26/10/2025
Mythe ou réalité : « La réactivation traumatique, ça n’existe pas. »
On entend souvent : “Ce n’est que du passé, tourne la page.”
Mais le corps, lui, n’a pas de passé : il vit tout au présent, à travers la mémoire des tissus, des nerfs et des hormones.
Une émotion n’est pas un concept mental.
C’est un processus biologique complet :
→ activation du système nerveux autonome,
→ libération de neurotransmetteurs et d’hormones (adrénaline, cortisol, noradrénaline),
→ variations du rythme cardiaque, de la tension musculaire, du flux sanguin, de la respiration.
L’émotion est un mouvement physiologique destiné à préparer l’action : fuir, lutter, crier, pleurer, se protéger.
Mais quand le contexte ne permet ni l’action ni l’expression, ce mouvement reste inachevé.
Le corps se fige : le diaphragme se bloque, les muscles restent contractés, le tronc cérébral garde l’alerte.
C’est ça, le trauma : un réflexe de survie resté bloqué dans le système nerveux.
Et tant que ce mouvement n’a pas pu se compléter, le corps le garde “en mémoire”.
Il suffit alors d’un son, d’une odeur, d’un visage, d’une phrase, pour que tout le réseau neurovégétatif se réactive.
Nous ne parlons pas symboliquement mais physiologiquement.
L’amygdale tire la sonnette, le cortisol monte, le cœur s’emballe, le sang fuit la périphérie — exactement comme la première fois.
Ce n’est pas du “psychologique”, c’est une répétition physiologique d’un état inachevé.
Et cette réactivation n’est pas une erreur : c’est le corps qui tente de finir ce qu’il n’a jamais pu terminer.
Le travail, ce n’est pas de revivre la scène,
c’est de réouvrir la voie du mouvement : respirer là où ça s’était bloqué, sentir là où on s’était coupé, redonner au corps la permission de trembler, de pleurer, de relâcher.
Une émotion, c’est la vie en mouvement,
alors qu’un trauma, c’est la vie figée.
Et la réactivation n’est rien d’autre qu’une tentative du vivant pour reprendre son cours.
🎧 Breaking Through #2 — Les émotions : la peur de sentir
Disponible sur RGNR.tv