23/11/2025
Les marchés traditionnels : espaces d’échange économique et spirituel
Dans nos traditions, un marché n’est jamais un simple lieu de commerce. C’est un espace où se croisent les vivants, les ancêtres, les intentions et les forces invisibles qui accompagnent la communauté.
À l’approche des fêtes de fin d’année, beaucoup disent que certaines âmes se lèvent de leur tombe pour “venir au marché”. Évidemment, il ne faut pas comprendre cela de manière littérale — mais symboliquement, l’image est juste : le marché devient alors un carrefour où s’intensifient les présences et les vibrations.
Le marché n’est pas seulement un lieu où l’on achète ce qui manque à la maison ; c’est aussi un lieu où l’on sent ce que la vie essaye de nous dire. On y croise des visages connus et inconnus, des atmosphères qui changent d’un jour à l’autre. Et c’est précisément parce qu’il rassemble les besoins, les désirs et les mémoires des hommes qu’il amplifie les mouvements énergétiques de la communauté.
D’autre part, nos anciens savaient que le marché est un miroir de l’âme collective. On y observe la prospérité ou la crise, la joie ou la tension, mais aussi les signes subtils : une intuition qui se réveille, un avertissement silencieux, une rencontre qui n’est pas due au hasard. Puisque le marché réunit à la fois la vitalité économique et la mémoire spirituelle, il devient naturellement un lieu où les ancêtres se manifestent, non pas en revenant marcher physiquement parmi les vivants, mais en influençant les événements, les émotions, les synchronisations.
Or, c’est précisément dans ces périodes festives, quand les familles se rassemblent et que les émotions s’intensifient, que le lien entre les mondes devient plus sensible. On dit alors que “les morts visitent le marché”, car c’est là que se concentre l’âme du village. Le marché accueille les vivants… mais il réunit aussi leurs racines.
Ainsi, chaque passage au marché devient une petite initiation : une opportunité d’observer, d’écouter, de ressentir. Ce que vous y trouvez ne dépend pas seulement de ce que vous êtes venu acheter, mais aussi de l’état intérieur avec lequel vous y entrez.
Les marchés traditionnels sont plus que des centres d’échange. Ce sont des lieux de respiration spirituelle, des sanctuaires à ciel ouvert où les mondes se frôlent, où les vivants se rappellent qu’ils ne marchent jamais seuls.
Professeur Kenneth Goumissi