11/12/2025
Je porte ce sentiment d’avoir une dette, comme si ma vie ne m’appartenait pas.
Comme si mon temps et mon énergie étaient un luxe que je ne pouvais pas me permettre telle que j’en ai vraiment envie et besoin.
Ce rythme lent qui m'appelle ne m’offre pas de confort, de stabilité et de sécurité, seulement une promesse que cela viendra si je demeure présente à moi…
Assumer le vide. M’asseoir dedans. Rester présente à mon silence et mon chaos. À cette anxiété qui monte de nulle part quand je ne suis pas dans l’action pour pallier à mon besoin de survivre et de me sentir en sécurité. Ce fardeau financier qui m’étouffe, mais qui au final est plutôt un prétexte pour faire émerger cette insécurité viscérale qui m’habite.
Je me sens en urgence, pressée par quelque chose. Je devient vite surchargée, mais je cours quand même alors l’essoufflement vient.
La vérité c’est que je n’ai jamais appris à être là pour moi, solide et présente, prête à accueillir mes besoins, mes émotions, mes limites. J’ai appris à refouler puis transformer mes émotions en énergie motrice pour ne pas m’y noyer. Toute cette colère, cette peine, ce dégoût et cette déception, j’ai réussi à en faire du beau, mais surtout du utile. C’était mon objectif, me mobiliser pour donner du sens et faire oeuvre utile, sauf que de chercher l’utilité en toute chose ne permet pas l’accueil et la libération de ce qui est. On ne peut pas demander à un artiste de créer pour que ce soit utile, cela irait contre son mouvement naturel...
Insidieusement, je traite tout à partir de la performance :
Est-ce qu’il y en a assez?
Est-ce que c’est assez rapide?
Est-ce que c’est efficace?
Est-ce que c’est logique?
Est-ce que j’évolue?
Est-ce que j’avance?
Que dois-je faire?
Ma tête croit que de m’arrêter signifie ne pas être à la hauteur, ne pas être suffisamment solide et ne pas être légitime dans un monde où on nous demande de performer pour survivre et pour s’accomplir.
Ai-je le droit de m’arrêter quand ma vie n’est pas suffisamment « gagnée » et qu’elle semble déjà enviable pour plusieurs?
Suis-je légitime de me reposer alors que tous ces salariés courent dehors?
Vite, de l’argent, vite une raison de vivre, vite des objectifs, vite il y a quelque chose à atteindre, il ne faut pas prendre de re**rd. Il ne faut surtout pas s’arrêter pour profiter, car on risque de ne plus vouloir reprendre…
Mais du re**rd sur quoi? Elle vient d’où la vraie urgence? Cette obsession de « faire » au détriment de l’être. Ça cache quoi?
Même si je sais depuis toute petite que ce n’est pas ça la vie, j’ai l’impression que j’ai acheté l’idée que je devais en faire toujours plus pour que personne ne puisse me dire que je n’en fais pas assez.
Je voudrais m'arrêter, mais je me surprends à courir même lorsque je suis assise parce que la culpabilité, la lenteur et la « passivité » choisie m’angoissent et m’oppressent.
Je cherche l’espace pour honorer mon énergie sacrée. Mon juste rythme. Ma pulsion de vie. Ce battement en mon coeur qui m’appartient entièrement, mais qui me semble maintenant si étranger.
À quoi ai-je vraiment envie de répondre?
Quel est le vent qui souffle dans mes voiles?
À quel rythme mes élans créateurs me traversent-ils vraiment?
De quoi a besoin l’artiste en moi? L’entrepreneure, la femme?
J’ai envie de vivre ma vie pour moi et pour cela, je dois aussi accepter que les autres vivent leur vie pour eux. Sans dettes ni attentes, sans contrôle ni poids sur mes épaules. Sans jeu de pouvoir où les charges de chacun sont des négociations de valorisation et de responsabilité.
Pour retrouver mon souffle, j’ai besoin d’espace. Un espace dans lequel je n’ai plus besoin de faire pour avoir de la valeur.
Un espace sans performance où je peux ressentir mes processus intérieurs pour passer à la prochaine étape de ma conscience, sans urgence.
Mais la vérité crue, c’est qu’à chaque tentative, je me sens anxieuse, je me sens coupable, je me sens redevable, je me sens illégitime, je me sens trop ou pas assez. Alors, je cours sans trop savoir ce que je fuis ou ce que je cherche.
Mon corps a encodé que le repos et le plaisir doivent être mérités, comme si ma propre liberté devait sans cesse m’être réaccordée par les autres en tant que privilège et non en tant que droit fondamental.
Évidemment, je ne me sens jamais légitime de m’accorder exactement ce dont j’ai besoin, car je porte ce sentiment de dette.
Je ne m'appartiens pas, car pour survivre j’ai appris à taire qui j’étais et à me suradapter.
On ne défait pas un système de croyances en un claquement de doigts. Nos mécanismes de survie et nos schémas de réponse s’invitent partout et ce qu’on souhaite atteindre nous semble parfois inatteignable.
Il y a encore en moi ce besoin insatiable de performer pour être irréprochable, ce besoin de plaire pour me sentir légitime.
J’ai longtemps cru que l’opinion des autres avait plus de valeur que la mienne puisque je m’en servais comme d’un baromètre pour m’autoriser, me reconnaitre, me légitimer et me valoriser.
Aujourd’hui, le temps est venu de m’autoriser pleinement les élans de mon âme. Même lorsque cela va à contre-courant.
Même lorsque cela ne semble pas logique. Je veux me donner tout l’espace nécessaire pour entendre et répondre à mes vrais appels, car c’est par eux que je suis abondante.
Je sais que ce passage à vide est important même s’il me donne l’impression de tourner en rond.
Tolérer ce sentiment de manque et de vide, cet inconfort, cette culpabilité, cette honte.
Tolérer l’insécurité, l’espace souffrant et les croyances limitantes qui se soulèvent lorsque je me donne des autorisations qui challengent cette partie de moi qui veut tout contrôler pour me protéger et éviter que je m'écroule.
Ce n’est pas un effondrement, c’est un dévoilement de tout ce que je me suis cachée et de ce dont je me suis coupée.
Ces espaces en moi doivent être traversés et ressentis, c’est probablement ça l’urgence que je ressens. C’est un passage obligé, il n’y a pas d’autre chemin. Toutes les tentatives de fuite sont insoutenables.
Mon âme réclame l’espace dont j’ai besoin pour que le rideau tombe, sans honte ni culpabilité, mais avec beaucoup d’émotions mixtes.
Et forcément, cela me met face à mes dualités et mes paradigmes, face à cette version de moi qui veut marcher sa voie sans cette boule au ventre.
Ce qui nous est demandé en ce moment est important à honorer, car cela fait partie du chemin, de notre passage…
Pour moi, c’est vraiment de RALENTIR, de RESSENTIR.
Et toi? Qu’est-ce que tu marches, qu’est-ce qui t’appelle au plus profond de ton âme?