15/12/2021
Ce week-end, tu t’es apprêtée. Nous avions un mariage, alors tu as mis du rouge à lèvres, du fard à paupières, du mascara, et tu as coiffé tes cheveux avec une jolie tresse qui ondulait en reflets dorés derrière ton oreille. Tu m’as demandé si je te trouvais jolie. J’ai répondu que je te trouvais tout le temps jolie, mais ce n’était pas la réponse que tu attendais. Tu voulais savoir si, en cet instant précis, figée devant moi dans ton pantalon corail et ton haut à dentelle noir, je te trouvais jolie. J’ai dit oui, mais sans m’attarder, sans comprendre à quel point c’était important pour toi.
Tu as passé neuf mois enceinte, avec ton corps qui s’est transformé, avec ce ventre rempli d’amour, mais si lourd et encombrant. Et puis tu as accouché, tout enduite de bétadine, parfois pâle et nauséeuse, parfois rouge et transpirante, les cheveux mouillés de sueur et les yeux remplis de douleur. Et puis tu as commencé ton congé maternité, et tu survis, chaque jour, avec ton t-shirt d’allaitement tâché de lait, et tes cernes, et tes cheveux sales (c’est toi qui le dit) attachés en queue de cheval. Pour moi, tu es tout le temps belle, mais toi, parfois, tu évites le miroir. Ou tu regardes ton reflet en soupirant, comme si tu ne te reconnaissais pas.
J’aurais dû comprendre l’importance de ces gestes (poser le mascara sur tes cils, enfiler ton pantalon corail, celui que tu mettais souvent avant d’être enceinte, brosser et coiffer tes cheveux), et les respecter, et t’accompagner dans le renouveau de ta féminité, maltraitée par la maternité. Parfois, je prends les choses à la légère, et j’oublie que tu t’oublies. Pourtant, c’est mon rôle, aussi : t’aider à te rappeler. Te rappeler que tu es mère mais aussi femme, et que c’est des deux dont je suis aujourd'hui amoureux ❤️