04/11/2025
Selon l’approche jungienne, la rencontre amoureuse mobilise le processus de projection.
Dans la clinique du lien, l’expérience amoureuse fonctionne souvent comme un espace projectif où se rejouent des schémas relationnels précoces. Le partenaire devient le support de figures internes issues des premiers liens d’attachement. Ce processus de répétition n’est pas pathologique en soi : il traduit la tentative inconsciente de la psyché de symboliser une expérience affective restée inachevée.
Les patients rapportent fréquemment un sentiment de répétition : « je tombe toujours sur le même type de personne », « je revis la même déception ». Tant que ces scénarios demeurent investis d’espoir réparateur, ils se perpétuent. La saturation survient lorsque le sujet ne peut plus maintenir l’illusion d’un changement externe. Cette saturation marque souvent un point de bascule : le déplacement de la plainte (« les autres ») vers la reconnaissance d’un fonctionnement interne.
C’est à ce moment que le travail thérapeutique devient possible. La prise de conscience de la répétition permet une mise à distance du scénario, puis une élaboration du besoin primaire qu’il recouvre. L’amour, dans cette perspective, ne guérit pas directement : il agit comme catalyseur du processus d’intégration psychique. L’amour ne guérit donc pas nos blessures par sa seule présence, il les rend visibles jusqu’à ce que nous soyons prêts à cesser de les rejouer. C’est dans cette lucidité, et non dans la fusion, que commence la transformation psychique.