28/11/2025
“Les Bas de Contention”
Les gens du monde : un Vendredi Un Patient.
Épisode 5
Par Tof Ton Stétho – IDEL nomade, athlète malgré lui.
Aujourd'hui on va parler d’un sujet grave.
Un sujet tabou.
Un sujet dont personne ne parle…
Les bas de contention.
Vous avez déjà essayé de mettre un bas de contention sur quelqu’un ?
Pas sur vous.
Sur quelqu’un !
Sur une jambe qui bouge, qui tremble, qui discute, qui juge votre technique en direct ?
Parce que nous, les infirmiers libéraux, on a des muscles uniquement grâce à ça.
Pas grâce à la salle de sport, non.
Grâce à Mme Renée et son mollet.
Vous entrez chez votre patiente, tranquille.
Il est 7h du matin, vous êtes encore humain.
Vous prenez le bas…
Et là, en le regardant…
Vous sentez qu’il va vous arriver une dinguerie.
Parce que le bas, il a une âme.
Une âme maléfique !
Tu tires…
Il se reroule.
Tu enroules…
Il se déreroule.
Tu tires plus fort…
Il te dit “TU NE PASSERAS PAS !”
Et bien sûr, le patient…
Il commente.
Toujours.
Tu luttes.
Tu sues.
Tu vis un combat homérique.
Et lui, il dit :
“Ah mais ils sont serrés hein !”
C’EST LE BUT.
C’EST DANS LE NOM.
BAS. DE. CONTENTION.
Mais le mieux,
le best of,
le oscar du commentaire inutile,
c’est :
“Je comprends pas… l’autre infirmière y arrivait mieux.”
Oui Ginette.
Parce que l’autre infirmière, elle fait CROSSFIT.
Elle soulève des palettes.
Elle ouvre des bocaux avec le regard.
Et puis il y a la jambe des patients, attendez…
C’est pas une jambe.
C’est une créature mythologique.
Tu veux l’attraper pour poser le bas ?
Elle te fait un salto arrière.
Tu veux lever la cheville ?
Elle fait le mort.
Tu veux rester calme ?
Elle se crispe comme si tu lui annonçais une amputation.
Et t’as toujours une Paulette dans ta tournée.
Paulette…
La ninja.
Tu commences à mettre le bas…
Elle te dit :
“Attendez, j’vous aide !”
Et elle te fait un coup de pied circulaire.
Bruce Lee.
82 ans.
Ostéoporose.
BSB
Danger public.
Ni une , ni deux
Le bas part à droite.
Toi à gauche.
Le pied fait un demi-tour acrobatique.
On dirait un poulpe qu’on essaie d’habiller pour un mariage.
Et puis il y a les spécialistes autoproclamés.
Ceux qui te disent :
— “Faut le mettre d’un coup sec.”
— “Non, faut le retourner entièrement.”
— “Non, faut d’abord talquer.”
— “Non, faut mettre des gants en soie.”
Et quand enfin…
ENFIN…
tu réussis à monter le bas…
T’es un héros.
Un guerrier.
Un survivant.
Et là, le patient regarde ton œuvre.
Il touche.
Il palpe.
Il commente.
“Ça plisse derrière.”
Là, tu vois ton âme quitter ton corps.
Tu revois ta vie défiler.
Tu revois ton diplôme, ton premier TLA, ton premier BSI…
Tu revois ton cabinet, ton association, tes remplacements…
Tu te demandes comment t’en es arrivé là.
Et tout ça, mesdames et messieurs…
Tout ça…
C’EST GRATUIT !
NON COTÉ !
ZÉRO EURO !
NADA !
Que dalle !
La NGAP elle dit :
“Courage, bisous.”
Alors oui.
Oui, aujourd’hui, je le dis publiquement :
Les IDEL qui mettent des bas de contention méritent une médaille olympique.
Minimum.
Avec podium, champagne et Marseillaise derrière.