23/03/2021
QU'EST-CE QU'UN POISON CONVULSIVANT ?
On appelle poisons (ou toxiques) convulsivants, les poisons qui provoquent… des convulsions. Il s'agit essentiellement de la strychnine, du métaldéhyde, de la crimidine, des organophosphorés et des carbamates, et des pyréthrynoïdes.
ET QU'EST-CE QUE çA FAIT, CHEZ LE CHAT ?
À quelques variations près, tous les animaux empoisonnés par les convulsivants présentent à peu près les mêmes symptômes : dans un premier temps, on n'observe que des tressautements (trémulations, clonies) : c'est particulièrement visible sur la face et les oreilles. Dans l'intoxication par la strychnine, l'animal sursaute violemment en cas de surprise, par exemple si l'on claque des mains derrière son dos (hyperesthésie). Au fil des minutes, les contractions se font de plus en plus violentes, jusqu'à en arriver à de véritables convulsions : convulsions toniques par contraction des muscles extenseurs (le chat est couché sur le côté, tout raide, la tête rejetée en arrière), ou cloniques (le chat tremble et pé**le des quatre membres). À ce stade, il n'est généralement plus conscient - sauf exceptions (cas de la strychnine). La mort, due à l'asphyxie et à l'épuisement, suit généralement après un délai variable, en fonction de la quantité de poison absorbée, du type de poison, de la réplétion du tube digestif… Les chats qui ont eu la "chance" d'absorber une faible quantité de poison peuvent se réveiller spontanément, après quelques heures ou jours passés à convulser… mais ce cas de figure est rare !
ALORS, QU'EST-CE QU'IL FAUT FAIRE ?
Deux cas de figure possibles : vous venez de voir votre matou se régaler avec un appât empoisonné (ou quelque chose qui y ressemble), et il va encore bien, ou bien l'empoisonnement a déjà commencé.
1 - Il a mangé du poison !
Premier cas de figure : vous trouvez éventré l'emballage de poison "anti-nuisibles" que vous stockez dans le garage, et votre chien vous regarde innocemment, couché au milieu des morceaux de carton déchiquetés. Ou bien vous suprenez votre chat en train de se lécher voluptueusement les babines, entre les plants de tomate où vous avez disposé du tue-limaces supposé être répulsif. Pas une minute à perdre : téléphonez à votre vétérinaire pour lui exposer la situation, puis prenez votre animal sous le bras, (prenez aussi l'emballage du poison !), et amenez-le sans délai. Votre vétérinaire lui fera une injection, qui le fera vomir dans la plupart des cas. Si le poison est encore dans l'estomac, il partira avec le vomi, et le problème sera réglé à moindres frais. Notons que ces conseils sont valables quel que soit le type de poison, (y compris pour la mort aux rats aux effets anti-coagulants), la seule exception étant constituée par les produits agressifs pour les tissus (acides, soude caustique), qui lèseraient l'œsophage une première fois lors de l'absorption, et une deuxième fois lors du vomissement.
2 - ça y est, il convulse déjà !
Deuxième cas, de figure : l'empoisonnement a commencé. Le premier point important est de savoir reconnaître qu'il s'agit d'un l'empoisonnement, notamment dans ses premiers stades : ne pas se dire que le chat est bizarre aujourd'hui, qu'il fait de petits sauts et que ses oreilles bougent bizarrement, que si ça continue comme ça, demain, on l'amènera chez le vétérinaire. Regardez bien le film ci-dessus, et si votre chat ou votre chien fait quelque chose d'a**logue, téléphonez à votre vétérinaire, et courez !!! à ce stade, l'animal est conscient, on peut encore le faire vomir, et les chances de le sortir de là sont meilleures.
S'il est couché sur le côté, la tête en arrière, et pé**le, il faut courir encore plus vite.
Attention ! Toujours penser à téléphoner avant ! il vaut mieux "perdre" trois minutes pour téléphoner et savoir qu'une équipe est prête à vous accueillir, plutôt que d'arriver à l'improviste alors que votre vétérinaire est en train d'opérer et ne peut pas se libérer, ou pire, arriver le soir ou le dimanche devant un portail fermé, et partir alors à la recherche d'un vétérinaire de garde, avec le chat qui convulse sur le siège arrière de la voiture.
ET COMMENT çA SE TRAITE ?
Comme on l'a vu plus haut, la première mesure consiste à éliminer le poison… si c'est encore possible. Au mieux, on fait vomir l'animal : chez le chien, on utilise un produit vomitif ; chez le chat, on utilise un tranquillisant qui a le double avantage de faire vomir, et d'arrêter les convulsions. Au pire, si l'animal n'est plus conscient, on pratique un lavage d'estomac. Si le chien ou le chat vomit et qu'il n'y a pas de poison dans ce vomi, c'est que le poison est déjà parti dans l'intestin, et là, le lavage d'estomac ne servira à rien. On pourra toujours faire avaler du charbon activé à la sonde gastrique, pour qu'une partie du poison soit "adsorbée" sur le charbon, et éliminée avant d'être absorbée par l'organisme… mais la plupart du poison sera malheureusement bel et bien absorbée, et il n'y aura plus alors qu'à attendre qu'il s'élimine avec les selles.
Si l'animal est déjà en train de convulser, on n'en est plus alors à essayer d'éliminer le poison : il s'est, de toute façon, déjà répandu dans l'organisme, et l'urgence est alors d'éviter le décès du chien ou du chat, qui peut survenir à tout moment. On pose alors un cathéter pour disposer en permanence d'une voie veineuse, (pas toujours facile sur un animal qui fait des sauts de carpe à cause du poison), et l'on injecte un produit qui vise à arrêter les convulsions (généralement un anesthésique ou un sédatif). Ensuite, on surveille (on ne sait jamais à quel moment les convulsions vont reprendre, et il faut être prêt à réinjecter du produit), on réchauffe, on reéquilibre par des perfusions, etc. Lorsque l'animal, après une demi-journée ou une semaine (!), commence à reprendre conscience sans se remettre à convulser, c'est que l'intoxication est terminée.
Mais attention, quel que soit l'état de l'animal à son arrivée à la clinique, il ne faut jamais penser que c'est gagné, avant d'observer un retour complet à la normale : nous avons vu des chiens ou des chats qui semblaient peu atteints, et qui sont morts une heure plus t**d en dépit de soins intensifs, et d'autres qui sont arrivés en très mauvais état, après de longues heures de convulsions, qui sont restés près d'une semaine sous anesthésie, inconscients et en hypothermie, et qui se sont réveillés sans problème à la fin ! Devant un empoisonnement par un convulsivant, il est raisonnable de considérer que l'animal a une chance sur deux de s'en sortir. Précision importante : s'il s'en sort, c'est sans séquelle dans la quasi totalité des cas. Dans une intoxication par un convulsivant, on en meurt ou on s'en sort : il n'y a pas de demi-mesure !