13/11/2025
Il y a dix ans, au cœur de l’enfer des attentats terroristes à Paris, le médecin du RAID qui intervenait au Bataclan l’affirme aujourd’hui clairement : la France n’avait pas les outils, pas les protocoles, pas les formations nécessaires pour traiter les psychotraumatismes de masse.
Et ce qui glace le sang, c’est que dix ans plus t**d, nous n’avons quasiment pas avancé.
Parce que :
Nos soignants restent insuffisamment formés au psychotrauma, alors même qu’il s’agit d’un enjeu majeur de santé publique.
Les protocoles d’urgence psychologique sont lacunaires, inégaux selon les régions, et souvent inexistants sur le terrain.
Les victimes sont encore ballottées d’un service à l’autre, sans fil conducteur, sans compréhension du mécanisme traumatique, sans accompagnement de long terme.
La psychiatrie française est en état d’effondrement, incapable d’absorber l’onde de choc émotionnelle et neurobiologique que génèrent les attentats, les violences, les catastrophes, mais aussi les traumas de la vie quotidienne.
La recherche française en psychotraumatologie reste marginalisée, alors que le sujet est central partout ailleurs dans le monde occidental.
Et l’idéologie du “tenir bon”, du “se relever”, du “ne pas faire d’histoire” domine encore, niant la réalité biologique du traumatisme.
Ce ret**d n’est pas anodin. Il n’est pas seulement regrettable. Il est mortifère.
Mortifère, parce qu’un traumatisme non traité détruit un cerveau en développement, désorganise une vie entière, dévore une famille, renverse une trajectoire, fabrique du désespoir, et alimente la violence sociale.
Mortifère, parce que pendant que nous naïvement “attendons”, les symptômes s’aggravent, les idées suicidaires s’installent, les conduites à risque explosent.
Mortifère, parce que l’absence de prise en charge post-attentats et post-traumas fragilise durablement un pays, au même titre que l’absence de soins physiques ou la défaillance de son armée.
Dix ans après l'effroi, la France reste en décalage. Un ret**d structurel, culturel, politique. Un aveuglement dont nous payons le prix humain chaque jour.
Le psychotrauma n’est pas un concept abstrait : c’est une bombe biologique laissée dans le corps. Si nous refusons de la désamorcer, c’est elle qui finit par exploser.