29/11/2025
Ah, le renforcement positif et négatif…
Quatre mots qu’on verrait bien au fond d'un manuel de psychologie équine , rangé dans les étagères d'une bibliothèque universitaire...
Terme que beaucoup de " professionnels ." se sont appropriés a outrance ces dernières années ...parfois maladroitement.
alors qu’en vrai, ton cheval, lui, maîtrise ça a la perfection depuis le jour où il t’a vu arriver avec une pomme.
Le renforcement positif, c’est simple :
tu demandes gentiment → il tente un truc → tu donnes → il retente → tu redonnes
→ il retente → tu deviens un distributeur automatique.
Le cheval adore.
C’est Amazon Prime pour poney : livraison immédiate, satisfaction garantie.
Sauf que…
Si tu t’y prends mal, il comprend vite que le renforcement positif c'est aussi :
– pousser ton sac = jackpot
– farfouiller tes poches = jackpot
– t’oppresser et te bousculer , tout en faisant des yeux de biche = jackpot deluxe..
Ou il peut ne pas comprendre du tout... Soyons honnête , tendre un bonbon n'a jamais suffit à enseigner une jambette à un cheval , même brillant...
Donc, à un moment, il faut aider un peu…
Et c'est là que BAM ! on glisse un petit renforcement négatif :
le petit chatouillis du paturon → “ah ! lève la jambe !” → tu cesse → il a compris → tu récompenses → magie.
Le renforcement négatif c'est différent. Le terme à lui seul semble définir un truc interdit par le ministère de la protection animale ( qui n'existe pas , au demeurant ).
Mais ça n'est en fait que l’art subtil du " je mets une pression que je cesse dès que tu fais ce que je te demande " .
Alors qu'on s'entende bien : la pression c'est pas un coup de pied ou un coup de poing ( vous vous en doutez bien , mais bon , je préfère quand même éclaircir les choses et rassurer les inquiets qui pourraient vite voir une incitation à la violence ).
La pression ça peut juste être un petit doigt sur une hanche , ou " le souffle de la botte " sur le flanc ou le chatouillement du paturon avec la petite mèche du stick ( pour en revenir à l'exercice de la jambette ).Et la demande sera d'autant plus légère et facile que l'exercice part de loin... Déjà petit le poulain peut apprendre à céder à la pression d'un doigt ou la paume de la main sur la hanche ou l'épaule.
Pas la peine de sortir l'arsenal du stick , des cris et de la chambrière quand il aura 3 ou 4 ans.
Dit comme ça, ça paraît assez simple. Et ça l'est d'ailleurs . L'usage d'un licol c'est du renforcement négatif : je tire , tu cèdes , je cède ...Sauf que dans la vraie vie, ça peut aussi ressembler à :
tu demandes, il fait un mini mouvement de travers,
tu te demandes si c’est ça que tu voulais,
lui se demande si tu sais ce que tu veux,
et vous finissez tous les deux à faire un demi-tour bizarre que même la FEI n’a jamais répertorié dans ses manuels de dressage.
Mais quand c’est bien fait , ça peut être magique.
Le cheval comprend :
“Ah ok, si je cède, ça s’arrête.”
Et là : fluidité, harmonie, poésie…✨
Sauf que parfois , le renforcement négatif ne suffit pas et ça peut vite partir en sucette :
- “viens avec moi , monte dans le van.”
- “Non merci , ca ira ”
- “Allez , on a rdv dans 30mn , monte j'te dis.”
-" Toujours non.”
- " monte sinon j’tire plus fort.”
- " plutôt crever.”
Là...Tu la sens venir la pente savonneuse ?
- tu sors le licol éthologique modèle “fil à couper le beurre”
- tu agites la chambrière comme si tu chassais un essaim d'abeilles
- tu transpires
- lui aussi
et c'est là que ça part en freestyle et que le rapport de force s'installe.
Ton renforcement négatif , trop oppressant peut même devenir à lui seule la raison du refus , et ... Remettons les choses à leur place :
Pompon, du haut de ses 90cm fait déjà le triple de ton poids. Alors ton SF, n'en parlons pas. Si tu te lance dans ce jeu là, tu ne pars pas en position de force.
C'est là que l'usage du renforcement positif ( ton seau de grain ) , associé au renforcement négatif ( le pression sur le licol ) peut parfois sauver la situation et apporter le juste équilibre nécessaire au bon déroulement de cette séance d'embarquement
( c'est la théorie hein... évidemment que les choses ne sont pas toujours aussi simples. Mais vous avez compris l'idée )
Car souvent le problème c’est pas la méthode, c’est l’humain.
Le cheval, lui, fait au plus simple :
– si je fais ça → ça s’arrête → cool
– si je fais ça → j’ai une récompense → encore mieux
– si je fais rien → il finira peut-être par me donner une friandise quand même → tentons
L’humain… beaucoup moins simple , analyse, réanalyse, suranalyse, change d’avis, panique, se crispe, ou félicite trop t**d, trop tôt, ou pour la mauvaise chose...
La meilleure méthode,
c’est celle que ton cheval comprend.
Pas celle qui fait le plus joli schéma en conférence.
Pas celle que ton voisin pratique en te regardant comme si tu étais un hérétique.
Pas celle qui promet que “ton cheval sera parfait en deux séances”.
Le renforcement, positif ou négatif, c’est juste une langue.
Certains chevaux parlent “friandises” ou "clicker "
D’autres parlent “lâche-moi la pression”.
La plupart comprennent les deux.
Et tous comprennent quand tu communiques clairement…
Aucune méthode ne peut suffir à elle seule...aucune.
Pas même le renforcement positif pratiqué par un Bisounours , au pays magique des bien pensants.
Sans cadre il amène frustration et incompréhension.
Le renforcement négatif sans finesse, lui, peut mener au rapport de force et à l'opposition.
Le secret c'est l’équilibre.
Comme dans une recette :
tu mélanges, tu doses, tu ajustes,
et tu dégustes quand c’est cuit ( le résultat ...pas le poney !)