29/08/2025
pH, potentiel rédox et équilibre ruminal : deux indicateurs clés de la fermentation microbienne
🔹 Le rumen est un écosystème anaérobie complexe, où l’activité microbienne conditionne la digestion des fibres et la production d’acides gras volatils (AGV).
Deux paramètres fondamentaux permettent d’évaluer son équilibre :
● le pH, reflet de l’acidité du milieu ;
● le potentiel rédox (Eh), reflet de l’activité fermentaire et du degré d’anaérobiose.
🔹 Le pH ruminal
● Valeurs physiologiques : 6,0 – 6,8
● Fonction : maintien de l’équilibre entre flore cellulolytique (digestion des fibres, active > 6,0) et amylolytique (digestion amidon, tolérante aux pH plus bas).
● Désordres :
○ < 5,8 : acidose subaiguë (SARA) → baisse ingestion, boiteries, baisse lait/GMQ.
○ < 5,0 : acidose aiguë → désordres graves, parfois mortels.
🔹 Le potentiel rédox (Eh)
● Définition : mesure du pouvoir oxydoréducteur (capacité du milieu à accepter/donner des électrons).
● Valeurs physiologiques : -250 à -450 mV, optimum ≈ -350 mV.
● Rôle :
○ Indique la stabilité de l’environnement anaérobie.
○ Favorise le développement de bactéries anaérobies strictes (fibrolytiques, méthanogènes).
○ Variation rapide = déséquilibre fermentaire (excès O₂, stress oxydatif, dysbiose).
🔹 Interactions pH – Redox
Ces deux paramètres sont interdépendants :
● Acidification → baisse du pH → flore cellulolytique inhibée → Eh se modifie (accumulation d’AGV, variations métaboliques).
● Apports excessifs de concentrés → forte production d’AGV + lactate → chute pH et perturbation du rédox.
Ils offrent une vision complète de l’état du rumen : chimique (pH) + énergétique (Eh).
🔹 Implications pratiques en élevage
Leur surveillance permet de :
● Adapter la ration (fibres, amidon, vitesse de fermentation).
● Utiliser des correcteurs (tampons, levures vivantes).
● Améliorer la santé digestive et la performance (production laitière, GMQ).
🔹 Conclusion
Le suivi simultané du pH et du potentiel rédox constitue un outil précieux pour comprendre la dynamique microbienne ruminale. Intégrer ces mesures dans la pratique vétérinaire et la recherche permet de mieux gérer les troubles digestifs et d’optimiser les performances des ruminants.