11/27/2025
Voici un texte superbement écrit par la propriétaire du Centre Équestre 'Les Crins de Verdure' en France et dont la pertinence mérite qu'on le partage...dans l'espoir que se réveillent les humains qui oeuvrent dans le monde équin qui n'ont pas encore compris l'importance de respecter les besoins fondamentaux des chevaux...
‘’Quand on sait qu’un cheval en semi-liberté parcourt spontanément 15 à 25 kilomètres par jour, on comprend vite que son organisme est bâti pour le mouvement… alors il est assez facile de comprendre que le mettre au box revient à enfermer un marathonien dans un chambre de bonne: techniquement faisable, mais pas adapté.
Un cheval est programmé pour marcher… alors quand on l’enferme, sa musculature fond plus vite qu’un chocolat oublié au soleil, sa posture se fige, il ne marche plus de grandes distances tête basse (les10 minutes de détente en extension ne comptent pas, hein), et bonjour les conflits de processus épineux, les tendons fragilisés et la silhouette façon “Open Space de bureau”.
Ajoutons à cela le trio infernal :
mangeoire haute,
râtelier haut,
abreuvoir… haut,
…bref, tout ce qui demande au cheval d’avaler son repas comme un lama qui part en randonnée dans les Alpes.
Niveau santé digestive, c’est l’équivalent équin du fast-food en permanence : pas assez de fibres , des repas fractionnés, position inadaptée, et un estomac qui dit «allons-y pour un bel ulcère de la mort qui tue».
Alors on entend parfois dire "nos chevaux modernes n'ont plus rien à voir avec leurs ancêtres sauvages". Mais c'est pas tout a fait vrai.
En 100 ans, l'ADN d'une espèce varie de moins de 0,01% ". Nos chevaux sont donc, à ce jour, exactement les mêmes génétiquement (à 99% près si on chipote) que ceux de leurs lointains ancêtres... Et j'aurai tendance à dire que le peu d'évolution qu'il y a eu, a eu plus tendance à les rapprocher d'une princesse aux petits pois que d'un poney vicking…
Mais le summum, l’argument qui me hérisse l'échine comme un coup de tondeuse à rebrousse-poil, c’est le grand classique :
“On fait comme ça depuis des siècles, et ça n’a jamais posé problème.”
C'est un argument qui vaut pour presque tout : les chevaux au box, les fers, les céréales dans l'alimentation… mais aussi la saignée à la lancette, le cataplasme de chou pour les engorgements et le traitement de la gale par la prière (pardonnez-moi mon père).
Sauf qu'avoir survécu à une pratique pendant plusieurs siècles ne suffit pas à la valider scientifiquement…
Et si c'était le cas, je propose qu’on remette les chevaux comme moyen de locomotion, qu’on retire le chauffage central et qu’on communique par pigeons voyageurs : ça a fait ses preuves pendant des siècles, non?
En ce qui concerne la santé mentale, le résultat n'est pas plus reluisant: tics, tocs, stéréotypies… Le cheval invente tout un catalogue d’activités pour faire passer le temps. Le box devient un escape game sans énigmes et sans sortie.
Et puis il y a la phrase magique :
“Non mais ça va, il sort tous les jours au paddock.”
Ha le paddock…
Ce grand carré de terre semblable à un box à ciel ouvert, sans herbe et sans copains (oui parce qu'un simple contact visuel avec les voisins ne permet pas d'avoir des interactions sociales, les chevaux communiquant en grande partie par le biais de leurs déplacements les uns par rapport aux autres). La clôture c'est comme la paroie blindée qui sépare deux muets au parloir de Fleury merogis… j'ai pas eu l'occasion de tester mais à part en se regardant et en se reniflant, aucun message ne peut être transmis.
Ici nous avons des chevaux qui ont connu la vie au box. La plupart se sont très vite déshabitués. Ils engorgent au bout de quatre heures enfermés. Certains font demi-tour sur le seuil. D’autres s’éteignent littéralement, comme si on appuyait sur un bouton OFF une fois la porte fermée.
Pourtant, soyons honnêtes : le box peut avoir une utilité. Une vraie. Une bonne.
Quand une convalescence l'impose ou quand il fait un temps à décorner un bison.
Les jours de tempête, de vent glacial, de pluie horizontale qui te gifle dès que tu ouvres la porte : là oui, le box devient un petit sanctuaire pour certains (pas tous...Bonbon préfère la pluie). Parce que même s'ils "ne sont pas en sucre", être au sec et au chaud, c'est pas désagréable.
Instantanément, les chevaux se posent, soufflent, ferment les yeux. Ça ressemble presque à une séance de balnéo… avec l’odeur du fumier en bonus.
Certains seraient capables de me défoncer les murs en été, (Oui Bonbon ...c'est de toi dont on parle), mais en hiver ils me remercieraient presque.
En bref :
Le box doit rester ce qu’il aurait toujours dû être :
Un refuge, pas un mode de vie.
Un abri contre les tempêtes.
Pas une adresse permanente.’’
- Les Crins de Verdure
💖
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https://zootherapiedanielemonast.com/
ps: Sur la photo, certains de mes partenaires, les Anges Équins des Écurie Martin,...des chevaux qui vivent une vraie vie de cheval, en troupeau, en liberté, en équilibre...