour la minute de silence, le rendez-vous est fixé à 14h :- Timone,...
21/01/2022

Communiqué du Collectif Inter Hôpitaux du 20 janvier.
Pour la minute de silence, le rendez-vous est fixé à 14h :
- Timone, parvis côté baille
- Conception, devant le bâtiment principal
- Salvator, devant le bâtiment principal

Minute de silence ce vendredi 14 janvier à 14h pour dénoncer la mort annoncée de l'hôpital public. Les rendez-vous pour ...
14/01/2022

Minute de silence ce vendredi 14 janvier à 14h pour dénoncer la mort annoncée de l'hôpital public. Les rendez-vous pour les différents sites :
- Hôpital Salvator : devant l'entrée du bâtiment principal
- Hôpital Timone : entrée boulevard Baille (parvis)
- Hôpital Nord : entrée hôpital
- Hôpital Conception : parvis devant le bâtiment principal
Nous vous y attendons nombreux !!

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