12/10/2025
MANIPULATION et BAISSE D'ESTIME DE SOI-MÊME
Bonjour !
Je trouve ce post très intéressant. Quand on est plutôt "gentil" et qu'on n'aime pas les conflits, on se fait facilement biaiser par ce genre de débats je trouve.
Prendre connaissance des modes de manipulations possibles est très intéressant et permet peut-être de moins se laisser piéger.
Personnellement, je peux me laisser "tétaniser" quand on me sort certaines choses sans logique, dans la malveillance ou la manipulation, c'est si loin de mes schémas de dialogue...
Et vous, cela vous est aussi arrivé de vous faire piéger par ces manipulateurs de "beaux" discours ? Comment vous sentiez-vous au sortir de ces échanges verbaux ?
Grosses bises et tout bon dimanche !
Lyne
Dans un climat où l’art de « gagner le débat » tend à supplanter l’écoute, la remise en question et l’échange sincère, les discussions publiques ou privées se retrouvent fréquemment parasitées par des procédés rhétoriques malhonnêtes. Ces techniques permettent à certains interlocuteurs d’éviter le fond du sujet tout en donnant l’illusion d’un argumentaire solide. Décryptage.
Voici sept stratagèmes fréquemment utilisés, accompagnés d’exemples concrets, pour mieux les repérer et comprendre les mécanismes de manipulation qui les sous-tendent.
1. L’homme de paille
La technique de l’homme de paille consiste à déformer ou caricaturer les propos d’un interlocuteur en lui prêtant des intentions qu’il n’a jamais exprimées. Ce procédé permet de rendre l’opinion adverse plus facile à attaquer en éradiquant toute nuance.
Exemples courants : Présenter un écologiste comme un nostalgique de la lampe à huile, accuser les féministes de vouloir asservir les hommes, résumer les positions de la gauche à une volonté de voler les « travailleurs » pour subventionner les « assistés ».
2. Le whataboutisme
Le whataboutisme, issu de l’expression anglaise « what about? », détourne l’attention d’un sujet en évoquant un autre problème, souvent sans lien direct. L’objectif : esquiver une critique en pointant les incohérences ou fautes supposées d’autrui.
Le plus connu des whataboutismes demeure sans doute celui qui est régulièrement déclamé aux écologistes, déjà débunké dans un précédent article : « t’es écolo, mais t’as un smartphone ? ». Il convient de rappeler qu’une critique d’un système peut coexister avec le fait d’y être contraint.
Ce sophisme est également fréquemment mobilisé par les défenseurs du gouvernement d’extrême droite dirigé par Benjamin Netanyahu. Le massacre du 7 octobre est ainsi systématiquement invoqué pour relativiser ou détourner l’attention du génocide en cours à Gaza. Cette stratégie de diversion se retrouve aussi dans les discours environnementaux, où certains acteurs cherchent à éluder leur propre responsabilité en comparant la France à des pays fortement émetteurs comme la Chine.
3. L’ad hominem
L’ad hominem est une technique très simple qui relève de l’attaque personnelle. Au lieu de répondre sur le fond, cette technique attaque la personne sur ses traits, ses défauts ou son passé.
Ce processus est extrêmement utilisé dans le milieu politique français, en particulier en raison de l’hyper personnification de notre système électif où le candidat qui porte un projet devient plus important que les idées elles-mêmes. Une technique qui a régulièrement été employée à l’encontre de politiciens progressistes à qui on a souvent reproché leur tempérament (ou tout du moins l’image qu’en donnent les médias) au lieu de s’attarder sur la substance de leurs propositions.
Cette stratégie est également mobilisée pour minimiser la responsabilité d’auteurs de violences sexistes ou sexuelles. Les mises en cause et leurs complices stigmatisent la victime sur des aspects de sa personnalité, ce qui n'a rien à voir avec la violence commise par le mise en cause. C'est un croisement de whataboutisme et d'attaque ad hominem.
4. Le mille-feuille argumentatif
Le mille-feuille argumentatif est une technique particulièrement efficace consistant à exposer une somme astronomique d’arguments fallacieux à la suite pour que l’adversaire n’ait pas le loisir d’y répondre.
Ainsi, il rejoint la loi de Brandolini, qui explique qu’il faut beaucoup plus d'efforts pour démentir de fausses informations que pour les énoncer. Ce procédé fonctionne à merveille dans notre système médiatique puisque la durée des débats est extrêmement réduite.
Face à un tel procédé, l’interlocuteur se retrouve contraint de choisir entre le silence, au risque d’être discrédité, ou la réfutation point par point qui lui fera perdre un temps précieux. Dans les deux cas, il sera en difficulté.
5. Le faux dilemme
Avec le faux dilemme, un débatteur peut mettre son adversaire dans un choix inconfortable en faisant comme s’il n’existait que deux solutions pour remédier à un problème. Certains pourraient par exemple dire « soit on augmente l’âge de départ à la retraite, soit notre système va s’effondrer ».
L’introduction d’une option volontairement inacceptable pousse implicitement à choisir la seconde, perçue comme un moindre mal. Et pourtant, on élude ainsi d’autres possibilités. Le faux dilemme ressemble d’ailleurs au « there is no alternative » de Margaret Thatcher qui assurait qu’il existait que le néolibéralisme comme solution viable.
6. L’appel abusif
L’appel abusif recouvre en réalité toute une série de sophismes qui consiste à invoquer un principe supérieur qui dispenserait de devoir avancer un véritable raisonnement rationnel. Parmi eux, on peut penser à l’argument d’autorité qui met en avant la position de quelqu’un comme seule justification de ses propos.
L’appel à l’émotion figure aussi parmi ces stratégies qui consistent à faire passer les émotions avant la raison, particulièrement utilisé sur les faits divers. On pensera aussi à l’appel à la tradition (« on a toujours fait comme ça »), l’appel à la loi (« c’est légal donc moral »), l’appel à la majorité (« la majorité pense comme ça, donc c’est juste ») ou encore l’appel à la nature (c’est naturel, donc c’est bon). Autant de processus qui ne reposent sur rien de rationnel.
7. L’inversion de la charge de la preuve
Très courant, ce sophisme consiste à exiger de l’autre qu’il démontre que notre position est invalide. Un croyant pourra par exemple dire « prouve-moi que Dieu n’existe pas ». Or, en agissant ainsi, il renverse la logique argumentative, puisque c’est à la personne qui expose quelque chose de prouver qu’elle dit vrai, et non l’inverse.
C’est d’ailleurs bien dans cette démarche que s’inscrit la justice ; si quelqu’un affirme qu’un individu a commis un délit, c’est à l’accusateur de le démontrer et pas à l’accusé. Dans le cas contraire, n’importe qui pourrait être inculpé pour n’importe quoi. De fait, il est impossible de prouver l’inexistence d’énormément de choses. Ce qui ne signifie pas qu’elles sont réelles pour autant.
✍🏼 Simon Verdière
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