25/11/2025
Lìdōng (立冬)
Aux Portes de l'Hiver
Le Sommeil de la Terre et le Feu des Chaudrons.
❄️ 🥟🍲
🌨️ Le Souffle du Froid et la Promesse du Repos
Chaque année, entre le 7 et le 22 novembre, la Chine accueille l’un des moments les plus symboliques de son calendrier solaire : Lìdōng (立冬), littéralement « l’établissement de l’hiver ». C’est le 19e terme solaire, celui qui annonce la fin du cycle automnal et l’entrée officielle dans la saison froide.
Mais Lìdōng n’est pas seulement un repère climatique — c’est un moment philosophique, une respiration du monde. Dans la pensée traditionnelle chinoise, l’hiver représente le repos de la Terre, le retrait de l’énergie vitale (Qi) vers ses profondeurs, et l’invitation faite à l’homme de ralentir, nourrir et conserver.
Autrefois, les paysans terminaient les moissons, les familles préparaient les réserves et les souverains rendaient hommage à la saison nouvelle par des rituels impériaux.
De la cour des empereurs jusqu’aux foyers ruraux, Lìdōng rythmait la vie sociale, agricole et spirituelle, liant chaque être humain aux cycles du cosmos.
De la douceur automnale du Sud aux neiges précoces du Nord, chaque région célébrait ce passage à sa manière — à travers les repas, les habits, les offrandes, les gestes de gratitude et les préparatifs du froid.
Dans ce voyage à travers les coutumes du Lìdōng, découvrons comment la Chine a su transformer le simple changement de saison en une ode à la patience, à la prévoyance et à l’harmonie.
Quand la Nature s’endort — Le Nord et le Sud face à l’Hiver
Lìdōng n’apporte pas le même souffle sur tout le territoire chinois.
Au Sud, la lumière reste tiède, la brise encore caressante. On y parle d’un “petit printemps” (小阳春), cette parenthèse où les feuilles t**dent à tomber et où la douceur de l’air fait presque oublier l’hiver. Un dicton populaire dit :
« Octobre est un petit printemps : août est brûlant, septembre est doux, et octobre garde encore un souffle de chaleur. »
Dans ces régions méridionales, comme le Guangdong ou Hainan, l’été vient à peine de s’achever. L’hiver y t**de à s’imposer, n’arrivant véritablement qu’en décembre, lorsque les vents du nord apportent enfin leur fraîcheur.
🌸 Un automne prolongé, un hiver patient. Les habitants profitent encore de la lumière, des marchés de saison et des promenades en plein air. C’est une période de transition, douce et poétique, où la nature se prépare lentement au repos.
❄️ Le Nord, royaume du froid et des premières neiges
Plus au Nord, le changement est radical. Le ciel s’assombrit, les vents se lèvent et les premières neiges recouvrent les plaines du Heilongjiang ou du Gansu. Dans le Nord-Est et le Nord-Ouest, les paysages se figent rapidement : les rivières gèlent, la terre durcit, et l’hiver s’impose sans attendre.
Les paysans observent attentivement le ciel, car la chute du givre annonce la fin des récoltes et le temps des labours profonds. Lìdōng y incarne la mise en réserve de la vie, la suspension du mouvement, le repli de l’énergie vitale dans les racines.
Un ancien texte du Classique de la Piété Filiale le décrit ainsi :
« Quinze jours après la descente du givre, lorsque la Grande Ourse pointe vers le Qian, c’est le début de l’hiver. L’hiver est le temps du repos : tout se replie, tout s’apaise. »
🌬️ Le Silence de la Terre, l’Éveil Intérieur
Pour les anciens Chinois, cette dualité entre le Nord et le Sud symbolisait la complémentarité du Yin et du Yang : le Sud, lumineux et doux, incarne le Yang résiduel, la chaleur persistante de la vie ; le Nord, froid et immobile, représente le Yin profond, la concentration des forces naturelles.
Ainsi, Lìdōng ne marque pas la mort de la nature, mais le début de son repos, une phase de gestation silencieuse avant la renaissance du printemps.
Les Travaux de la Terre — Eau, Givre et Labour d’Hiver
À l’époque du Lìdōng, la nature s’endort, mais les champs ne restent pas immobiles. Les anciens Chinois savaient que c’était le moment clé pour préparer la terre à renaître. Dans ce cycle où la sève redescend vers les racines, les paysans accomplissaient une série de gestes précis, fruits d’une observation millénaire du ciel et du sol.
💧 L’Art Subtil de l’Arrosage d’Hiver
Dans les régions du Nord, où la terre gèle la nuit et dégèle le jour, les agriculteurs pratiquent ce qu’ils appelaient “l’arrosage du givre” (冻水浇田). Un vieux proverbe disait : « Gel la nuit, dégel le jour : c’est le moment idéal pour arroser. »
À cette période, lorsque la température moyenne quotidienne se situe entre 8 et 4°C, l’eau s’infiltre lentement dans la terre, réchauffe les racines et empêche le gel profond. Cet arrosage n’a rien d’un simple geste agricole : il reflète une science du temps et une harmonie avec les cycles naturels.
🌱 S’il est trop précoce, les jeunes pousses risquent de croître avant l’hiver et de geler. 🌾 Trop t**dif, le sol se durcit, l’eau n’entre plus, et les racines s’asphyxient.
Ainsi, même au cœur du froid, le geste du cultivateur demeure mesuré, attentif, respectueux du rythme du vivant.
🐂 Labour d’Hiver : Retourner la Terre pour Appeler la Fertilité
Avant que le sol ne se fige, dans les plaines du fleuve Jaune, les agriculteurs s’empressent d’effectuer le labour d’hiver (冬耕). Ce travail profond a pour but de retourner la terre, d’enfouir les restes de culture et de favoriser la fertilité du sol pour la récolte suivante.
Les proverbes populaires l’affirment avec conviction : « Labourez tôt en hiver, et vous récolterez tôt l’année suivante. »
« Un labour profond porte ses fruits, même sur une terre aride. »
Le labour d’hiver permet à la terre de respirer, d’absorber la neige et la pluie de la saison froide, et d’offrir au printemps une terre plus meuble et plus riche. Sous le givre, les mauvaises herbes se décomposent, nourrissant la terre, tandis que les oiseaux éliminent les parasites restants.
🌿 Le Fumier d’Hiver : Un Secret de Longévité des Sols
L’épandage de fumier au moment du Lìdōng n’était pas seulement un travail de force : c’était un acte de prévoyance. Les paysans disaient :
« Le fumier d’hiver fertilise les champs, celui de printemps nourrit les pousses. »
Durant les longs mois froids, l’engrais a le temps de pénétrer lentement le sol, renforçant les racines pour la saison suivante. Ce savoir empirique, transmis de génération en génération, traduisait une vision circulaire de la vie : chaque décomposition prépare la renaissance.
🌏 Terre, Eau et Ciel : un principe agricole
Les travaux d’hiver expriment la philosophie même du Lìdōng : ne jamais lutter contre la nature, mais coopérer avec elle. Le cultivateur n’impose pas son rythme à la terre ; il écoute, observe, et agit lorsque les signes célestes le permettent. C’est cette communion entre le Ciel (天), la Terre (地) et l’Homme (人) — les Trois Forces de la pensée chinoise — qui assure l’équilibre du monde agricole.
Rituels Impériaux — Quand l’Empereur Accueillait l’Hiver
Dans la Chine ancienne, chaque changement de saison n’était pas un simple phénomène naturel : c’était un événement cosmique. L’empereur, considéré comme le Fils du Ciel (天子 Tiānzǐ), se devait d’en marquer la solennité à travers des cérémonies codifiées qui garantissaient l’ordre du monde.
Lìdōng, en particulier, symbolisait l’entrée du royaume dans la période du repos et de la réserve. C’était le moment où le souverain cessait les expéditions militaires, suspendait les affaires de guerre et tournait son regard vers la paix et la protection du peuple.
🕯️ Trois Jours Avant le Froid : Le Jeûne et la Préparation
Selon le Livre des Rites (礼记 Lǐjì), trois jours avant le Lìdōng, le Grand Historien annonçait : « Tel jour est le début de l’hiver. La vertu de l’eau est à l’honneur. »
L’empereur observait alors un jeûne rituel, s’abstenant de viande et de festins pour purifier son corps et son esprit. Ce silence préparatoire symbolisait la mise en repos du monde, un écho spirituel au repos de la nature.
⚫ La Cérémonie du Nord et la Vertu de l’Eau
Le jour du Lìdōng, l’empereur, accompagné des Trois Ducs et des Neuf Ministres, se rendait dans les faubourgs du Nord — direction associée à la saison hivernale selon la cosmologie chinoise. Là, il célébrait une cérémonie en l’honneur de l’Empereur Noir Xuanming (玄冥), divinité de l’hiver et de l’eau. Tout dans le rituel était noir : les drapeaux, les vêtements, les chars et les bannières.
Cette couleur, symbole du Yin et de l’eau, incarnait la profondeur, la stabilité et le recueillement. Les musiciens chantaient le “Hymne de Xuanming”, et une danse en huit rangs, nommée “Nourrir la Vie (养生之舞)”, était exécutée pour saluer la venue de la saison.
🏮 Compassion et Devoir : L’Empereur du Peuple
À son retour au palais, le souverain n’oubliait pas le monde des vivants. Le Livre des Han Postérieurs (后汉书) rapporte qu’après la cérémonie, l’empereur : « Récompensait ceux qui étaient morts au service du royaume et offrait assistance aux orphelins et aux veuves. »
Ainsi, le Lìdōng ne se limitait pas à une célébration cosmique — il portait aussi une dimension morale et sociale. C’était le moment où le pouvoir impérial s’exprimait dans la bienveillance et la protection.
🧧 Symbole d’Harmonie entre le Ciel et la Terre
Dans ces rituels, tout obéissait à la philosophie du Wu Xing (五行) — les Cinq Éléments : Bois, Feu, Terre, Métal et Eau. L’hiver, associé à l’Eau et à la direction du Nord, marquait une phase de repos et de concentration des énergies.
Le rôle de l’empereur était donc de s’accorder à cette respiration cosmique, pour assurer l’harmonie entre le Ciel, la Terre et les hommes. Ces cérémonies rappelaient que le Lìdōng n’était pas seulement une saison : c’était un équilibre à préserver, une promesse de renouveau.
Sacrifices et Gratitude — Les Gestes Ancestraux du Lìdōng
À mesure que les vents du nord se lèvent et que la lumière décroît, les gestes changent dans les foyers et dans les palais. Le Lìdōng n’est pas seulement un moment d’observation du climat — c’est une transition des comportements, des rites et des cœurs.
👘 Le Passage aux Vêtements d’Hiver
Dès le premier jour du Lìdōng, l’empereur changeait sa tenue : il troquait ses habits d’automne contre des manteaux de fourrure et des tuniques rembourrées.
Le Livre des Rites mentionne :
« En ce mois, l’empereur commence à porter des manteaux de fourrure. »
Sous la dynastie des Han, l’empereur offrait également ces manteaux à ses ministres et serviteurs.
Dans les familles ordinaires, on sortait aussi les habits d’hiver des coffres, on ajoutait des doublures de coton et on préparait les couvertures.
🏮 Le Culte des Ancêtres : Honorer, Nourrir, Remercier
Le Lìdōng fait partie des « Quatre Saisons et Huit Fêtes » (四时八节) de la Chine ancienne. Il s’agissait d’une fête majeure, empreinte de reconnaissance et de recueillement.
Les familles se réunissaient pour offrir aux ancêtres des plats de saison — légumes racines, riz gluant, viande mijotée, vin doux — afin de leur exprimer gratitude et respect. Ces offrandes symbolisaient le cycle de la vie et de la mémoire, la continuité entre les générations et la nature.
Dans les foyers, ce même esprit se retrouvait à petite échelle : on remerciait la terre pour les récoltes, on partageait les mets de la saison et l’on priait pour un hiver clément.
🙏 Repos, Gratitude et Intériorité
Le Lìdōng n’était pas seulement une période de fêtes, mais aussi une période de repos moral et spirituel. Après des mois de labeur, les familles se retrouvaient enfin autour du feu, partageant repas, contes et silences. On disait alors : « Lidong nourrit le corps, remplit l’estomac vide. »
Cette expression ne se limitait pas à la nourriture physique. Elle signifiait aussi nourrir le cœur et l’esprit, se préparer intérieurement à l’hiver, cultiver la paix après l’effort.
🥬 Réserves et Préparations — L’Art de Prévoir l’Hiver
La période du Lìdōng (立冬) symbolisait le temps de la récolte et du repli, moment où l’homme, comme la nature, apprenait à conserver et à attendre. 🌾 Ce n’était pas un signe de frilosité, mais l’expression d’une intelligence du rythme : celle qui sait qu’un hiver bien préparé mène toujours à un printemps prospère.
🏺 Faire des Réserves : Une Harmonie entre Prudence et Créativité
Dans les foyers du nord, Lìdōng sonnait l’heure de la mise en réserve. Les marchés bruissaient de cris : on empilait les choux chinois (白菜 báicài), les radis, les pommes de terre et les navets. Ces légumes étaient ensuite conservés dans des jarres de céramique ou transformés en pickles parfumés, une pratique à la fois pratique et poétique.
🥬 Dans les villages, on voyait des familles entières préparer des centaines de kilos de choux marinés, destinés à durer tout l’hiver. Ce rituel, mêlant sel, patience et soleil pâle, n’était pas qu’une tâche ménagère — c’était une célébration de la prévoyance et du lien familial.
Aujourd’hui encore, dans les campagnes du nord, on dit : « Sans chou dans la jarre, pas de chaleur dans le foyer. »
🍶 Le Vin de Shaoxing : L’Or Liquide de l’Hiver
Au sud, dans la région de Shaoxing, Lìdōng marquait le début de la saison du brassage du vin jaune (黄酒, huángjiǔ). Cette période, allant de Lìdōng à Lìchūn (立春, le début du printemps), était considérée comme la plus propice à la fermentation.
Le froid stabilisait les levures naturelles et révélait des arômes riches, ambrés, rappelant le miel, le bois et le xérès. Le vin était ensuite stocké dans de grandes jarres scellées à la cire, enterrées pour mûrir lentement — comme le ferait un souvenir précieux.
🍶 Au fil du temps, ce vin de riz, à la fois doux et corsé, devint un symbole de sagesse domestique et de convivialité. On l’utilisait pour mariner les viandes, relever les plats, ou simplement pour trinquer à la santé du foyer.
Héritier d’un savoir-faire millénaire, le vin de Shaoxing est aujourd’hui reconnu comme un trésor du patrimoine immatériel chinois, mêlant art, science et tradition.
💭 La Philosophie du Lìdōng : Préparer pour Vivre en Harmonie
Ces pratiques agricoles et domestiques révèlent une vision circulaire du temps. Dans la pensée chinoise, l’hiver n’est pas une fin mais une gestation silencieuse, une période où tout se replie pour mieux renaître.
Préparer, conserver, nourrir — ces verbes traduisent l’essence même du Lìdōng : savoir attendre, respecter les cycles, et reconnaître que la lenteur est parfois la plus grande des sagesses. 🌨️
Les Saveurs du Froid — Raviolis, Soupes et Festins de Lìdōng
Lorsque les premiers frimas descendent sur les plaines du nord, la cuisine devient un refuge, un art de vivre qui réchauffe autant le corps que le cœur. Lìdōng (立冬) n’est pas qu’un changement de saison — c’est une célébration gustative, où chaque plat porte une bénédiction, chaque bouchée une histoire. 🍃
🥟 Les Raviolis du Nord : Héritage de Compassion et Symbole de Prospérité
Selon la légende, le médecin Zhāng Zhōngjǐng (张仲景), sous la dynastie Han, aurait inventé les raviolis (饺子, jiǎozi) pour soigner les pauvres du froid mordant. Voyant les oreilles gelées des villageois, il façonna de petites pâtes en forme d’oreilles, les remplit de viande et d’herbes médicinales, puis les fit bouillir pour réchauffer les corps et les cœurs.
Depuis, le jour de Lìdōng, il est de coutume dans le nord de la Chine de manger des raviolis pour protéger les oreilles du gel et attirer la prospérité. Le mot jiǎozi (饺子), homophone de jiāozi (交子), signifie aussi « la transition entre deux saisons » — un passage, une renaissance.
🥢 Dans les foyers, les familles se réunissent pour façonner ces petits croissants de pâte. Certains y glissent une pièce ou un grain de poivre : celui qui le trouve aura chance et santé pour l’hiver.
« Au nord, on mange des raviolis à Lìdōng ; au sud, on déguste du canard. »
🦆🍜 Les Soupes du Sud : Réconfort et Équilibre du Qi
Dans les régions méridionales, où les hivers sont plus doux mais humides, Lìdōng rime avec soupes nourrissantes et plats mijotés. Ces recettes, issues de la médecine traditionnelle chinoise, visent à renforcer le Qi (énergie vitale) et à harmoniser le corps avec la saison.
🍲 Les soupes de poulet au ginseng, de bœuf au gingembre, ou encore de poisson mijoté aux racines médicinales, rappellent que manger, en Chine, c’est aussi prendre soin de soi. Au Fujian, au Guangdong et à Taïwan, cette coutume s’appelle “Nourrir l’hiver” (补冬, bǔ dōng) : une manière poétique d’entretenir la vitalité face au froid.
« Nourrir l’hiver, c’est nourrir la vie. » — adage du sud
🍲 La Fondue d’Agneau : Le Feu du Nord sous la Neige
À Pékin, autrefois sous la dynastie Qing, le jour de Lìdōng était célébré par une fondue d’agneau (涮羊肉, shuàn yángròu). Ce plat, à la fois festif et réconfortant, rassemblait familles et amis autour d’un bouillon bouillonnant.
L’agneau, reconnu pour ses propriétés réchauffantes, était plongé dans un mélange d’épices et de sauce de sésame — un symbole d’unité et de partage. Autour du feu, on récitait parfois des poèmes d’hiver, mêlant l’art et la chaleur humaine.
🔥 Aujourd’hui encore, la fondue de mouton reste un rituel de Lìdōng à Pékin : un moment où l’on savoure la simplicité d’être ensemble.
🦆 Canard, Porc Salé et Riz aux Légumes : Saveurs du Sud Profond
Dans les provinces du Jiangsu et du Zhejiang, les tables de Lìdōng se parent de canard braisé, porc salé et riz parfumé aux légumes d’hiver.
À Suzhou, un plat traditionnel combine porc salé, légumes verts gelés et vinaigre de riz, lentement cuit au feu de bois.
Sa simplicité cache une sagesse culinaire : le gras nourrit le yang, le vinaigre stimule la digestion, le riz apporte l’équilibre.
Dans le sud, on dit : « Manger du canard en hiver, c’est nourrir le yin et apaiser le cœur. » 🕊️
Ainsi, chaque mets devient un remède — une manière de dialoguer avec la saison.
🍡 Les Boulettes de Riz Collant : Douceur et Harmonie Familiale
Dans la région de Zhangzhou, les familles préparent le Jiāo dōng cí (交冬糍), de petites boules de riz gluant roulées dans du sucre et de la poudre de cacahuètes grillées. Leur texture moelleuse symbolise la cohésion et la tendresse des liens familiaux.
Ce dessert, d’une simplicité poétique, se partage au coin du feu, dans les rires et les histoires de famille. Le riz gluant colle les générations, tout comme l’hiver rapproche les âmes.
🧄 Remèdes et Coutumes Santé : L’Hiver des Oignons et des Herbes
À Nankin, un dicton populaire conseille : « Une demi-tige d’oignon vert par jour, et tu n’auras pas peur du froid. »
Les anciens consommaient de l’oignon cru pour chasser l’humidité et renforcer l’immunité. Ailleurs, les familles pratiquaient des bains aux herbes à base de chrysanthème, de chèvrefeuille et de menthe, pour purifier la peau et se protéger des maux de l’hiver. 🌿
Ces gestes d’hygiène et de bien-être témoignent d’une vision holistique de la santé, où l’alimentation, les plantes et les rituels sont intimement liés.
🫖 Autour du Poêle : Thé, Vin et Poésie d’Hiver
Enfin, quand la nuit tombe tôt et que le vent siffle aux portes, il est temps de se rassembler autour du poêle. Dans les maisons du Jiangnan, on allume le brasier, on prépare du thé fumé ou un peu de vin de Shaoxing, et on laisse les heures s’écouler doucement. ☕🔥
Autrefois, durant les dynasties Tang et Song, on célébrait Lìdōng en se réunissant ainsi : on récitait des poèmes, on jouait du qín, et on laissait le froid dehors pendant que la chaleur humaine devenait la seule lumière nécessaire.
✨ L’Esprit du Lìdōng : Se Nourrir de Saison, Se Nourrir d’Âme
À travers ses soupes, ses raviolis et ses plats mijotés, Lìdōng nous rappelle une leçon essentielle : manger n’est pas seulement se sustenter — c’est s’accorder au monde.
Dans le feu du poêle, le parfum du vin jaune ou la vapeur des raviolis, se glisse une philosophie millénaire : celle de la mesure, du respect du cycle naturel et de la gratitude envers la terre.
Nourrir le Yin, Célébrer la Vie — Santé et Médecine Traditionnelle en Hiver
☯️ L’Harmonie du Yin et du Yang : Philosophie de la Saison Froide
Selon la médecine traditionnelle chinoise (MTC), le corps humain est un microcosme soumis aux mêmes lois que l’univers. L’hiver, gouverné par le Yin et l’élément eau (水), est la saison du repos, du stockage et du silence intérieur.
🌑 « Nourrir le Yang au printemps et en été, nourrir le Yin en automne et en hiver. »
Pendant cette période, l’énergie vitale (Qi 气) se concentre dans les organes profonds, notamment les reins (肾), les protéger, c’est préserver la longévité.
🪷 Ainsi, le repos, la chaleur, l’alimentation adaptée et la sérénité de l’esprit deviennent des remèdes naturels.
🍠 Les Fondements de la Diététique Hivernale : Chaleur et Douceur
L’hiver appelle les saveurs salées et amères, mais aussi les textures moelleuses et nourrissantes. Les aliments froids ou crus sont évités, car ils affaiblissent le feu intérieur.
Voici quelques principes alimentaires de saison selon la MTC :
🍲 Favoriser :
Les soupes longues et les bouillons riches (bœuf, poulet, agneau).
Les racines (navet, igname, lotus, ginseng).
Les céréales chaudes (millet, riz gluant, avoine).
Les légumineuses et les noix, qui renforcent les reins.
Les épices réchauffantes : gingembre, cannelle, anis étoilé, poivre du Sichuan.
🥶 Éviter :
Les crudités, les fruits trop froids, les boissons glacées.
Les excès de sel, qui fatiguent les reins.
💧 Et surtout : boire chaud, lentement, consciemment. Le simple geste d’une tasse fumante devient un acte de présence et de gratitude. ☕
🌿 Les Infusions et Plantes de l’Hiver : Les Remèdes de la Nature
Les traditions chinoises ont toujours privilégié les tisanes et décoctions, véritables élixirs de saison. Quelques mélanges emblématiques :
🌸 Infusion : fleur de chrysanthème, jujube rouge et goji — pour apaiser le foie et la vue.
🔥 Décoction Réchauffante : gingembre frais, dattes rouges et sucre roux — pour stimuler la circulation et chasser le froid.
💧 Bain aux herbes : chèvrefeuille, menthe, verveine — pour purifier la peau et détendre les muscles.
Ces gestes simples perpétuent une médecine douce et préventive en respectant le rythme des saisons.
💤 Le Sommeil et le Silence : Méditer avec l’Hiver
Les textes anciens, comme le Huangdi Neijing (黄帝内经), conseillent en hiver : « Couche-toi tôt, lève-toi t**d, attends le soleil pour te lever. » ☀️
Le repos n’est pas paresse : il est une forme d’alignement avec la nature. En se couchant tôt, on suit la retraite du soleil ; en dormant davantage, on permet au corps de conserver son énergie vitale.
🧘♀️ La méditation, la lecture, la calligraphie ou la musique douce remplacent les activités intenses. L’hiver devient un temps de l’âme, où l’on apprend à écouter le silence et à se nourrir de calme.
🔥 Chaleur et Humanité : L’Art de se Réunir pour Se Réchauffer
Dans la culture chinoise, la chaleur est un médicament. C’est pourquoi les mois d’hiver sont rythmés par les repas partagés, les thés fumants et les soirées autour du feu.
🌕 L’Hiver, un Temps pour Grandir Intérieurement
Le Lìdōng nous enseigne que le ralentissement n’est pas une perte, mais une préparation. Sous la surface endormie de la terre, la vie s’organise déjà pour renaître.
De même, dans la lenteur de l’hiver, l’esprit humain peut se renouveler, réfléchir, apprendre, et mûrir.
🌱 Le silence extérieur devient un espace intérieur fertile — celui où l’on retrouve la paix, l’équilibre et la gratitude envers la nature.
🕯️ le "Mantra" du Lìdōng selon la Tradition
Ralentis ton pas.
Réchauffe ton cœur.
Nourris ton Yin. Et prépare le printemps dans ton âme. 🌷
Ornella Crépin