19/05/2025
(Se) pardonner.
En ce moment particulier de ma vie, l’importance du pardon me touche profondément. Pardonner les autres… et se pardonner à soi-même.
Je parle rarement de ma vie personnelle ici. Mais aujourd’hui, ce que je vis incarne si bien ce que je souhaite transmettre, que je fais une exception.
Ma grand-mère, mon dernier grand-parent, s’en va doucement.
Nous partageons de nombreux souvenirs, plus ou moins heureux, plus ou moins sympas. Doux-amers.
C’est une femme à l’« amour vache » : elle aime, mais parfois maladroitement, parfois cruellement. Longtemps, je lui en ai voulu.
Ces derniers mois, je l’ai parfois envoyée gentiment balader lorsqu’elle me demandait un service. Elle pouvait devenir blessante, mais je laissais glisser. Je connais ma valeur, j’accepte mes limites.
Et puis arrive ce moment où je comprends que nous n’aurons plus jamais l’occasion de nous chicaner ou de discuter de sujets profonds.
Et là… les souvenirs remontent. Les fois où j’ai dit non. La culpabilité s’invite.
Tout s’emmêle :
« Elle était dure, c’est vrai. – Oui, mais elle a tant souffert, elle n’a pas su faire autrement… J’aurais pu être plus douce. »
Je tourne en boucle.
Alors je commence par lui pardonner. Pour ce qu’elle n’a pas su faire autrement. Je trouve un peu de douceur dans ce pardon.
Puis vient le plus difficile : me pardonner, moi. C’est impératif pour vivre plus sereinement la suite.
Mais la culpabilité est coriace. Elle trouve mille raisons pour rester.
Je sature. Alors je crée. C’est mon refuge.
Peinture, bijoux, cuisine, poèmes… je laisse parler mes mains, pendant des jours.
Et soudain, ça y est. J’y suis. La douceur revient. Le pardon est là.
Maintenant, j’essaie d’apporter à ma grand-mère cette douceur, un peu chaque jour, à l’hôpital : une musique, un poème, un souvenir, une carte peinte rien que pour elle, une main posée sur la sienne.
Des attentions simples, qui actent le pardon. Et beaucoup d’amour, en silence.
Apprendre à se pardonner, c’est pouvoir avancer.