09/11/2025
La mémoire des géoglyphes sur l'invasion européenne des Andes
Ce géoglyphe monumental, long de 70 mètres, est le résultat de l'application de techniques millénaires utilisées par les peuples andins pour inscrire leur mémoire, combinées à une esthétique et à des contenus européens représentant la conquête militaire et spirituelle de l'Amérique par l'Europe.
Il représente le récit d'un voyage qui intègre des êtres jusqu'alors inconnus et dans un style européen Renaissance marqué. Ainsi, à côté des caravanes de lamas, apparaissent des animaux tels que des chevaux et des ânes.
On peut voir le cas de la figure du conquérant espagnol, vêtu d'un pantalon bouffant de l'époque, d'un morion à plumes (ou casque), d'une ceinture, de bottes, d'une hallebarde et d'une épée, tous objets caractéristiques des conquérants européens de l'Amérique du XVIe siècle.
Avec une longueur totale de près de 10 m, la figure du conquistador occupe une place si importante qu'il pourrait bien s'agir de Diego de Almagro, qui est revenu par ces chemins en 1536, pour retourner au Pérou. Ou du conquistador du Chili, Pedro de Valdivia, qui a emprunté précisément cette même route en 1540 lors de son voyage au Chili.
Une autre scène s'ouvre sur la figure d'un trompettiste qui pointe vers 12 autres personnages associés à ce qui pourrait être un long poteau, auquel plusieurs personnes semblent être attachées, leurs gestes trahissant une fatigue physique écrasante, comme s'il s'agissait d'esclaves.
Deux figures mythologiques européennes clôturent le tableau : le Diable et l'archange Saint Michel. Le premier est représenté avec une grande gueule, une petite queue et des pattes larges, tandis que l'archange est reconnaissable comme un être ailé, chaussé de bottes et vêtu d'une jupe.
La représentation du Diable en opposition à Saint Michel constitue le récit catholique du Jugement dernier, selon lequel le premier marque l'entrée dans les enfers, tandis que l'archange a pour fonction de juger et de séparer les justes des pécheurs.
Avec ce grand géoglyphe, ses créateurs andins se sont efforcés, peut-être pour la dernière fois, de raconter leur histoire à l'aide des techniques traditionnelles de mémoire, en incorporant des modes et des idéologies imposés par l'Europe, produisant ainsi un mélange unique et irremplaçable d'esthétiques occidentales et andines.
Pour en savoir plus sur cette recherche menée par la Fondation Desierto de Atacama, vous pouvez consulter l'article complet en cliquant sur le lien suivant :
https://www.academia.edu/43369308/LA_MEMORIA_DE_LOS_SENDEROS_ANDINOS._ENTRE_HUACAS_DIABLOS_ÁNGELES_Y_DEMONIOS