17/11/2024
Ma chère épouse ✨
Il y a deux jours, nous avons eu une grosse dispute.
Je venais de rentrer, épuisé par les soucis du travail. Il était 20h, et la seule chose que je voulais, c’était m'installer dans le canapé pour regarder le match.
Quand je t’ai vue, tu avais l’air exténuée et tendue. Les enfants se disputaient, et le bébé pleurait pendant que tu essayais de l’endormir. Moi, j’ai simplement monté le son de la télé.
« Ce ne serait pas trop demandé de m’aider un peu, et de t’impliquer un peu plus dans l’éducation de tes enfants, » m’as-tu lancé, l’air fâché, tout en baissant le volume de la télé.
Agacé, je t’ai répondu que je passais déjà mes journées au travail pour que tu puisses « rester jouer à la maison. »
La discussion a dégénéré. Tu pleurais de colère et de fatigue, et j’ai prononcé des paroles blessantes. Tu as crié que tu n’en pouvais plus, puis tu as quitté la maison en larmes, me laissant seul avec les enfants.
J’ai dû leur préparer à manger et les mettre au lit. Le lendemain matin, tu n’étais toujours pas rentrée, et j’ai dû demander un jour de congé pour m’occuper des enfants.
Et là, j’ai vécu ton quotidien...
J’ai fait face aux crises et aux larmes. J’ai couru sans arrêt, sans un moment de répit, même pas pour prendre une do**he. J’ai jonglé entre préparer le biberon, habiller un enfant et nettoyer la cuisine. J’ai passé la journée enfermé sans parler à personne de plus de dix ans. J’ai mangé sur le pouce, entre deux courses derrière un enfant. J’étais tellement épuisé, mentalement et physiquement, que je rêvais de dormir 20 heures d'affilée, mais je me suis réveillé après seulement trois heures parce que le bébé pleurait.
J’ai vécu deux jours et deux nuits dans ta peau, et je peux te dire qu’aujourd’hui je comprends.
Je comprends ta fatigue. Je comprends que d’être maman, c’est renoncer sans cesse. Je comprends que c’est plus épuisant que dix heures en réunion à prendre des décisions financières. Je comprends la tristesse d’avoir mis de côté ta carrière et ta liberté économique pour pouvoir être présente auprès de nos enfants. Je comprends l’insécurité que tu ressens, sachant que ton indépendance financière ne dépend plus de toi, mais de ton partenaire. Je comprends les sacrifices que tu fais, de n’avoir ni temps pour sortir avec des amis, ni pour faire de l’exercice, ni pour une nuit de sommeil complète. Je comprends combien il est difficile de rester enfermée à la maison à veiller sur les enfants, tout en ayant l’impression de manquer tout ce qui se passe dehors. Je comprends même ta frustration face aux critiques de mes parents sur ta manière d’élever nos enfants. Je comprends que le rôle de maman est la charge la plus lourde de la société – celle que personne ne reconnaît, ne valorise, ni ne rémunère.
Je t’écris cette lettre non seulement pour que tu rentres, car tu me manques, mais aussi parce que je refuse de laisser passer un jour de plus sans te dire avant la fin de la journée :
« Tu es incroyablement courageuse, tu fais un travail formidable, et je t’admire. Et promis, je vais enfin prendre le relai à la maison. » 💖
- Texte de Nohemí Hervada -