25/12/2025
Je republie ce texte car il y avait une erreur dans le dernier paragraphe
À quoi ressemble Noël aujourd’hui
Ce matin, assis sur mon banc de méditation, dans un pays musulman, une question toute simple m’est venue : qu’est-ce que Noël, au fond ?
Pas ce que nous en faisons aujourd’hui, pas ce que les vitrines, les publicités ou les playlists de décembre tentent de nous faire croire, mais ce que cette fête essaie encore de nous dire, discrètement, sous les couches successives de bruit, de sucre et de consommation.
Commençons par une évidence désormais largement établie : Jésus n’est pas né un 25 décembre. Les historiens, les biblistes, et même l’Église le reconnaissent depuis longtemps. Alors pourquoi cette date ?
Parce qu’elle coïncide presque parfaitement avec le solstice d’hiver, ce moment universellement célébré bien avant le christianisme. Dans les cultures préchrétiennes d’Europe du Nord, on fêtait déjà Yule, la nuit la plus longue de l’année, suivie du retour progressif de la lumière. On y allumait des feux, on décorait des arbres, on se rassemblait pour conjurer la peur de l’obscurité et célébrer la promesse d’un recommencement. Rien de très mystérieux là-dedans : quand la nuit est la plus dense, l’humanité a toujours eu besoin d’un signe d’espérance.
Le christianisme naissant n’a pas inventé cela. Il a fait ce que toutes les traditions vivantes font : il s’est incarné dans une culture existante. Placer la naissance du Christ à cette période, c’était dire symboliquement : là où la nuit est la plus profonde, quelque chose peut naître. Une lumière. Un souffle. Une possibilité nouvelle. D’un point de vue symbolique, c’est d’une cohérence remarquable.
Mais que reste-t-il de ce symbole aujourd’hui ? Entre un Père Noël rouge popularisé au XXe siècle par une célèbre marque de soda — qui n’a fait que figer une imagerie déjà en circulation — et une fête devenue pour beaucoup un marathon de consommation, le message originel est souvent noyé sous le papier cadeau. Noël est devenu, pour nombre de personnes, une fête commerciale avant d’être une fête intérieure. On achète, on mange, on court, on s’épuise, parfois très loin de toute idée de naissance intime ou de transformation.
Et pourtant, la nativité, dans la tradition judéo-chrétienne, porte un message d’une radicalité profonde. Dieu ou le divin, ou le mystère, ou la Source appelons-le comme on veut, ne naît pas dans un palais, mais dans une étable. Pas au sommet du pouvoir, mais à la marge. Pas dans la force, mais dans la vulnérabilité d’un enfant.
Ce récit n’est pas là uniquement pour être cru littéralement ; il est avant tout symbolique. Il nous dit que ce qui transforme vraiment le monde ne naît pas dans la domination, mais dans la fragilité. Pas dans le bruit, mais dans le silence. Pas dans l’accumulation, mais dans le dépouillement.
Et c’est là que, ce matin, assis à méditer au Maroc, quelque chose m’a profondément touché. Dans un pays musulman, où Jésus - Issa - est reconnu comme un prophète, respecté, honoré, même s’il n’est pas considéré comme le fils de Dieu, je me suis senti très proche de ce message universel.
Parce qu'au fond, Noël ne parle pas tant de religion que d'humanité. Il parle de naissance, de recommencement,de cette capacité toujours offerte de laisser naître quelque chose de plus juste en nous. J'ose croire que si l'humanité traverse le temps, elle continuera d'une manière ou d'une autre, à marquer ce moment où la nuit commence à reculer. A célébrer le retour de la lumière. A raconter des histoires de naissance, non pas pour fuir le monde, mais pour lui redonner. sens.
Et si c’est cela Noël , alors il n’a rien perdu de sa force . Même ici . Même maintenant
Jean-Marc Terrel