20/11/2025
A l'heure où l'on veut réduire les budgets pour la culture, soutenons ces lieux qui nous ouvrent une fenêtre sur le monde, qui nourrissent notre esprit et sont un pilier de notre démocratie.
𝐋𝐄𝐒 𝐆𝐑𝐈𝐆𝐍𝐎𝐔𝐗, 𝐜𝐢𝐧𝐞́𝐦𝐚𝐬 𝐧𝐚𝐳𝐢𝐬 𝐞𝐭 𝐚𝐧𝐭𝐢𝐬𝐞́𝐦𝐢𝐭𝐞𝐬... 𝐕𝐑𝐀𝐈𝐌𝐄𝐍𝐓 ?
Hier soir, "La Voix de Hind Rajab" a résonné pour la première fois dans nos salles. Un film bouleversant basé notamment sur les enregistrements réels de l’appel à l’aide désespéré d’une petite palestinienne de 6 ans…
Cela nous vaut le commentaire suivant, parmi d’autres, sur nos réseaux sociaux : « Les grignoux ? Ceux qui mettent le drapeau n**i des palestiniens terroristes ? Vous êtes à vomir, et vos merdes de films avec les voilées, vous les regarderez vous-même (sic). On voit bien votre soumission. » (*)
𝐌𝐢𝐬𝐞 𝐚𝐮 𝐩𝐨𝐢𝐧𝐭 :
Depuis plus de cinquante ans, Les Grignoux assument leur rôle de centre culturel engagé. Nous défendons les valeurs démocratiques comme la pensée critique, la liberté de conscience et l’engagement dans le débat public. Refuser la neutralité culturelle, c’est donc affirmer que la culture a un rôle à jouer dans la compréhension du monde et dans la lutte contre les injustices.
Dans le cadre d’une programmation thématique, nous avons choisi d’afficher un drapeau palestinien sur la façade de nos lieux. Ce geste symbolique s’inscrit dans une démarche de sensibilisation, de réflexion et de pédagogie. Nous affirmons avec force : tout en dénonçant les atrocités commises par les terroristes le 7 octobre 2023, nous dénonçons aujourd’hui la réaction disproportionnée d’un gouvernement d’extrême droite qui n’a pas hésité à commettre un réel génocide sous les yeux d’une communauté internationale incapable de s’accorder pour faire stopper les massacres d’une population tout entière. Se taire face à cela constituerait une faute morale.
À celles et ceux qui nous reprochent d’afficher nos valeurs, nous rappelons simplement que notre engagement ne date pas d’hier. Les Grignoux ont toujours défendu des valeurs universelles, progressistes, humanistes, antifascistes. Ces mots ne sont ni dangereux ni péjoratifs en ce début de 21e siècle. Ils sont le socle de notre société.
À celles et ceux qui nous accusent d’antisémitisme, nous rappelons que depuis des décennies nous avons programmé des films majeurs et organisé des débats sur la Shoah ou la question juive, accompagnés de dossiers pédagogiques rédigés par nos équipes pour nourrir la réflexion des enseignants et des jeunes. Ne citons que :
La Liste de Schindler – Schindler's List (1993) – Steven Spielberg // La Vie est belle – La Vita è bella (1997) – Roberto Benigni // Amen (2002) – Constantin Costa-Gavras // Monsieur Batignole (2002) – Gérard Jugnot // Le Pianiste – The Pianist (2002) – Roman Polanski // La Chute – Der Untergang (2004) – Oliver Hirschbiegel // Modus Operandi (2008) – Hugues Lanneau // La Rafle (2010) – Roselyne Bosch // Les Héritiers (2014) – Marie-Castille Mention-Schaar // Le Fils de Saul – Son of Saul (2015) – László Nemes // Le Voyage de F***y (2016) – Lola Doillon //Le Procès du siècle – Denial (2016) – Mick Jackson // Les Secrets de mon père (2022) – Véra Belmont //The Zone of Interest (2023) – Jonathan Glazer
Plutôt que de craindre les symboles, assumons que les lieux culturels sont des espaces de liberté et de dialogue. C’est ainsi qu’ils ont contribué hier à la mémoire de la Shoah, à la mise en lumière des massacres en Afrique centrale, des horreurs de la guerre en Afghanistan, en Syrie ou au Soudan. Et qu’ils peuvent aujourd’hui encore contribuer à la compréhension d’autres tragédies.
𝐔𝐧𝐞 𝐬𝐨𝐜𝐢𝐞́𝐭𝐞́ 𝐚𝐯𝐞𝐮𝐠𝐥𝐞 𝐞𝐭 𝐬𝐢𝐥𝐞𝐧𝐜𝐢𝐞𝐮𝐬𝐞, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐝𝐞́𝐦𝐨𝐜𝐫𝐚𝐭𝐢𝐞 𝐞𝐧 𝐝𝐚𝐧𝐠𝐞𝐫.
Les Grignoux
(*) Ce « débat » devient souvent hystérique et excessif sur les réseaux sociaux, nous le savons. Nous bannissons et dénonçons systématiquement les comptes (réels ou fictifs) qui appellent à la haine, à la violence ou à la dégradation de nos lieux. Cette mise au point n’appelle pas de nouveaux commentaires, c’est pourquoi nous ne les ouvrons pas sous ce message. Nous apprécions néanmoins votre soutien et vos partages.