03/11/2022
Lorsque quelqu’un vous aime, il y a quelque chose qui en vous s’ouvre. Le point s’éveille. Impossible d’aimer si ce mouvement n’a pas lieu. Dans l’expérience de l’amour, l’important est ce moment où l’on sent que l’autre se dénude et où l’on se dénude — ce moment poétique de silence contenu, ce moment d’une grande présence. Les paroles les plus magnifiques et les déclarations les plus sophistiquées ne sont que vain bruit sans cela.
Mais nous nous détournons de ces moments. Trop poignant. Ils risquent de nous faire perdre le contrôle. Beaucoup d’êtres humains sont convaincus qu’il y a quelque chose d’effroyable en eux, qu’ils sont indignes, que s’il était possible de mettre leur cœur à découvert, tout le monde fuirait. Ils vivent dans la crainte de soi. Comment oseraient-ils se re-tourner sur leur propre cœur pour y trouver l’amour ? Une telle proposition leur semble impossible. Il faut qu’ils se contrôlent pour éviter que la « bête » qui se cache en eux sorte au grand jour. Cette crainte qui, à force de s’être installée, a été oubliée, agit désormais en roue libre. Nous faisons tous plus ou moins cette erreur. Nous prenons cette vulnérabilité qui survient quand l’amour se montre, comme un signe de faiblesse. Nous avons oublié qu’elle était le signe de notre propre noblesse, la source de l’amour.
Une source est friable. Rien à voir avec la solidité du béton d’un parking. Retrouver la source, c’est accepter cette vulnérabilité de la terre meuble.
🎨 Marc Chagall