01/11/2025
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Le moi, en psychanalyse, désigne l’image que le sujet se construit de lui-même Le moi n’est pas une substance ou une vérité en soi, mais une construction imaginaire qui s’est formée en fonction du regard et des mots de l’autre. Aussi, le moi n’est-il pas le centre du psychisme : il est une fiction de cohérence et d’unité, une surface où se réfléchit le sujet. C’est aussi un montage défensif.
Lacan situe la naissance du moi dans l’expérience précoce du miroir. L’enfant, entre six et dix-huit mois, se reconnaît dans un miroir. Il perçoit une image unifiée de son corps alors qu’il vit encore la dispersion de ses sensations. Cette reconnaissance donne progressivement naissance à un sentiment d’unité, à la “conscience de soi” nécessaire à l’existence. Toutefois cette unité est imaginaire et le moi se fonde sur un malentendu : le sujet croit correspondre à l’image stable qu’il porte en lui, alors qu’il n’en est que le spectateur. Le moi est donc une fiction, certes précieuse et sans laquelle je ne peux me tenir, mais toujours leurrante, en laquelle je peux être tenté de croire outre-mesure.
Sans cesse cherche-t-on, à son insu, à donner cohérence à cette image. On cherche la cohérence, la maîtrise, la reconnaissance par les autres. Il y a un mouvement d’ajustement permanent qui soutient le moi et l’enferme dans une logique de correspondance et d’adaptation : il faut être conforme à une image que l’on pense précéder nos actes. Le moi doit faire avec le regard des autres, avec le regard des idéaux intégrés, avec les comparaisons. Il vise la solidité, alors que le sujet, lui, demeure divisé, mouvant, traversé par un langage qui ne peut jamais dire définitivement quoi que ce soit.
La quête de la “confiance en soi” du monde contemporain renforce l’illusion d’un moi consistant. Elle invite le sujet à croire en l’image du moi, à prêter de la valeur à la fiction. Ce renforcement flatte l’ego au titre d’une prétendue bienveillance. On fait comme si le moi existait vraiment. La lecture simplificatrice et pourtant largement répandue de la deuxième topique freudienne avec le moi et le ça renforce cette vision : le moi, conçu comme siège de la conscience, serait chargé de maîtriser le ça pulsionnel.
Dans les années 50, Lacan a refondé la psychanalyse contre l’ego-psychology. Dès lors, le rôle de la psychanalyse ne consistait pas à consolider le moi mais tout au contraire à en desserrer la prise. Le travail devait ainsi porter sur ce qui échappe à l’image et au statique de l’image : désir, parole, signifiants qui divisent le sujet. Après Lacan, l’analysant découvre alors qu’il n’a pas de moi à défendre ou à renforcer, mais un rapport - avec le langage, avec les autres, avec son désir, avec ce qui fluctue sans cesse - à soutenir.
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