19/11/2020
Ce midi à la sortie de l’école il y avait des anti-masques …
Ce midi à la sortie de l’école il y avait des anti-masques… J’ai pensé à tous mes vieux en maison de retraite qui ne voient plus un visage sans masque, parce que le virus circule dans le personnel soignant et que l’on sait très bien que si l’un d’entre eux tombe malade, ce sera l’hécatombe. Je pense à la petite mamie de hier soir, en larme qui n’a pas vu son fils depuis 3 mois. Je me souviens du sentiment de culpabilité, de l’impression de faute quand l’aide-soignante est rentrée et qu’elle m’a surprise avec la mamie qui pleurait et que j’avais entourée de mes bras.
Ce midi à la sortie de l’école il y avait des anti-masques… Ont-ils déjà vu un être humain mourir de détresse respiratoire ? Savent-ils comme les gasps sont difficiles à supporter ? Cette respiration haletante, pleine de sécrétions, de mucus, ce glougloutement à chaque inspiration, à chaque expiration… Quand, au chevet du mourant on espère que ce soit le dernier mouvement respiratoire, que cette vague agonique s’arrête. Quand on espère que la petite dose supplémentaire de morphine puisse apporter de la paix…
Ce midi à la sortie de l’école il y avait des anti-masques… Savent-ils ce que nous vivons en tant que soignant ? Quand j’ai dit à un patient, certes très malade d’avance mais avec toute sa conscience : « Monsieur, Vous m’avez toujours dit de vous prévenir, de vous laisser le choix de vos décisions. Le moment dont nous avons tant de fois parlé est arrivé : Vous avez un covid, je vous laisse le choix : vous pouvez mourir à la maison, je vous accompagnerais, ou vous pouvez mourir à l’hôpital ou vous aurez du personnel compétent de manière constante ». Car c’est ça aussi, pour les vieux, les malades, toutes ces personnes qui cassent les pieds de la société parce qu’elles coutent cher, parce qu’elles ne rapportent rien : l’annonce parfois d’une mort imminente. Ces patients « tout pourris » mais tellement plus humain que beaucoup d’entre nous…
Ce midi à la sortie de l’école il y avait des anti-masques… Nos enfants sont peut-être peu contagieux, peut-être, pour le moment on ne sait pas vraiment… Nos enfants portent des « nids à microbes sur le nez ». Ça c’est faux, il n’a qu’à voir la chute des cas de rhinopharyngites et otites dans mon cabinet actuellement pour comprendre que le masque a grandement diminué les contaminations entre enfants.
Ce midi à la sortie de l’école il y avait des anti-masques… « Laissez nos enfants vivre » ! Oui laissons les vivre en leur inculquant quelques valeurs de solidarité et de partage… Parce que ce petit bout de tissu, qui n’est pas vraiment grand-chose, même si il sauve une personne sur 100, cela vaut le coup.
Ce midi à la sortie de l’école il y avait des anti-masques… Je ne supporte plus cet égoïsme occidental. Plus d’esprit de groupe, chaque individu se croit le centre du monde. Il estime que personne n’a le comportement qu’il faudrait autour de lui, mais lui-même ne se remet jamais en cause. On a oublié que le collectif n’est pas toujours la dictature, mais un moyen d’œuvrer ensemble. Œuvrer, pas toujours pour le mieux, mais pour le moins mal…
Dr RICHARD Ariane, Médecin généraliste