11/20/2025
Un immigrant sur cinq quitte le Canada dans les 25 ans suivant son arrivée
Ceux qui sont le plus hautement qualifiés sont beaucoup plus susceptibles de partir, selon un nouveau rapport.
Un nouveau rapport indique qu’un nouvel immigrant sur cinq quitte le Canada dans les 25 ans suivant son arrivée, et que la plupart de ceux qui partent le font au cours des cinq premières années suivant leur arrivée.
Le rapport annuel « Leaky Bucket » (Le seau percé) de l’Institut pour la citoyenneté canadienne indique que les titulaires d’un doctorat et les autres personnes hautement qualifiées sont beaucoup plus susceptibles de partir que celles qui ont un niveau de compétence ou d’éducation moins élevé.
Daniel Bernhard, chef de la direction de l’institut, a déclaré mardi lors d’une conférence de presse à Ottawa que le nouveau rapport montre une tendance continue des immigrants à quitter le Canada avant que 25 ans ne se soient écoulés.
Le premier rapport « Leaky Bucket », publié en 2023, a révélé que les taux d’émigration avaient atteint un pic en 2019, lorsque le pourcentage annuel de nouveaux arrivants quittant le Canada avant 25 ans avait atteint 1,2 %, contre une moyenne historique de 0,9 %.
Ce chiffre est resté élevé en 2020, malgré les restrictions de voyage liées à la pandémie, selon le rapport de 2024.
Bien que ces chiffres puissent sembler modestes, leur impact cumulé est considérable, indique le rapport.
Le rapport de 2024 montre que 18 % des immigrants ont finalement quitté le Canada dans les 25 ans.
M. Bernhard a expliqué que le nouveau rapport, qui suit l’émigration jusqu’à la fin de 2021, montre que le pourcentage d’immigrants travaillant dans le secteur de la santé qui quittent le Canada avant la fin de la cinquième année a atteint 36 % cette année-là.
« Parmi les 16 professions les plus en demande, 10 d’entre elles affichent des taux de rétentions inférieurs à la moyenne », a déploré M. Bernhard. Il a ajouté que le taux de départ après cinq ans des gestionnaires chevronnés est « 19 % plus élevé que la moyenne ».
« Les professionnels en informatique, en IA, les gestionnaires en finance, en ingénierie et en architecture, ceux et celles qui pourraient bâtir pour le Canada l’économie et l’infrastructure de l’avenir nous quittent à un taux supérieur alarmant. »
M. Bernhard estime que le taux de départ des immigrants du Canada a augmenté depuis 2021.
Sur la base de ces tendances, le rapport prévoit qu’un peu plus de 20 000 des 380 000 résidents permanents qui devraient être admis au Canada l’année prochaine quitteront le pays d’ici 2031.
L’institut demande au gouvernement d’élaborer une stratégie de rétention des talents afin d’encourager les immigrants hautement qualifiés à rester à long terme. M. Bernhard a suggéré que le gouvernement devrait accélérer la reconnaissance des diplômes professionnels étrangers et lancer des services d’établissement afin de mettre en relation les immigrants qualifiés avec les employeurs concernés.
Le chef de la direction de l’Institut pour la citoyenneté canadienne a relevé que le système d’immigration, notamment le système d’entrée express, rejette environ 95 à 96 % des candidats, rendant le processus d’immigration très difficile, mais livre les personnes à elles-mêmes une fois venues.
Il a soutenu que beaucoup de migrants occupent des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés.
Dans le budget fédéral de cette année, le gouvernement a présenté une stratégie de 1,7 milliard de dollars sur 13 ans visant à attirer des doctorants et des chercheurs internationaux. Elle comprend également la promesse d’un délai de traitement de 14 jours pour les demandeurs de visa et leurs familles.
M. Bernhard a déclaré que le rendement sur investissement de ce programme était incertain sans un plan solide pour garder ces personnes au Canada à long terme.
Le rapport révèle un taux d’émigration plus élevé dans les provinces de l’Atlantique, où environ 36 % des immigrants ont quitté le pays dans les 25 ans suivant leur arrivée.
La Colombie-Britannique et le Québec ont enregistré des taux d’émigration d’environ 28 % et 27 % respectivement au cours de la même période.
Le reste du Canada a connu des taux d’émigration d’environ 20 % sur 25 ans.
Le rapport est basé sur l’analyse des données fiscales des immigrants et conclut qu’un nouvel arrivant a quitté le Canada s’il n’a pas déclaré ses impôts pendant deux années consécutives et n’apparaît pas dans les données fiscales de 2022. Il ne contient pas de données suggérant où ces personnes vont après avoir quitté le pays.
Le rapport ne cite pas de données indiquant où finissent les immigrants qui quittent le Canada.
- David Baxter, Le Devoir