25/11/2025
💜 25 novembre : entendre la réalité des violences faites aux femmes
Aujourd’hui, 25 novembre, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, je voudrais rappeler que derrière chaque chiffre, il y a une histoire, une vie, des enfants, des traumatismes qui se prolongent longtemps après les faits.
Quelques repères chiffrés:
Dans le monde, en 2023, environ 85 000 femmes et filles ont été intentionnellement tuées. Dans 60 % des cas (51 100), l’auteur est le partenaire ou un membre de la famille – soit environ 140 femmes ou filles tuées chaque jour, une toutes les dix minutes.
En France, en 2024, les forces de sécurité ont recensé 107 femmes tuées au sein du couple 👉 Cela revient, concrètement, à un décès tous les trois jours.
En 2024, près de 272 400 victimes de violences commises par un partenaire ou ex-partenaire ont été enregistrées par la police et la gendarmerie en France. Le nombre de victimes a doublé depuis 2016. Parmi les victimes enregistrées, environ 85 % sont des femmes et 86 % des mis en cause sont des hommes.
En 2023, on compte au moins 93 femmes victimes de féminicide au sein du couple, 319 tentatives de féminicide et 773 femmes ayant fait une tentative de su***de liée au harcèlement par un (ex-)conjoint.
Selon les enquêtes nationales, seules environ 15 % des victimes de violences sexuelles conjugales portent plainte.
Ces chiffres disent deux choses à la fois :
L’ampleur de la violence (et en particulier des féminicides, qui sont la pointe émergée de l’iceberg).
L’ampleur de l’injustice, quand on sait combien de faits ne sont jamais signalés, combien de procédures sont classées sans suite, combien de femmes ne sont pas crues ou suffisamment protégées.
La violence, ce n’est pas “que” les coups
Dans notre travail, nous voyons à quel point la violence conjugale et les violences sexistes sont souvent banalisées ou mal nommées.
La violence, ce n’est pas seulement l’homicide ou les coups visibles. C’est aussi :
-le contrôle coercitif (l'emprise, l'isolement, menacer les enfants, manipuler la procédure judiciaire) – que la loi française commence seulement à reconnaître ;
-les violences psychologiques : rabaissements, humiliations, insultes, gaslighting ;
-les violences économiques : confisquer les moyens de paiement, interdire de travailler, contrôler tous les comptes. En 2023, 23 % des femmes ayant contacté le 3919 déclaraient subir des violences économiques.
-les violences sexuelles, y compris au sein du couple, parfois vécues longtemps comme « normales » ou « dues ». A ce titre, ⚖️ Une avancée majeure en 2025 : la fin du « devoir conjugal »
Dans un arrêt du 23 janvier 2025 la CEDH a condamné la France pour avoir retenu comme « faute » le refus d’une femme d’avoir des rapports avec son mari.
(obligation implicite de relations sexuelles dans le cadre du mariage).
Cet arrêt met juridiquement fin à l’idée historique du « devoir conjugal » de 1810, et renforce la protection du droit à disposer de son corps, y compris dans la sphère intime.
Une enquête récente montre aussi que 1 femme sur 3 victime de harcèlement sexuel, d’exhibition ou d’envoi d’images sexuelles n’en parle à personne.
Ces violences laissent des traces profondes : troubles anxieux, dépression, stress post-traumatique, sentiment d’auto-culpabilité, troubles du sommeil, difficultés professionnelles, effets sur les enfants exposés… Elles ne s’arrêtent pas le jour de la séparation.