07/11/2025
Le Paradoxe du Deuil : Quand la douleur devient une preuve d’amour
Le deuil n'est pas une simple succession d'étapes à franchir, mais une réorganisation complète de l'existence. Christophe Fauré, dans son ouvrage « Vivre le deuil au jour le jour », nous plonge au cœur de cette expérience en soulignant l'une de ses grandes contradictions : pour prendre soin de notre deuil – c'est-à-dire pour transformer la douleur en un lien apaisé – nous devons accepter d'avancer, de retrouver le goût de la vie.
Mais pour beaucoup, cette idée réveille un véritable conflit de loyauté et une peur panique.
• La peur d'oublier.
• La peur de se détacher.
• La peur de trahir la personne disparue.
Comme si la seule preuve visible de notre amour, pour nous-mêmes, pour les autres, et surtout pour la personne partie, résidait dans la persistance de notre souffrance.
Moins on souffre, moins on aurait aimé ? C'est une idée incroyablement tenace qui nous emprisonne.
C'est là que se trouve le nœud du processus : le "travail" de deuil n'est pas un effacement, mais une transformation. Le but n'est pas de perdre le lien, mais de le faire passer de l'extérieur vers l'intérieur, de le rendre intact et stable, quelle que soit votre progression dans la vie. Il s'agit de réorganiser l'amour, non de l'abandonner.
Prendre soin de son deuil, ce n'est pas oublier l'autre ; c'est s'autoriser à continuer à l'aimer d'une manière qui nous permet de vivre pleinement. C'est le plus bel hommage qu'on puisse rendre à leur mémoire.
En tant que thérapeute spécialisée dans l’accompagnement du deuil, je suis souvent confrontée à cette culpabilité. Ce conflit de loyauté est si puissant qu'il bloque parfois l'accès au soin, car aller mieux est inconsciemment perçu comme le début de l'oubli. Comprendre et dénouer cette résistance est le cœur de l'accompagnement. La thérapie vise à vous autoriser à passer de la souffrance de l'absence à la richesse de la présence intérieure, sans trahir l'amour, pour enfin initier la cicatrisation.