03/11/2025
Dans la médecine de Caraka, la maladie n’est jamais le fruit du hasard, ni d’un ennemi extérieur, mais la conséquence d’un déséquilibre provoqué par un excès, un manque ou une transgression du rythme naturel (kāla, mātrā, krama).
Autrement dit : ce n’est pas l’action en soi qui nuit, mais la démesure dans l’action.
L’Ayurveda n’est pas une science du “bien / mal” moral, mais une science du juste dosage. Tout peut être remède, tout peut être poison : selon la quantité, le moment et la constitution de la personne.
La racine des maladies : l’excès (ati-yoga)
Caraka affirme que la mesure est la condition de la santé, et que tout excès - même de ce qui est bénéfique - devient destructeur.
- Trop manger, même d’aliments sains → āma, obstruction, maladie
- Trop jeûner → dénutrition, Vāta aggravé
- Trop dormir → lenteur, Kapha, dépression
- Trop peu dormir → Pitta/Vāta, anxiété, brûlure, vieillissement prématuré
- Trop d’exercice → épuisement, perte d’ojas, sécheresse
- Trop de sexualité → vidange des dhātu, affaiblissement du système immunitaire
- Trop de discipline → rigidité mentale, perte de joie
- Trop d’émotion → dérégulation des doṣa, agitation du mental
Ce principe est résumé dans le sloka célèbre du chapitre 7 : “Même le nectar devient poison s’il est pris en trop grande quantité.”
L’homme qui se détruit : image du lion et de l’éléphant
Caraka illustre ce principe dans le sloka : « Celui qui s’adonne à l’excès, même dans des choses favorables, se détruit soudainement, comme celui qui tente d’attirer un éléphant ou un lion. »
En effet, l’excès, chez Caraka, n’est pas une erreur physique, mais une erreur d’orgueil (māna) et d’ignorance (avidyā).
L’homme qui dépasse la mesure est celui qui oublie :
- la nature de son corps (prakṛti)
- le temps (kāla)
- sa capacité réelle (bala)
- la fragilité d’ojas
Il croit pouvoir forcer la nature, mais la nature le brise.