03/01/2017
Le scénario catastrophe du syndicat CC THIBAUD GUISAN
La Poste »
«C'est un combat qui met aux prises un géant face
à des petits nains.» Le syndicat Syndicom prédit une saignée du
réseau postal du canton de Fribourg d'ici à 2020.
Il en rend compte dans une carte truffée de points rouges et orange: autant d'offices de poste menacés à ses yeux.
«C'est aussi un appel à la mobilisation: du canton, des communes et de la population» tonne Yves Sancey, responsable communication du syndicat pour la Suisse romande.
Sur un document à prendre avec des pincettes, le syndicat
liste neuf des soixante-huit offices de poste fribourgeois
comme garantis à l'avenir:
Bulle 1, Châtel -Saint-Denis, Estavayer-
le-Lac, Morat, Tavel,
deux bureaux à Fribourg, ainsi
qu'un à Villars-sur-Glâne.
Selon Syndicom, tous les autres offices seraient menacés de fermeture prochaine (neuf) ou potentielle
(cinquante). «La Poste entend maintenir un grand office par
district et quelques bureaux en soutien. Etant donné la dynamique
en route, nous nous dirigeons vers un réseau de quinze
à vingt offices pour tout le canton à l'horizon 2020», déplore
François Ducrest, secrétaire régional chez Syndicom.
«Carte imaginaire»
Porte-parole de La Poste, Nathalie Dérobert Fellay ne se prononce
pas sur le pronostic ni sur les affirmations du syndicaliste.
«D'une manière générale, il n'est pas sérieux de créer une carte
imaginaire pour tenter d'inquiéter à tort les communes et nos
collaborateurs. Nous ne souhaitons pas nous prononcer sur les
estimations et spéculations de Syndicom», répond-elle.
Pour rappel, à fin octobre dernier, La Poste a provoqué un
choc, en annonçant une restructuration drastique de son
réseau pour 2020.
Le programme prévoit de fermer 600 offices de poste sur
1400 dans tout le pays.
En discussion avec tous les cantons, dont le Conseil d'Etat fribourgeois, le géant jaune n'a encore donné aucun détail sur les sites touchés.
«Ces dernières années, 150 offices ont fermé par an dans toute la
Suisse, rappelle Yves Sancey.
Rien n'indique que le mouvement s'arrêtera après 2020. La
Poste n'a pas de véritable stratégie, à part de diminuer le service
public. Elle réduit chaque année un petit peu son réseau.»
Menaces à Bulle
Syndicom considère les offices de poste de Bulle 2 et de La Tour-de-Trême parmi les points menacés de fermeture à court terme, au même titre que ceux de Cugy, Grandvillard, Matran, Riaz, La Roche, Beaumont (à Fribourg) et Villarsiviriaux. En réalité, ce dernier a été transformé en agence postale en août dernier, tout comme les offices de Siviriez et de Bellegarde, encette fin d'année. Pour le reste, La Poste confirme des réflexions en cours, sauf à Riaz, dont «l'office ne fait l'objet d'aucune discussion actuellement».
Corollaire de la restructuration annoncée par La Poste, le nombre d'agences postales doit passer de 800 à 1200 ou 1300 dans toute la Suisse d'ici à2020.
Remplaçant les offices traditionnels, ces antennes sont le plus souvent hébergées par des commerces locaux (boulangerie,
épicerie, pharmacie, etc.).
Le canton de Fribourg en compte déjà une trentaine.
Le doute des employés
En Suisse, 1200 collaborateurs sont «potentiellement» concernés
par la réorganisation du réseau postal. Selon Syndicom, environ 300 personnes travaillent dans les offices du canton.
«Le personnel des offices de poste fribourgeois est très angoissé
», rapporte François Ducrest.
«Le gros souci, c'est la
formation des collaborateurs
âgés de 40 à 60 ans. Beaucoup n'ont pas de CFC, mais une formationde monopole. Nous allons nous battre pour qu'une
validation des acquis puisse avoir lieu, comme cela s'était
passé il y a quinze ans (au début de la restructuration du réseau
postal, ndlr).»
François Ducrest annonce que Syndicom organisera des
réunions avec le personnel dès janvier dans toute la Suisse.
«Nous voulons voir jusqu'où les collaborateurs sont prêts à lutter
contre les fermetures d'offices.
Après cette phase de mobilisation, nous envisagerons des actions.
» Rien n'est décidé, mais le responsable évoque de possibles
manifestations devant des offices, voire un débrayage du personnel.
La mobilisation est en marche. »