12/06/2025
Aujourd'hui, une fois de plus j'ai été confronté à la souffrance d'une personne chère à mon coeur.
J'ai rendu visite à un Ami que j'accompagne depuis plusieurs mois. Un homme robuste, avec un mental en acier, un ancien légionnaire, agent de protection de haut niveau, spécialiste en sécurité, en technique de combat, sportif et jouissant d'une présence et d'un aura certain. Bef un homme peu commun vous l'aurez compris.
Vers midi je reçois un message d'une ancienne collègue, dont je n'avais plus de nouvelles depuis cinq longues années. Elle m'informe, via une relation commune, qui se trouve être le cousin de mon Ami, que celui-ci est hospitalisé et que c'est vraisemblablement la dernière ligne droite. Mon coeur s'arrête. Je plaque tout ce que je suis en train de faire et je pars illico pour une bonne heure de route jusqu'à l'hôpital.
À mon arrivée dans sa chambre, il est assi sur le bord du lit, la tête posée sur un coussin qui se trouve sur la petite table à roulettes devant lui, elle est normalement devolue aux repas. Il somnole.
Je le vois de dos, plié en deux, somnolant, terriblement amaigri. Je me demande dans un premier temps si je suis dans la bonne chambre et pourtant oui... c'est bien la bonne chambre. Je m'approche doucement, je le regarde. Pu**in, j'en ai vu des personnes malades en fin de vie, telles que ma petite femme, mon oncle, mon papa, mon grand-père un autre Ami cher à mon coeur, et d'autres encore.
Mais là, je suis vraiment surpris, car j'ai du mal à me dire que c'est bien cet homme puissant et robuste, qui est bien là devant moi et pourtant, malgré son visage maintenant émacié, decharné, dont le relief osseux prédomine, ce sont bien ses yeux, ses traits.
Lui, l'homme qui faisait près de 100kgs, doit désormais en faire environ 55-60 à tout casser. Il n'a plus de masse musculaire et on distingue clairement son squelette sous sa peau, ses os pointent comme s'ils voulaient s'échapper de son enveloppe.
Nous faisions régulièrement des visioconférences. Puis avec la progression de la maladie on se parlait quand il en avait la force. Je ne voyais que son visage et bien que je me rendis compte de sa transformation au niveau de sa tête, le voir ainsi métamorphosé me heurte, me peine profondément.
Il ouvre les yeux, me voit, je lui dit "salut" avec mon plus beau et chaleureux sourire et après environ deux à trois secondes (il est sous morphine), il me répond : " Ah non Reynald, qu'est-ce que tu fous là ! Avec un grand sourire de surprise et content de me voir.
Et nous commençons à échanger tout d'abord des banalités, sur qui m'a prévenu, qu'il ne fallait pas venir, qu'il n'en n'avait pas encore fini avec la vie, puis notre conversation tourne sur sa fin de vie et devient très spirituelle et intime.
"Tu es le seul de mon entourage qui comprend... toi tu sais...tu sais ce que c'est... tu comprends et je te remercie." Il regarde sa femme qui nous a rejoint et il lui dit "Je t'ai dit déjà, Reynald c'est le seul qui comprend et peut me comprendre ."
Elle le regarde et lui sourit tendrement...
Je m'arrêterais ici sur cet échange le reste nous appartenant à mon ami, son épouse et votre serviteur...
J'éprouve une grande tristesse de savoir que sa fin est probablement proche, deux semaines selon les médecins et le voir dans cet état de souffrance est difficile à encaisser.
Toutefois, si je veux être totalement honnête, j'éprouve également un autre sentiment beaucoup plus personnel et égoïste.
Il tient de sa finitude prochaine. Il va pouvoir "rentrer à la maison" avant moi. Il va pouvoir revoir mon petit lapin en sucre, ma petite femme adorée avant moi, car elle sera sûrement là pour l'accueillir, vu notre lien d'amitié.
Je dois bien reconnaître en toute honnêteté, que cette part de moi, qui se demande ce qu'elle a encore à faire dans cette dimension, se questionne sur : "quand est-ce que moi aussi je pourrai rentrer".
Avant de le quitter, car la fatigue le gagne rapidement, je lui demande d'embrasser ma Nathalie et de lui rappeler à quel point je l'aime. Il m'a répondu de ne pas m'inquiéter sur ce point, ce sera fait...
Ainsi va la vie... on croise des âmes, certaines pour quelques minutes ou quelques heures, d'autres quelques années et puis il y a celles qui fusionnent avec la nôtre : peu nombreuses certes, mais quand elles nous quittent, elles laissent un vide...
C'est ce que nous décidons d'en faire qui nous rend résilient.