18/08/2025
LE VERTIGE
Ce soir j'ai le vertige.
Je les regarde et je me demande dans quel monde ils vivront dans 80 ans ou plus (je l'espère pour eux...).
Nous vivons aujourd'hui déjà dans un monde où les effets du changement climatique sont déjà bien visibles, où les motocultures et l'apauvrissement des sols rendent la nourriture de moins en moins riche et qualitative, où les gens mangent de plus en plus mal, sont de plus en plus malades, plus connectés que jamais mais sans n'avoir jamais été aussi seuls, dans la comparaison, la concurrence et le mal-être. Les jeunes passent de plus en plus de temps entre les 4 murs de leur chambre sur un écran. Les enfants sont de moins en moins sensibilisés à la nature puisqu'ils y passent de moins en moins de temps. Comment protéger quelque chose que l'on connaît peine ?
Nous sommes dans une course effrénée la consommation, à l'habit le plus la mode, au maximum de pays visités à cocher sur la carte, aux plus belles photos pour montrer que notre vie est incroyable.
Pendant ce temps d'ailleurs, des familles entières meurent de faim dans une guerre et cela semble a mille lieux de nos préoccupations tant l'humain est devenu individualiste et centré sur ses propres plaisirs...
Nos parents nous laissent un monde duquel ils ne feront plus partie dans une vingtaine d'années, 20 ans c'est court pour voir les conséquences de tous ces choix, même si beaucoup sont déjà visibles... Nous, leurs enfants seront encore là dans 50 ans, c'est déjà un peu plus au vu de l'évolution des choses. Et nos enfants, eux, que verront-ils dans 80 ans ?
Je me questionne...
Pourquoi le cerveau humain est-il ainsi fait que nous sommes programmés pour choisir ce plaisir immédiat sans penser aux conséquences de nos choix ? Pourquoi ne comprend-on pas que les choix que nous pensons être des plaisirs offerts à nos enfants aujourd'hui; ces habits neufs achetés à chaque changement de saisons (qui ne sont maintenant plus 2 ou 4 par année mais de 1426 saisons), ce voyage à l'autre bout de la terre, cette montagne de paquets sous le sapin de Noël, ne sont peut-être en fait pas vraiment des cadeaux ?
Alors parfois je me sens démunie, je me demande quel est l'impact de n'avoir pas pris l'avion depuis 5 ans, d'avoir réduit ma consommation de viande, de chercher ce dont j'ai besoin en 2 ème main avant de l'acheter neuf, d'avoir refusé la proposition de la banque d'investir l'épargne de mes enfants dans des fonds "durables" qui financent tout de même l'industrie pétrolière et l'aviation...
Je me sens insignifiante, la fameuse petite goutte d'eau dans un océan immense. Je sais que je fais pleins de mauvais choix, que je ne suis pas parfaite. Ce qui rend le chemin encore plus difficile car quand on décide de faire des efforts, on porte rapidement l'étiquette de "l'écolo", ou alors on ne manque pas l'occasion de nous rappeler qu'on a fait quelque chose de manière imparfaite...
Parfois j'ai envie de tout abandonner, de me dire que tout ça ne sert à rien... même si je pense qu'il vaut mieux mille personnes qui décident de prendre l'avion de manière exceptionnelle ou de consommer moins de viande plutôt qu'une personne qui fait tout parfaitement bien...
Et puis je les regarde encore, et je leur promets de continuer mes efforts, car je me dis que dans 50 ans (je l'espère aussi...) je pourrai encore les regarder dans les yeux et leur dire que j'ai fait ce que j'ai pu, que je n'ai pas cédé aux "c'est les autres, la société, les grosses entreprises, Jean-Paul, qui doivent faire un effort".
J'aurais peut-être du préciser qu'il ne fallait pas lire ces lignes si vous étiez déprimés. 🙃
Mais je n'ai pas envie d'être fataliste, et j'ai envie d'apprendre à mes enfants qu'ils sont riches d'être dans le jardin, de connaître les noms des légumes plutôt que ceux des marques de voiture. Que ça n'est pas négatif de porter les habits déjà portés par les petits copains. Que nous pouvons faire de magnifiques vacances sans traverser la terre chaque année. Que c'est une qualité d'être empathique et altruiste. Qu'on est pas obligé d'être le meilleur ou celui qui tape le plus fort.
Et je suis sûre qu'un jour ils comprendront que la richesse était là, et que les vrais cadeaux étaient les efforts que nous adultes avons faits pour leur futur. Ils n'étaient pas sous le sapin ...