03/12/2025
Un peu de bon sens face au biais cognitif de la mièvrerie
Au Québec, nous avons développé un système très clair pour encadrer les comportements humains. Nous instaurons des lois, nous définissons des standards, et lorsqu’une personne outrepasse ces limites, il y a une conséquence. Que l’on soit d’accord ou non avec la sévérité d’une sanction, le principe demeure : une règle = une attente = une conséquence prévisible.
Mais quand il est question du chien… cette logique disparaît complètement.
On répète souvent qu’un chien ne devrait jamais être corrigé. Que toute forme de punition est forcément nocive. Que l’animal devrait apprendre uniquement sans inconfort. Pourtant, l’apprentissage, chez toutes les espèces repose, entre autres, sur l’essai-erreur. Sur l’ajustement. Sur la rétroaction. Et parfois, cette rétroaction implique un inconfort léger, une interruption, une limite.
Le paradoxe est immense :
«chez l’humain, la punition est utilisée pour maintenir un standard. Chez le chien, on refuse tout standard parce qu’on refuse toute forme de correction.»
Ce qui soulève une question essentielle :
comment un chien pourrait-il comprendre ce que l’on attend de lui si nous-mêmes n’avons aucun mode de conduite clair à lui proposer?
Chez l’humain, ce n’est pas la sanction elle-même qui structure tout; c’est le cadre. C’est la prévisibilité.C’est la compréhension de la règle. C’est le fait d’avoir un repère.
Un chien, lui aussi, a besoin d’un cadre clair. Pas d’un cadre basé sur l’intimidation ou la force, mais d’un cadre qui lui permet de comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Une correction juste, proportionnée et cohérente n’a rien à voir avec de la violence. Elle fait simplement partie de la communication. Une interruption légère sur la laisse. Une perte d’accès temporaire à une ressource. Un rappel renforcé autant par le plaisir de revenir que par la conséquence de s’éloigner.
Nous, humains, avons construit un système où chaque action entraîne une réaction. Mais pour le chien, on voudrait soudainement que tout se fasse sans jamais contrarier quoi que ce soit.
C’est là que réside l’ironie.
On punit l’humain pour protéger l’animal.
Mais on empêche l’humain d’utiliser les mêmes principes qui structurent toute forme d’apprentissage logique, tout ça au nom du « bien-être animal ».
Pourtant, l’animal partage une grande portion de son ADN avec nous. Ses mécanismes d’apprentissage sont similaires aux nôtres. Il progresse dans des contextes où il peut tester, se tromper, comprendre, ajuster. Et cela inclut des limites. Cela inclut parfois un inconfort léger. Cela n’a rien à voir avec la violence, ni avec un manque de respect envers l’animal.
Ce que je souhaite, c’est que l’on retrouve la nuance.
Qu’on différencie la correction non violente d’un geste qui cause du mal.
Qu’on reconnaisse l’importance d’un standard — un vrai.
Qu’on accepte que l’apprentissage ne se résume pas à éviter tout inconfort, mais à guider, encadrer, structurer.
Au fond, la question n’est pas :
« Devrait-on punir un chien? »
La vraie question est :
« Comment offrir un cadre cohérent qui respecte la réalité de l’apprentissage, plutôt que de s’appuyer sur une perception humaine de ce que l’animal «devrait» vivre? »