art-chignaned

art-chignaned C'est une petite flaque crée au départ pour la Grenouille, un peu en sommeil aujourd'hui mais le

La page de la grenouille qui sommeille et que veille à entretenir le dit Serge Mathurin THEBAULT en attendant son réveil

28 décembre 2025J’enferme le bougon de la semaine dernière dans le placard, à double tour. Je jette la clef par la fenêt...
28/12/2025

28 décembre 2025

J’enferme le bougon de la semaine dernière dans le placard, à double tour. Je jette la clef par la fenêtre. Le trouble-fête ne gâchera pas l’épisode deux, second et dernier des animations commerciales, celles de fin d’année.

L’ai-je déjà dit, écrit ? Sans doute, probable, je réitère mon aveu. Je fus idiot. Je le suis toujours. Bonne chose, je ne me triture pas les méninges. Le manège contemporain ne frôle plus mon affect. Celui-ci, d’ailleurs, ne fut jamais le postillon de mon carrosse. Le gredin éloigne de l’essentiel.

Je me m’adonne pas, non plus, à la philosophie ou autre domaine des experts, comprendre l’absurde de la situation, justifier son raffut. L’intellectualisme ne fit jamais partie de mes prérogatives. Cela évite de s’engluer dans le mesquin, le tout pourri du comportement humain.

Je fuis micro pour melon. Je pratique autre. En catimini, j’entretiens conversation avec le divin, enfin, celui à ma portée. J’expérimente les opérations alchimiques de mon cerveau dérangé. Je m’échine à vivre en poésie.

Je tapisse toutes les parois blanches du rouge coquelicot. Créant mon tableau abstrait, je peinturlure les façades et surfaces de chatoyantes couleurs, chipées au gré de mes rencontres. Le gris et le noir y apportent, aussi, leurs teintes, liant mélancolie et sérénité. Je détruis, je recommence. Ce boulot Sisyphe plaît au gamin.

Je ravitaille ma troupe neurones de sensations exquises, d’émotions pures, de la cristallisation du beau dans un geste, un visage ou un paysage. Je les fais glisser le long de ma carcasse jusqu’à ses extrémités. Mon sang en devient bleu.

Je farfouille dans mes décombres. Je récupère matériaux. Je prends tout, tissus, plastique, tessons, acier etc.. Je m’acharne à ériger un palais. Je le voudrais somptueux, un osier empli de parfums, où tout promeneur ayant fait effort pour y parvenir, s’y retrouverait, s’y reposerait, s’y fortifierait avant d’édifier le sien.

L’ambition singe l’utopie. Je le sais. J‘échappe à la fatalité de l’ennui. Je surine la veulerie d’un couteau de papier. Je pardonne, seigneur, les faux-culs, adeptes de cette médiocrité, moi en premier, qui y cédât, quelques fois, par nécessité ou négligence..

Je paraphe léger le document usé d’une existence pleine. Je n’en retiens que les joies et biffe les épreuves. Je chantonne, marginal accompli, tralala sur mon chemin bohème. Pas changé, je cherche transcendance pour l’illuminer, encore une fois, mon sapin singulier.

Intrépide, je grimpe sur le marronnier, juste avant d’envoyer la contribution hebdomadaire. Du haut de sa cime, j’exécute le rite annuel, coutumier.

Bref, je vous la souhaite heureuse l’année qui vient, la deux mille vingt six.

*******************************

J’avais déjà effacé par inadvertance, le liminaire. Illico, j’avais composé un nouveau avec les grains du souvenir de l’ancien.

Rebelote, ce coup-ci, disparus, tous les textes mitonnés à votre attention.Ne reste que « cou taureau », qui fit l’annonce. Il sera le seul inédit, le survivant. Une mauvaise manipulation dut en être la cause.

Grrr, tout déconfit, ce matin, de constater le massacre. Mais fidèle à promesse donnée, je maintiens le rite. J’ai pioché dans mon escarcelle, textes anciens pour honorer nouveau dominical.

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L’ESCARGOT
Sous l’infante couleur de l’aube, un escargot peinait à loger sa maison sous le museau d’une fougère. Je l’ai vu lors de ma promenade matinale dans l’allée serpentant les vestiges des remparts.
Une bruine infime supplantait la rosée, s’insinuant sur les épaules, maîtresse aux griffes cruels, cherchant à rogner l’os encore frais d’une nuit de sommeil.
Je me suis penché vers le gastéropode. Je l’ai doucement recueilli dans ma main et l’ai posé là où mon humeur volage me l’indiquait. Je m’en veux maintenant. J’ai souvent agi ainsi par bonhomie humaniste avec les gens. J’ai voulu diffusément aider sans comprendre le tenant et les aboutissants de leur situation. J’ai joué l’âne, utilisant l’intuition poétique en écartant les nécessités matérielles dans une vie spirituelle.
j’ai eu droit à ma volée de bois vert, méritée. Il ne faut jamais chercher à se mêler du chemin de l’autre, l’inviter au sien à la rigueur, pas plus. Je viens d’en faire l’amère expérience.
Je pense à mon escargot. J’entrevois le pire scénario. Je l’imagine déboussolé au milieu de sa vie de lenteur, son désappointement de se retrouver, en l’espace de quelques secondes, au milieu d’un environnement inconnu et peut-être délétère.
Pire, pour accroître ma culpabilité, je vois avec horreur une pierre se détacher du mur d’à côté, et rouler, rouler dans une sourde colère inconsciente jusqu’à ma proie offerte pour l’écraser tout-à-fait.
Je ne cherche pas à justifier quoique ce soit. Je ne m’excuse pas mais j’essaie de m’améliorer, de ne plus répondre à ma compassion chrétienne crétine qui fait d’un ange, un bourreau.

(l’écit somnambule)

***

IMPOSSIBILITÉ
Je n’ai jamais su conjuguer un verbe dans ces expressions : savoir-faire ou faire savoir. Ma recherche de l’authenticité toise la première. Ma marginalité rend impossible la seconde.

***

ADRIEN HOMME

Lorsque Adrien Lhomme de son vrai nom
descendit le talus pour assommer de son poing
un bruissement de soleil dans les herbes
l’arbre retint son souffle les animaux leur respiration
devant ce brusque sursaut d’humeur
inconnu de tous et tellement inutilement beau.

(un œil dans l’enclos,2004)

***

COU TAUREAU

Sous toute lame je maintiens
mon cou taureau
de peur que le muscle ne perde
l’élasticité de sa fonction

En ce qui concerne
le bleu lilas du ciel
je l’incorpore dans le pli
de mes vêtements

Je ne me lasse pas
de pratiquer différent

***

DIALOGUE

Le rocher n’a pas son pareil
pour dialoguer avec l’océan

Cela se fait sans mots

Cela se fait
après une lente étude
de la caresse

(AA, 2010)

Serge Matjuriin THÉBAULT

21 décembre 2025Ça joue joyeux. Pff, l’imitation n’est qu’imitation. C’est tout le contraire de l’effet voulu.. Les rues...
21/12/2025

21 décembre 2025

Ça joue joyeux. Pff, l’imitation n’est qu’imitation. C’est tout le contraire de l’effet voulu..

Les rues bombent leurs torses de guirlandes lumineuses. Les clinquantes artificielles, bleues, orangées, jaunes, scintillent dans le noir nocturne, s’exhibent au balcon de quelques fenêtres bourgeoises. Les serpentines s’enroulent, même, écharpe, autour du tronc et des branches de mon pote l’albizzia, mon arbre du courtil.

Des baffes diffusent chansons commerciales. Les sirupeuses entraînent le troupeau. Le docile, piétinant le sol de ses sabots, se dirige vers le Marché de Noël.

Là bas, stands de vin chaud et babioles superflues, l’attendent. Là-bas, saltimbanques raviront les badauds par leurs cabrioles. Là-bas, cheval attelé à une carriole, enchantera leurs marmots.

Il en aura pour son argent, le divin consommateur. Va pour la valse des cocus. Je n’ai rien contre, j’en fais partie.

« Scrogneugneu », vous persiflez. J’entends. Vous vous dîtes que le drôlet pourrait s’abstenir de ronchonner aux temps des fêtes. OK, je n’allumerai pas une mèche de mots vachards pour vous contredire.

Mais… J’assume ce mécontentement voire cette mauvaise foi. Je maugrée d’assister, obligé, à cet hymne poisseux, annuel, à la surconsommation. Je râle contre cette supercherie qui vole à l’âme, un lieu possible à son expression, trahit la cause profonde de l’évènement, la naissance d’un enfant, censé sauver le monde.

Cette farce mercantile pue l’hypocrite, transpire le mesquin, affadit le sentiment. Une fanfare n’évite pas les couacs. Un semblant de joie, n’efface pas l’injustice, J’évoque celle, entretenue, la sociale, tout au long de l’année.

Je m’octroie ce droit, pester contre la connerie humaine. Je n’évite pas la mienne. Je transforme ma pièce monacale. Le couvent devient gueuloir. Je clame, sans déranger voisins, mon refus du médiocre. Cela est vain mais rassérène le moinillon. Les marchands du temple n’ont pas accès à la cellule de sa retraite.

Vous entendriez tout ce qui circule, en ce moment, en mon carafon cérébral, vos oreilles siffleraient. Vous seriez choqués. Si, si, j’ai logé du grossier de charretier dans mon vocabulaire. Je ne l’utilise pas. Je tiens à n’offenser personne. Je ne choquerai pas vos esgourdes sensibles.

Je les garde, pour moi, mes révoltes bohémiennes. Parfois, je les embarque avec moi, lors de mes promenades contemplatives et là, souvent, grâce au détail d’une tige d’herbe nue d’azur ou par les arabesques du vol d’un moineau, je les dissous, momentanément, dans le ravissement.

Je clos la minute de Monsieur Grognon. J’ôte le costume. Je réintègre mon paletot. J’en profite pour essaimer sur vos murs les derniers textes nés cette semaine. Les diables justifient le dominical.

Je termine, yeux dans les yeux. Je vous le souhaite, bon le Noël, sincère, sans arrière pensée, je jure..

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DOIGTS GLACÉS

La lampe de chevet fait son office. Elle tamise la pièce. Un halo lumineux éventre l’obscurité. Deux hautes fenêtres rectangles donnent sur la rue. Les volets servent de paupières, fermées. Au centre du studio, S. ondule sa brune et vaporeuse chevelure, en petite tenue, classe, bayadère..

Pas dépareillés, les couvreurs de sa féminité, slip et sous-tif, arborent la même couleur, bleu marine. Quelques étoiles blanches se posent dessus.

Je remémore et sirote la scène en tête, recréant la fictive féerie de la chair. C’était un soir où comblée d’étoiles, les prunelles de celle qui offrait volupté, s’abandonnaient par compassion ou concupiscence au vertige du désir, sans réclamer descendance.

M’en souviens, l’anomalie. Le chaud suait dans tout son corps, le froid y restait à l’extrémité de ses doigts. Glacés, toujours, ils étaient.

***

SVETLANA

Ainsi plongé dans un désordre, voulu, je range méticuleusement des braies d’émotions amassées tout au long du parcours.

Je m’étonne. La chair occupe la dernière place. J’en mets une à part, celle, où je contemplais le corps nu d’une fille faite pour la joie et que mon imaginaire transforma lianes à mesure que mes doigts animés par la caresse, cherchait, sur sa peau,le centre d’elle. Svetlana était son nom..

***

NOTE DE MINUIT

Être aimer, je m’en fous. Cet objectif ne flatte que l’ego, entretient le mirage consumériste.

Aimer, c’est une autre affaire. C’est tisser un lien entre soi et l’universel.

***

VIGNE

File chemin
parmi l’écheveau
des étoiles
une âme dégagée
de toute emprise
de convoitise

Belle rugit rubis diadème
sur la couronne du firmament

Je soigne ancien
mon vers nouveaux

J’apprends à éprouver
la sève
en élaborant ma vigne.

***

Ce n’est pas maugréer
qui changera le monde

Il ne changera jamais

La prouesse se tient
dans la promesse
de l’interstice

Il convient d’y tisser le sien
au sein de sa mouvance
d’y élaborer
son poème personnel.

**

Quand tel parle
énonce sa vérité
je me tais

la poésie est l’affaire
du silence dit.

***

Et voici, par parfums, le vaisseau ancien des conquêtes nouvelle

Serge Mathurin THÉBAULT

14 décembre 2025Fifre souffle air au creux des gouttières. Sur et à l’intérieur des joues du zinc, la chanson du vent, c...
14/12/2025

14 décembre 2025

Fifre souffle air au creux des gouttières. Sur et à l’intérieur des joues du zinc, la chanson du vent, celle de décembre, siffle sa lancinante rengaine. La ronronnante s’engouffre dans le corridor des neurones, éparpille les scories scotchées au pneu pesant des nécessités.

Et vlan, tout devient aérien dans la chambre de l’inspiration. Y a plus qu’à se laisser porter par l’effluve de la brise, appuyer sur le champignon des sensations. Le simple ne se pose pas en problème. L’évident accompagne l’opération.

Y a possibilité du Nirvana derrière le rideau. La fête sera ou ne sera pas. La cheffe d’orchestre, la muette, sera contente. Le foutraque s’entortille, expérience, avec aisance, dans le tournis de ses exigences.

J’ignore ce que pinson trillera. J’attends indications. Les meneuses de r***e, souvent nues, se révèlent à l’intuition.

Je poulope derrière la mienne. Je la coince, essoufflée, entre deux membranes fines de mon casque cérébral. Acculée, prise au piège, la peureuse accorde son aide. Elle projette, fraction de secondes, sur l’écran de mon cinéma mémoire, une scène, vécue, habitude. Celle-ci suffira-elle pour faire chanter dimanche ?

Je ne crois pas. Elle n’est pas nette, l’image. Il y a filles, sexualisées, là-dedans, un bar au nez allongé, des mecs roulant l’épaule, coqs idiots. Autour d’une piste de danse, d’autres, michetons avachis, mangent des yeux les corps dénudés des topless s’enroulant, érotiques, autour d’une barre de pole-dance.

il y a un va-et-vient permanent de couples entre la salle et les étages. Au plafond, des néons discos, balancent, tremblotants, une lumière artificielle. Ma main se pose sur la cuisse rose d’une fille, aux cheveux courts, blonds vénitiens..

Que fais-je là en ce lupanar espagnol ? Je narre ou narre pas ? Le sacré n’illumine pas la caboche. Sans lui, je me sens melon à exposer la misère ordinaire sans en ressortir le profond enfoui dans sa matière. J’abandonne.
Je saute du cheval de bois. J’enfourche dos d’un âne, qui de passage, m’amène à appréhender un gris à la façon d’un bleu.

Je le laisse braire sa ritournelle. C’est le peu du tout que je voulais vous offrir, aujourd’hui. Son son est le menu du jour. Il le mâcha toute la semaine. Pour vous, je crois...

**********************************

POÈTE

Oh la la ! J’ai attrapé un sourire, aux autres, insaisissable.

***

SEULS

Je me suis dévêtu de toutes idées pour mieux les capter, les recevoir, les feux-follets que secrètent les sensations pour ceux qui peuvent y voir derrière les murs uniformes du visible. Je m’en réjouis.

Je rédige, ainsi, indifférent à toutes compétitions. Les scélérates masquent toutes les subtilités, enferment l’esprit dans le corset de l’égo. Je ne présente ni les qualités d’un chef, ni celles d’un exécutant servile. Je pagaie sur une autre dimension.

Trois personnes, chez moi, souvent constitue, déjà, une foule. Je fuis tout ce qui peut accablé mon rêve des règles d’un système régi par l’intérêt, souvent mercantile..

Seuls, solitude et orage de la langue, me bercent de l‘illusion d’un possible meilleur.

***

ILLUMINÉ DE L’INTÉRIEUR

Je ne suis plus le seul illuminé du couvent. Des guirlandes, cause fêtes de Noël, scintillent sur le tronc, sur les branches de mon pote arbre, l’albizzia, face à ma fenêtre.

Soit-dit, je suis dedans et lui, dehors, au milieu du courtil. Je reste donc le seul illuminé de l’intérieur.

***

PRÉCISION

Juste dit
précisé

Je n’écris plus
sous l’embarras
des compromis

Je m’étends
halluciné
sur les vertèbres
élastiques des mots
lorsqu’ils s’enchaînent
souples
trois jours deux nuits
perles d’or sur le cou
des phrases

***
ÉTOILE ET ROSE

De minuit jusqu’à l’aube, épanouie
vingt années durant, sans répits
l’étoile fit d’une rose couleur argent
son unique contentement

***

ONZE DE DÉCEMBRE

Ce qu’il faut forer de nuit
pour capter une lumière

Les crocs du lion
mastiquent sous ma gorge
la chair d’un rêve mort né

Un peuplier bleu
tend son cou de cygne

Froid glacial le cisaille

Onze du mois décembre
guirlandes artificielles
enjolivent la rue

Pluie fond sur le trottoir

***

CIMETIÈRE

Fuient sur le gravier
les rayons du soleil

Créent l’ombre des tombes

Empêchent l’automne de mourir

Serge Mathurin THÉBAULT

7 décembre 2025Bercé du chuchotis des ondes, calées dans l’ouate du ciboulot, je fabrique les parois de mon palais, imag...
07/12/2025

7 décembre 2025

Bercé du chuchotis des ondes, calées dans l’ouate du ciboulot, je fabrique les parois de mon palais, imaginaire. Je cale mon dos douloureux (de moins en moins), contre le creux de mon fauteuil, roulettes. J’expulse, de ma pièce monacale, sans mal, les parasites, petitesse et médiocrité, ennemies jurées de la sérénité.

Je pratique facile. Quarante ans d’expérience aident. Je ne courbe plus sous l’effort. Le griot ne tournicote plus, depuis des lustres, son cerveau, d’idées fumeuses. Il n’est pas là pour plaire, se rassurer, dominer, rassasier son ego suffisant, d’un statut aussi factice que faux..

L’énergumène partage, sa bizarre expérience. Il louange la chance de respirer, de continuer, ahuri, à naviguer entre les interstices séparant le réalité fabriquée et le réel. Celui-ci charroie des pans du merveilleux sur le crâne de ceux et celles qui possèdent le don, recevoir..

Cela fait longtemps que le larron a quitté les illusions du troupeau. Le caillou (l’AVC), cinq ans, pile, déjà, n’a fait qu’accélérer le processus.

Je résume, j’affirme. Je sème les soucis. J‘enfume leurs effets d’un tour de passe-passe. Ma baguette s’illusionne magique. La baroque utilise les mots, à satiété, quitte à les sexuer autrement, afin que la phrase l’évoque, le possible universel

Je suis ici. Je suis ailleurs. Je me nargue de commettre l’impossible, laisser siffler la liberté jusqu’au bulbe de chaque poil. J’accapare le peu de lumière que diffuse, mollasson, un ciel gris de décembre. Je l’encourage à descendre sur le quadrillé du papier. Je me suis mis hors du monde, pour mieux le raconter de l’intérieur.

Les anges ne choient pas du ciel, uniquement. Parfois, les célestes tombent de moins haut. Vu (enfin c’est lui qui m’aperçut le premier et qui m’interpella), Christian, dit Mister Bean. Je ne l’avais pas rencontré depuis qu’il fît irruption dans nos dominicaux (voir celui du 12 octobre 2025).

A son accoutumée, il avance droit comme un as de pique. Mais là, une minerve entoure cou et crâne, un corset plastique emprisonne le haut du buste. Je m’inquiète, j’interroge. L’accent perché de sa voix répond : « en taillant les haies du jardin de mes parents, mes pieds ripèrent sur les barreaux de l’échelle. »

La chute fut grave, Elle nécessita un mois d’hospitalisation. Il fallut de peu que la colonne vertébrale soit touchée. Il informe, jovial, comme si cela ne le concernait pas, les frasques de ses déboires. Il ajoute : « c’est tout con de jouer l’acrobate à cinquante neuf ans ».

L’agneau déconcerte. Il épate. Il niche plume sur le plomb des drames, respect. Ça change. Les autres, les assis, vous en font des tonnes pour raconter leurs malheurs. Un rhume devient tempête, un mal de dos, un cyclone tropical. Les collés, au sol, piaillent bobos pour qu’on les remarque et les plaigne. C’est idiot, pitoyable. Nous sommes, tous, un moment, des corps souffrants.

Lui, le lunaire s’est dégagé du ridicule des comportements grégaires pour adopter. les légers de la désinvolture. Il agit à son insu, seigneur. Il se dépossède du superficiel pour encenser l’essentiel.

J’écris partial, j’avoue. Le gars a mis dans sa poche mon rétif imaginaire. Je suis sous le charme. Bien sûr, rose et bleu ne sont pas les uniques couleurs de son champ. Il doit y avoir du fumier dans un coin de son pacage. C’est lot de chacun

Moi, avec le mien, j’ensemence le rite. Et hop, habitude, j’essaime sur ce mur, les graines qui y ont germées cette semaine.

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INVENDABLE

Fusils braqués vers un ciel ouate, les branches de l’arbre, carré fenêtre. Ni feu, ni poudre, ne sortent de leurs bouches. C’est une posture. Elle aménage un coin de rêve dans un crâne, tout ennui.

Je rédige, sans autre intention que de m’extirper du pesant que génère toute société. La mienne lobotomise les cerveaux par le répétitif d’un marketing, agressif..

Une silhouette de piaf s’envole d’une gouttière. Ronronne dans la rue, le bruit des moteurs de véhicules, indistincts. Soudain, des cris rauques, s’élèvent puis se taisent. Un cabot aboie.

Je puise, pourtant, dans cette ambiance grise, anodine, le nécessaire pour suivre la phrase qui échappe des doigts, rend au corps, la légèreté dont l’esprit a besoin pour soutirer à son environnement toute la sérénité à laquelle il aspire.

Rien de plus beau, que dire non à la l’injonction d’un système, nous abrutissant, à être consommateur végétatif , sous le prétexte, de nous rendre heureux.

L’extase, joie infinie, ne s’achète pas sur les étals des marchands.

***

AMOUR

Éveille tes phalanges brûlées
lorsque tes doigts mutilés
ne répète l’affaire
que sous l’angle de la chair

***

CHAPELLE

Coté sortie
un escalier bois ba
s’entortille serpent
sage s’entortille
au cou d’une
colonne blanche

Au centre
des bancs grinçants
dès que fesse se pose dessus

En face
l’autel du Christ
rédempteur

Derrière
peinte bleue et rouge
la scène de la passion

Le soleil n’éblouit pas le vitrail

L’astre le béatifie.

***

CHÉRIR

Je ne suis qu’un chant
et mène ta danse là
où tu voudras
qu’elle te mène,

Car je n’ai aucun droit
sur ton rêve

Je chéris le mien
pour réveiller le tien.

***

NOTE D’AVANT SOMMEIL

Je pêche Dieu dans les oreilles d’un toucan plein de toupet.

Serge Mathurin THÉBAULT

30 novembre 2025Mon colosse ne vient pas de Maroussi, ni de Rhodes, d’ailleurs. Le mien loge à quatre vingt mètres de ch...
30/11/2025

30 novembre 2025

Mon colosse ne vient pas de Maroussi, ni de Rhodes, d’ailleurs. Le mien loge à quatre vingt mètres de chez moi. Une plaque dorée indique son métier, masseur-kinésithérapeute.

La première fois, cahin-caha, marche tortue, avalant à petits pas la surface de l’asphalte, cacochyme devenu, je poussai jusqu’à son cabinet, ma vieille carcasse où siffle, par intermittence, le strident d’une douleur.

Je ne narre pas, plaintif. En douce, je me marre. L’autodérision est béquille pour ne pas se laisser emporter par la maladie, melon La contagieuse inonde les micros.

Donc, visualisez. Un cachalot, un peu rougeaud, allongé, ventre sur la table de massage, attend le verdict. Au-dessus de lui, un jeune élancé musclé, quarantaine, genre grande taille, ausculte puis, localise le mal, avec ses doigts experts.

C’est un pro, un vrai. A peine trente secondes, le tortionnaire amplifie la garce algie à la rendre presque sourde. Je ne braille pas, encore chose que je ne sais pas faire. Il s’étonne. Moi, non, je connais le manchot. La souffrance est si vieille compagne qu’elle ne lui soutire plus le son d’un cri.

J’eus attendu une semaine, une sciatique eut remplacé une lombalgie. Adepte du verre à demi plein, je prends, cela, bonne nouvelle. Patience et soins chasseront le désagrément. Je connais les deux. Ils accompagnent, refrain d’une chanson, mon chemin escarpé, bizarre. J’en suis à la quatrième séance. L’irritante s’amenuise mais ne quitte pas son nid.

Est-ce tout ce qui gargouille, aujourd’hui en tête singulière ? Non, j’écris, bouilloire tissu au creux des reins. Le chaud diffuse une douceur. Je tâte le pouls de l’âme. Je me laisse bercer. J’attrape, illico, au lasso, une scène, en goguette, sur le plateau de la mémoire.

Kiev, le crapaud crapahute sur la pente d’une rue abrupte entre basse et haute ville. La nuit commence à diluer le jour. Un crépuscule, chair du soir, étale ses coloris oblongs, oranges et jaunes sur la surface calme d‘un ciel sans nuages. L’air d’été éveille toutes les senteurs, couchées dans le recoin des pierres.

C’est l’instant précis d’être poète. Je le suis vraiment. La moindre vibration traverse mes os, flatte mes sens. Soudain à l’intérieur de l’infime de ce moi-même, insignifiant, une tellurique poussée m’extirpe de tout calcul. Je flageole un peu, pas trop. Je cède à l’appel de la visiteuse. Miracle, je n’appartiens plus au monde mesquin. J’entre en transe

Je n’oublierai jamais ce moment unique, vécu à des milliers de kilomètres de la terre natale. Il y en eut d’autres, certes, pas beaucoup. Mais là, je fus visité sans aucun texte n’en fut la cause.

Ces grâces, ces bonheurs infinis justifient la route serpentine parcourue, expliquent les épreuves subies, Que valent la reconnaissance et les honneurs face à une transcendance ? Je ne parle pas du cocon cotonneux des couples ennuyeux. Je n’en pense pas moins. Toujours su où était ma place, jamais dans l’illusion que procure la promiscuité.

J’écris dimanche, comanche sans plumes d’apparat. J’affûte mes flèches. Je cherche ma cible, sans jamais la définir. Je veux et veux encore une rasade d’illuminations pour exaucer le vœu d’enfant, être soi, en résonance avec l’univers jusqu’au dernier souffle accordé, au vivant.

Cette prétention m’autorise, chaque semaine, va savoir pourquoi (le généreux de la vie, sans doute), à vous envoyer poèmes et proses. Ici, couvent, solitude soleilleuse, le moine reçoit lumière. L’inconscient tente de la propager…

****************************************************

AVALEUR DE VENT

Je lis, aujourd’hui, des pages de « papiers collés », Georges Perros. C’est une lecture récurrente, plus que celle de Rimbaud ou Baudelaire. L’authenticité du reclus de Douarnenez, j’en ai besoin. Je ne sais pas pourquoi, sans doute, pour renforcer la mienne.

Vertige, je me rends compte que j’ai presque plus de dix ans, côté présence, sur cette terre que l’infortuné, terrassé par un cancer de la gorge.

Qu’ai-je fait de ce délai accordé ? Je réponds : rien. J’ai encore six, sept ans. Le caillou n’a pas changé l’enfant. J’avale du vent et le recrache pépins de mots sur la page vierge.

***

C’EST DE L’ŒIL

C’est en l’œil que naît le paysage. La pupille sous l’emprise du cerveau le crée à sa façon. Encore faut-il que les deux possèdent ce don d‘y immiscer le feutre de l’âme. Sans lui, ce n’est qu’un décor sans relief.

***

CONFIDENCE

C’est parce que j’ignore tout de vous que je vous écris, si facilement

***

MENTON

Il y a ce qui rassure
et le bruit entêtant
de la pluie sur l’ardoise

Il y a ce qui n’est plus
sans jamais l’avoir été
un visage dessiné
par une vitre
assassinant une âme

Il y a le doute
et sa perception du monde

une désinvolture
jamais imposture

Elle admet
le balcon
menton
d’une maison.

***

J’AIME

Dézingué j’aime
le torticolis des pierres
sur le cou des murs
penchés

Pendant la nuit ma vie vit

J’aime écrire
le sensible des feuilles

J’aime
- chose bizarre -
prononcé non
au milieu des oui
unanimes

J’aime aussi la danseuse
lorsque devenue tige
le soleil rehausse
sa prestation
d’un rai coquin

Serge Mathurin THÉBAULT

16 novembre 2025De son fauteuil, roulettes  l’éclopé observe le futur assaut des oiseaux à la conquête du ciel. Les piaf...
16/11/2025

16 novembre 2025

De son fauteuil, roulettes l’éclopé observe le futur assaut des oiseaux à la conquête du ciel. Les piafs marins, créent bande sur l‘arête d’un toit, celui en face de ma fenêtre, droit devant mes mirettes.

Youpi ! J’occupe, place du choix, la première loge du spectacle, l’aérien, jamais commun. Jouissance ! La manœuvre prend son temps à se mettre en place. Je règle mon baromètre sur la face, soleil. Je régale ma cafetière des longs préparatifs de l’affaire. L’un se pose ; l’autre s’en va et ainsi de suite. Le ballet s’avère, sauvage, inexplicable. Tout ce que j’aime, l’irrationnel.

Doigts sous menton glabre, je regarde ce manège étrange des becs aux pattes effilés. Je suis fan. Je l’ai déjà dit, écrit, ma passion pour les zoziaux. Je m’identifie à ces libertaires de l’air, sans pour autant être, devenu expert. Je cale, sec, pour deviner leurs jeux voltigeurs. Va voir clair dans les intentions des artistes au bal des plumes !

Ah ! Je ne l’ai pas dit ? Les saltimbanques se nomment mouettes, poitrines blanches, ailes grises.

Chorégraphie se précise. Une dizaine d’entre-elles se tiennent, maintenant, immobiles, pareilles à des soldats que l’on passerait en r***e. C’est trognon de les voir ainsi, sages, presque statues momifiées par le sel. Puis tout à coup, sans crier garde, les rieuses s’envolent, unanimes. Une escadrille file, direction l’océan.

Séance finie, presque knock-out, le contemplatif, n’a plus qu’à solliciter l’abondance par sa corne à moineau, son ridicule cerveau. Je m’exécute, même si, je suis toujours sous le charme de l’exercice des locataires du là-haut, maritime..

Je redescend sec, la pente. Fréquentation d’anges n’est pas bonne pour réputation. Je sais. Cette fâcheuse habitude me fit assaillir par les pilonneurs d’âmes.

Ce jour, je foule pieds dans la m***e. Je relate, grognon, ma fâcherie du jour. Première fois, je viens de retirer de ma liste d’amis virtuels, la Facebook, deux cocos.

Deux extrémistes, l’un de droite, l’autre de gauche, inondaient, chaque jour mon fil d’actualités, de leurs inepties sectaires, égayées de sophisme. Les abrutis paient-ils pour le faire ?

C’est, parait-il, le commun des réseaux sociaux, cette haine ordinaire, symptôme du non vivre. Le pouvoir divise pour régner. Moi, je rechigne, je ne suis pas adepte. Ni gauche, ni droite, pas concerné par les idées, si pauvres en élévation, je navigue en mare, peinard, sans me mêler aux troubles des nénuphars.

Je radote ma résolution anar, liberté avant tout. Je baigne mes veines éprouvées dans le bouillon diffus des sensations.

Je n’impose rien, je ne juge rien, je propose, une autre façon de la becqueter cette tranche qu’est l’existence entre date de naissance et de mort.

Dans ce pré, léger est l’adjectif choyé, bienveillance est un mot qui y danse. L’attitude benoîte nique la niaiserie des puissants et des serviles.

C’est, pour tout dire, une flamme transmise par des aînés. Ils m’apprirent à me fier du tout faux, à capter dans le touffu, le merveilleux qui s’y cèle.

Dimanche donc, sans autre ambition que de continuer l’insolence de flirter avec l’intense, en toute impunité, presque anonyme, je susurre à vos oreilles encrassées des caquetages médiatiques, comme chaque semaine, le frou-frou de mes fredaines.

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VÉTILLE

Une garce, en traître, m’a saisi les reins. La perfide n’a fait connaître sa présence par des vives douleurs au bas du dos, m’assignant à reprendre mes promenades bancs, celles où il faut prévoir, sur son parcours, un de pierre ou de bois pour s’asseoir avant de reprendre son chemin. Elles furent, cause asthénie, une obligation lors de ma période suivant caillou, tsunami ayant ébranlé ma paillote.

Je suis allé voir médecin. Contracture musculaire est le nom de l’importune. Séances de kinésithérapie la chasseront de son terrier. En attendant, faire avec la douleur, l’AVC interdit toute prise d’anti-inflammatoires.

Stoïque, peau tannée contre le mal, j’écris ce texte sans chercher profondeur. Je la remets à sa juste place, la lancinante. Je la nomme vétille.

***

LES TRAÎTRESSES

Je tente de créer
un joyau
arraché au pneu
de mes boyaux

Et s’il n’est pas à la hauteur
de l’intensité donnée alors
je les biffe d’un juron
les phrases traîtresses

**

CONNU

Connu, moi ? Non, pas même des services de police.. Quoique, je joue honnête. Il me souvient d’une cellule de dégrisement, fin de goguette Paris, sixième.

***

AMNÉSIE

Soleils fracassés
contre le bronze
d’une statue de jardin

Il y eut un grand bûcher
autrefois
des nouvelles manières
d’appréhender le monde

L’aigle ne s’en souvient plus
là haut collé au ventre
joufflu des nuages

La terre, non plus..
n’a pas souvenir
des pieds qui l’ont foulée

***

POSSESSION LIQUÉFIÉE

Appliqué au matin
une résolution de l’aube

Voir
bleu teinté de jaune
l’œil
qui épée de Damoclès
veille
sur la validité des actes

Généreux
ils doivent être

Possession liquéfiée.

Serge Mathurin THÉBAULT

Adresse

Auray
56400ET75006

Téléphone

0618092100

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