01/12/2025
Et si ce que tu appelles « relation toxique », « karma » ou « malchance » n’était en réalité que la répétition de tes propres programmations inconscientes ?
Extrait de mon livre D'une vie à l'autre .
En profondeur, une guérison n’est jamais acquise tant que l’attachement n’est pas vraiment transformé : par loyauté familiale, besoin d’appartenance ou fidélité inconsciente, on peut replonger dans les mêmes schémas. Quand un certain niveau de conscience est atteint, tous les attachements deviennent visibles pour ce qu’ils sont : des liens qui nous retiennent — affectifs, familiaux, amicaux, matériels, professionnels, liés à l’image sociale — et non plus des évidences.
La clé pour en sortir, c’est de réaliser que l’autre ne fait, en réalité, que répondre à nos propres programmations inconscientes… comme nous répondons aux siennes. Tant que ces programmes restent cachés, nous appelons cela « destin », « karma », « personnes toxiques » ou « malchance », alors qu’il s’agit le plus souvent d’un miroir précis de nos attentes, de nos blessures et de nos fidélités invisibles.
Le jugement, dans ce contexte, agit comme un poison lent. En condamnant l’autre, nous solidifions exactement la vibration que nous voulons quitter : plus nous jugeons, plus nous nourrissons les scénarios que nous prétendons fuir.
Sortir de ce piège demande un changement radical de posture : remplacer
« Qui a tort ? Qui doit payer ? » par « Qu’est-ce que cette situation vient révéler en moi ? Quelle programmation, quel manque, quelle peur cette rencontre met-elle en lumière ? ».
L’histoire de Donna illustre ce mécanisme avec force. À 24 ans, elle qualifie sa relation avec un homme de « toxique » : elle ne se sentait ni libre, ni elle-même, ni épanouie. En revisitant son passé, il est apparu que cet homme ne faisait que rejouer un vieux script inscrit en elle depuis l’enfance : petite, elle avait enregistré que, pour plaire, il fallait être soumise. Ne pas prendre sa place, ne pas déranger, ne pas contrarier. Sa mère fonctionnait déjà ainsi, et l’enfant avait confondu amour et soumission.
Vingt ans plus t**d, ce « programme » s’active de nouveau. Donna attire un partenaire autoritaire, non pas parce qu’elle « mérite » la souffrance, mais parce que son système interne cherche à confirmer ce qu’il croit vrai : « j’existe quand on me dirige », « je suis aimable si j’obéis ».
Cet homme n’était pas un saint, mais il cadrait parfaitement avec la partition qu’elle portait en elle. Il lui offrait exactement ce que sa programmation demandait inconsciemment : un cadre où se soumettre lui donnait l’illusion d’exister et de plaire.
En copiant sa mère auprès de cet homme, elle envoyait aussi un message silencieux à son père : « Regarde, j’attire un homme comme toi, je te prouve mon amour en rejouant votre histoire. » Plus loin encore, certaines mémoires anciennes montraient que Donna avait, de vie en vie, intégré le concept « femme = soumise » comme norme culturelle. Sa relation dite « toxique » n’était donc pas une anomalie isolée, mais la continuité logique d’un long conditionnement.
Dans cette perspective, ce sont moins les personnes qui sont « toxiques » que les attentes et programmations qui gouvernent la relation. Quand nous disons « il/elle est toxique », nous oublions souvent que nous avons été le terreau parfait pour que ce type de lien prenne racine : peur de la solitude, besoin d’approbation, croyances limitantes sur la valeur, fidélité aux schémas familiaux, etc.
Cela ne déresponsabilise pas l’autre de ses actes, mais cela nous rend à notre propre pouvoir : si la relation répond à une programmation, alors en changeant le programme, nous changeons les personnes que nous attirons et la manière dont elles peuvent interagir avec nous.
C’est là que la notion de karma retrouve son véritable sens : non pas un châtiment venu de l’extérieur, mais la répétition d’un scénario jusqu’à ce qu’il soit vu, compris et transformé. Tant que nous restons focalisés sur « qui doit payer ? », nous renforçons la polarité victime/bourreau et nous ajoutons des couches à notre propre dette émotionnelle.
Nous gaspillons notre énergie à vouloir que l’autre change, s’excuse ou souffre à son tour, au lieu de l’investir là où nous avons un vrai pouvoir : nos choix, nos limites, notre regard sur nous-mêmes.
La question centrale devient alors : vais-je continuer à courir après le serpent qui m’a mordu, ou choisir enfin d’aller chercher l’antidote ? L’antidote, ce n’est pas comprendre en détail pourquoi l’autre a fait ceci ou cela, ni le convaincre que j’étais « gentil » et ne méritais pas cette blessure. L’antidote, c’est : pourquoi ai-je toléré cela ?
Qu’est-ce que cette situation vient réveiller en moi ?
Quel besoin, quelle peur, quel manque me maintient dans ce type de lien ?
Guérir, ce n’est pas effacer le passé ni nier les injustices vécues. Guérir, c’est reprendre la responsabilité de notre part dans la danse relationnelle, sans se culpabiliser mais sans se mentir.
C’est reconnaître que, trop souvent, nous avons accepté des miettes, toléré l’inacceptable, supplié pour un peu d’amour, abandonné notre essence pour rester dans un système qui nous diminuait.
Se pardonner devient alors un acte fondateur : se pardonner d’être resté, de s’être tu, d’avoir cru que l’autre avait forcément raison, d’avoir pensé que l’on ne méritait pas mieux.
Se pardonner d’avoir, par peur d’être seul, laissé l’autre repousser toujours plus loin les limites de l’inacceptable. Le respect de soi cesse alors d’être un concept abstrait pour devenir un critère non négociable : ce que je tolère définit la qualité de mes liens… et la perception intime de ma propre valeur.
Sortir du rôle de victime, ce n’est pas nier la souffrance, c’est refuser qu’elle dicte encore notre avenir.
Cela suppose parfois de quitter le déni, de laisser remonter des mémoires enfouies, de questionner nos croyances (familiales, culturelles, religieuses) qui nous maintiennent dans la répétition de la douleur.
Car tant que l’on croit, par exemple, qu’il « faut souffrir pour être sauvé », qu’il faut « supporter les personnes hostiles et rester gentil », qu’il faut « tendre l’autre joue » à l’infini, on confond évolution et masochisme spirituel.
La vraie transformation commence le jour où l’on ose se demander :
– Quelles relations ai-je qualifiées de « toxiques » ?
– Quelles attentes cachées avais-je envers ces personnes ?
– En quoi ces histoires reproduisent-elles des loyautés familiales, des croyances anciennes, des scénarios déjà vus ?
À partir de là, le travail ne consiste plus à refaire le procès de l’autre, mais à démanteler, en soi, les croyances qui le rendaient possible dans ce rôle.
On cesse d’espérer que la vie « punisse » ceux qui nous ont fait du mal, car on comprend que souhaiter la punition, c’est nourrir la vibration même que l’on veut quitter. On commence à voir chaque rencontre comme un révélateur de ce qui reste à guérir, et non comme une preuve que « le monde est contre nous ».
Le jour où l’on peut dire en toute honnêteté :
« J’ai payé ma part. J’efface l’ardoise de l’autre. Je choisis de repartir à zéro avec plus de conscience, de respect de moi et de clarté sur ce que je mérite »,
ce jour-là, quelque chose bascule. Ce n’est pas de la naïveté, ni un déni de la responsabilité de l’autre : c’est un acte de souveraineté intérieure. On cesse de tourner en rond dans le même couloir karmique, et l’on ouvre une autre porte.
Au fond, tout ce chemin invite à une question simple, mais radicale :
Qui suis-je, en dehors de mes blessures, de mes fidélités, de mes colères et des étiquettes que j’ai collées sur les autres et sur moi-même ?
C’est à partir de cette question que la vraie liberté commence.
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