10/10/2025
914 ou l’union de la Vérité et de la Paix
Une méditation sur le sacrifice et l’espérance
Depuis le 7 octobre 2023, 914 soldats de Tsahal sont tombés en défendant Israël. 914 jeunes femmes et jeunes hommes qui se sont levés pour protéger le peuple juif et la Terre d’Israël. 914 visages, 914 histoires, 914 univers entiers.
Ce sont des tzadikim, des âmes pures qui ont donné leur vie pour que d’autres puissent continuer à vivre. Ce sont des porteurs silencieux de notre peuple, des gardiens invisibles qui ont fait le choix du courage face à la peur, de la lumière face à l’obscurité.
Avant toute parole, avant toute tentative de sens, il y a le silence sacré de leur sacrifice. Un silence que l’on ne comble pas. Un silence dans lequel on s’incline.
Que leur mémoire soit une bénédiction, et que leur lumière continue d’éclairer Israël et le monde.
Dans mon travail d’accompagnement des familles endeuillées, en particulier celles qui ont perdu un fils ou une fille soldat, un mot revient sans cesse, l’incompréhension. Pourquoi lui ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi notre famille ? Ces questions ne sont pas de la révolte. Ce sont des cris du cœur, des appels silencieux qui cherchent à donner un sens à l’insupportable.
Face à cette douleur, il n’y a pas de réponse simple. Il y a l’écoute, il y a la présence, et parfois il y a le silence.
La Torah nous donne un modèle bouleversant, Aaron, le frère de Moïse. Lors de l’inauguration du Mishkan, dans un moment les plus sacrés de l’histoire d’Israël, ses deux fils Nadav et Avihou meurent soudainement devant D.ieu. La Torah dit simplement « Vayidom Aharon », et Aaron se tut.
Rachi enseigne que, parce qu’Aaron a accepté dans le silence, sans accuser, sans hurler contre le Ciel, Hachem lui a accordé une bienveillance particulière. Il lui a révélé le sens caché de ce qui s’était passé. Pas pour effacer la douleur. Pas pour justifier la mort de ses fils. Mais pour lui donner une parole, une place, un axe dans le tumulte.
Aujourd’hui, face aux 914 soldats tombés, les familles vivent souvent ce même silence d’Aaron. Elles ne se révoltent pas contre D.ieu. Elles cherchent à comprendre. Elles se tiennent dans un espace où les mots n’ont plus de prise, mais où le lien avec le Ciel continue d’exister.
C’est dans cet espace de silence, parfois, qu’une parole spirituelle peut émerger. Non pas une explication rationnelle, mais une lumière discrète, comme une étincelle dans l’obscurité.
Dans le livre de Zacharie, chapitre 8, verset 19, le prophète annonce, aimez la vérité et la paix. Cette parole a été donnée au peuple d’Israël dans une période de reconstruction, après des années de guerre et de dispersion. Elle n’est pas abstraite. Elle est une orientation pour une nation blessée qui cherche à se relever.
Les Sages enseignent que le Premier Temple fut détruit par manque de vérité, et que le Second Temple fut détruit par absence de paix. La réparation ne viendra que lorsque ces deux piliers seront reconstruits ensemble.
La vérité sans paix mène à la rigidité, au jugement, à la division. La paix, dénuée de vérité, conduit à la compromission, à l’illusion et à l’injustice. Le véritable Tikkoun exige ces deux forces ensemble, dans leur équilibre le plus juste.
Dans la tradition kabbalistique, les nombres ne sont pas de simples quantités. Ils sont des portes vers le sens, des invitations à méditer. Le nombre 914 correspond précisément à la combinaison de ces deux mots fondamentaux, Vérité et Paix, scellés par Amen.
Le calcul est le suivant. Vérité אמת vaut 441, le mot « et » vaut 6, Paix שלום vaut 376, ce qui donne un total de 823. Amen אמן vaut 91. 823 plus 91 donne 914. Ce nombre n’est donc pas simplement un chiffre. C’est comme un écho symbolique, une résonance entre l’histoire que nous vivons et les paroles des prophètes.
Ce nombre ne justifie rien. Il n’efface pas la douleur. Il ne remplace pas les larmes. Mais il peut devenir un miroir spirituel.
Le sang versé nous interpelle. Sommes-nous prêts à regarder la réalité en face, sans illusions ni propagande ? Cherchons-nous vraiment la réconciliation ou préférons-nous la division ? Pouvons-nous encore nous unir dans une foi commune, malgré nos différences ?
914 n’est pas un destin. C’est un cri silencieux. Une question posée à chaque génération. Qu’allez-vous faire de cette douleur ? En ferez-vous un mur ou un pont ?
Les mystiques enseignent que tout sacrifice porte en lui une étincelle de réparation, un nitzotz. Le sang des justes n’est jamais versé en vain. Il devient une semence d’espérance si nous savons l’accueillir. Le Tikkoun ne vient pas de la magie des nombres. Il vient de notre capacité à honorer la mémoire sans instrumentaliser la douleur, à chercher la vérité même quand elle dérange, à construire la paix sans naïveté ni cynisme, à sceller notre union dans l’humilité et la foi.
Comme Aaron a reçu une parole après son silence, les familles endeuillées reçoivent aujourd’hui une parole à travers ce nombre. Votre douleur n’est pas absurde. Elle porte un appel à la reconstruction du monde.
Aujourd’hui, alors que les otages devraient enfin rentrer à la maison et que le cessez-le-feu est signé, un souffle d’espérance traverse le pays. C’est un moment charnière, un de ces instants rares où un peuple peut choisir ce qu’il veut devenir. Nous avons vu, dans les jours terribles qui ont suivi le 7 octobre, émerger une unité profonde, vraie et indéfectible. Cette unité ne doit pas s’éteindre avec la fin des combats. Elle est peut-être la plus belle victoire que nous puissions offrir à nos 914 soldats tombés.
Leur sacrifice doit devenir une semence d’unité. Ils ont donné leur vie pour protéger le peuple juif. À nous maintenant de protéger cette unité qu’ils ont incarnée, et de la faire grandir. Leur lumière doit éclairer la reconstruction d’un peuple plus uni, plus fidèle à lui-même et à sa mission.
Que le sang versé ne soit pas vain. Qu’il devienne racine de vérité, sans mensonge. Qu’il devienne chemin de paix, sans illusion. Qu’il devienne aussi souffle d’unité, comme une promesse à ceux qui ne sont plus là. Que nous puissions dire ensemble, Amen. Pas l’Amen de la résignation, mais l’Amen de l’engagement. L’Amen qui unit les vivants aux morts. L’Amen qui scelle notre promesse de faire de leur mémoire une bénédiction pour les vivants.
Que leur mémoire soit une bénédiction.
Philippe Nissim Zarka
Mon Thérapeute Émotionnel
058 331 0326 ou 01 77 50 20 28
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