19/10/2025
NERF TRIJUMEAU
(Cinquième nerf crânien, le messager du visage)
As-tu déjà pensé que chaque expression, chaque regard,
chaque caresse, chaque ba**er
sont transportés par un conduit électrique, un câble gainé, qui vit à l’intérieur de ton visage ?
Le trijumeau est ce fil.
Un nerf ancien, subtil, gardien du toucher, de la douleur, de la température,
des frissons qui racontent la vie qui coule sur la peau.
C’est le cinquième de tes nerfs crâniens,
un roi à trois couronnes,
trois branches qui se déploient comme des rivières :
l’une veille sur le front et les yeux,
l’autre coule le long de la joue,
la dernière descend jusqu’à la mâchoire,
là où la parole prend forme,
où la morsure rencontre la force.
C’est lui qui te permet de percevoir le monde,
de distinguer la caresse de la griffure,
la chaleur de l’amour
du froid de la peur.
C’est lui qui te fait te sentir vivant.
Quand il s’enflamme, il crie.
Des douleurs soudaines, comme des décharges électriques,
des éclairs qui déchirent le visage,
signes d’un message que le corps ne parvient plus à exprimer avec douceur.
Parfois, c’est un vaisseau qui le comprime,
parfois, c’est une émotion qui le contraint :
la peur, la colère, les mots retenus, les larmes ou les vérités tues.
Le trijumeau est un gardien, une sentinelle,
placé entre ce que tu montres et ce que tu tais.
C’est le seuil du visage, ton sourire
ou ta larme de Pierrot,
l’endroit où le corps connaît le monde et où le monde te touche.
Quand tu te fermes, quand tu ne veux plus voir,
quand tu ne veux plus sentir,
c’est lui qui le fait à ta place.
Il te rappelle qu’il n’est pas sain pour toi de porter un masque.
Que la peau est la première relation.
Retrouve-le dans le souffle qui caresse tes joues, dans sa main douce qui frôle ton visage,
dans le sourire qui naît de ton cœur.
Quand tu recommences à vraiment percevoir,
quand tu te permets d’être touché par la vie,
le trijumeau chante à nouveau, fait briller une musique de sensibilité et de présence.
Son nom signifie « trois jumeaux ».
Trois frères unis dans une seule perception :
voir, écouter, parler.
Trois portes du visage, trois clés de la relation.
Le trijumeau t’invite à rester.
À vraiment regarder.
À ressentir sans peur.
À dire avec vérité.
Car ce n’est que lorsque le visage s’ouvre
et que le corps se confie, que les douleurs disparaissent et
que la vie peut pleinement te traverser.
Et toi, enfin,
tu peux rencontrer le monde sans défense.
Avec une peau vivante.
Avec un cœur en feu.
Carla