21/11/2025
On dit que les chevaux voient les fantômes.
Ce n’est pas tout à fait vrai.
Ils voient des ombres.
Des reflets.
Des bruits suspects de moustiques pas nets.
Bref : tout ce que nous, pauvres humains aux sens émoussés par la caféine ou notre avis d'imposition, ne pouvons pas percevoir.
Mais promis, derrière cette sensibilité parfois… agaçante, il y a une logique scientifique bien réelle.
un champ visuel de 340°, l'équivalent de 3 rétroviseurs sur une fiat panda ... Mais s'il voit mal de près ( d'où la nécessité parfois , de prendre un peu de ...recul ) , il détecte le moindre mouvement à des dizaines de mètres et
Son cerveau hurle : "courage fuyons "
Pas de discussion à perdre dans des analyses et discussion.
Le cheval est une proie depuis 50 millions d'années et son cerveau est câblé pour :
"réagir d’abord, reflechir ensuite"
Parceque “le temps d'analyser la situation, je serai déjà digéré.”
Pas étonnant que ton cheval te snobe quand tu dis “Mais enfin ! Ça n'est qu'un plot en plastique orange , m**** !”
Dans son cerveau, toi tu n'es que l’humain qui ne voit rien et qui finira mangé tout cru par les vilains prédateurs cachés dans la haie de la carrière.
Ce n’est pas du manque d’éducation.
C’est de la biologie.
Mais un cheval craintif réagit rarement “tout seul”.
Le cheval est un animal grégaire qui réagit en fonction de ses congénères et ne fait qu'un avec le troupeau. Sauf que son principal congénère ( au moins le temps de votre séance )… c’est toi.
Oui, TOI, le grand bipède qui ne mange pas de foin mais que ton cheval a désigné comme " référent principal " faute de mieux.
Chez un cheval sensible, ta fréquence cardiaque, c’est un peu son bulletin météo. Une tension dans tes épaules, des sacades dans ta respiration ou une main crispée et il se met immédiatement en alerte orange. Pour lui, tout micro-signal est une raison de se mettre en mode survie.
Mais meme si c'est parfois tentant , punir les réactions de crainte chez un cheval, c’est une double erreur : on sanctionne un instinct… et on abîme la confiance... Qui le rend encore moins serein.
Un cheval effrayé ne “teste pas”, ne “provoque pas”, ne “fait pas exprès”. Il réagit comme un animal de proie programmé pour survivre.
À l’inverse, un humain posé, cohérent et prévisible devient un support émotionnel.
Respiration lente, gestes fluides, distance adaptée… et le cheval finit par se synchroniser comme un smartphone qui capte enfin le wifi.
La sérénité, ce n’est pas de la magie : c’est juste de la biologie avec un soupçon d’effet miroir.
Bon, forcement, dit comme ça, on dirait un tuto YouTube " apaiser mon cheval en trois minutes "
Évidemment dans la vraie vie… c’est plus coton.
Parce qu’un cheval craintif ne se transforme pas instantanément en moine tibétain juste parce que tu as décidé de respirer par le ventre. (Désolé si je brise un mythe.)
Certains traînent des casseroles, d’autres ont des douleurs invisibles, et beaucoup sont simplement plus sensibles que la moyenne.
Mais il y a moyen que tu devienne le pilier sur lequel ils peuvent se reposer quand ils en auront la capacité.
La sérénité, chez ces chevaux-là, ne s’impose jamais. Elle s’apprend, doucement, dans la répétition de petites victoires où ils se sentent compris et jamais bousculés... Et parfois c'est long...très long...et la magie peut même ne jamais opérer , parceque le cheval n'a pas eu l'opportunité de croiser le cavalier qui lui laissera le temps ou l'environnement qui lui faut.
Quand un cheval craintif retrouve sa sérénité, ce n’est jamais un miracle soudain : c’est le résultat d’un cavalier qui devient son phare dans le brouillard. Peu à peu, les sursauts s’apaisent, les muscles se dénouent et l’œil reprend sa douceur. Le danger n’a pas disparu du monde… mais il a appris qu’avec lui , il peut enfin respirer sans guetter les ombres...
Illustration de Pompinette