23/11/2025
🤔 Hier encore, je suis tombée sur une publication qui conseillait de couvrir un cheval non tondu dès 10/15°... Quelle fausse bonne idée !
Saviez-vous que le cheval domestique possède exactement les mêmes capacités de thermorégulation que son homologue sauvage ?
Son organisme est conçu pour supporter le froid de manière incroyablement efficace, grâce à une combinaison de mécanismes anatomiques, physiologiques, comportementaux et métaboliques parfaitement orchestrés.
Plongeons au cœur de l’ingénierie thermique équine !
1️⃣ La zone de confort thermique du cheval :
Pour un cheval non tondu, la zone de neutralité thermique est située entre 5°C et 25°C.
Dans cet intervalle, il ne dépense aucune énergie pour maintenir sa température interne.
En dessous de 5°C, ses mécanismes internes prennent le relais.
Un cheval adulte en bonne santé peut ainsi supporter jusqu’à –15°C sans couverture.
Les vieux chevaux, les chevaux malades, trop maigres, les nouveaux nés etc ... doivent parfois être aidés pour se réchauffer, surtout quand leur organisme est affaiblit.
2️⃣ Le poil d'hiver : un outil de haute technologie naturelle :
Le poil d’hiver pousse grâce au photopériodisme : dès que les jours raccourcissent (solstice d’été), la production se met en marche.
La densité et la longueur du poil varient selon température, race, alimentation, climat.
La graisse naturelle du poil crée un film hydrofuge : l’eau glisse, les couches inférieures restent sèches.
La piloérection augmente l’isolation de 10 à 30 % en relevant les poils (effet “doudoune”).
Tondre les poils du manteau d'un cheval élimine totalement sa fonction de thermorégulation
3️⃣ La peau : un espace d’échanges thermiques contrôlé :
La peau, les artères cutanées et la masse poilue forment un système de thermorégulation ultra-efficace :
🔹Vasoconstriction → le flux sanguin se réduit dans la peau pour conserver la chaleur interne.
🔹Vasodilatation → plus de sang en surface pour évacuer l’excès de chaleur.
Un système autonome, instantané, finement régulé.
4️⃣ La digestion du foin : une chaudière interne :
La fermentation des fibres longues dans le colon produit beaucoup de chaleur métabolique.
Plus il fait froid, plus le cheval augmente naturellement son ingestion de fibres :
➡️ Le foin est son premier radiateur interne.
Les besoins énergétiques peuvent augmenter de 0,2 à 2,5 % par degré perdu (études Young & Coote, McBride, Cymbaluk…).
5️⃣ La graisse corporelle, un isolant naturel :
La couche graisseuse est :
-3× plus isolante que les autres tissus
-répartie différemment selon la saison
-essentielle à la gestion thermique hivernale
Les chevaux en condition naturelle prennent jusqu’à 20 % de poids en automne pour préparer l’hiver.
6️⃣ Le comportement, un mode d’adaptation intelligent :
En hiver, on observe :
-Réduction spontanée de l’activité pour économiser l’énergie
-Regroupement pour conserver la chaleur
-Orientation face au vent pour protéger les zones sensibles
-Recherche de soleil pour augmenter l’apport thermique
-Usage des reliefs et arbres comme coupe-vent
Des stratégies naturelles très efficaces.
7️⃣ Ce qui perturbe la thermorégulation :
Toute gestion inadaptée peut détruire ces mécanismes :
-vie en boxe → pas de mouvement, peu d’air, trop d’humidité
-couvertures → empêchent la thermorégulation naturelle et provoquent surchauffe/sueur
-tondre → suppression totale du “système poilu”
-manque de foin → manque de chauffage métabolique
-isolement → stress + impossibilité des comportements coopératifs
-stress chronique → immunité affaiblie + moins bonne résistance au froid
Le froid n’est pas le problème.
Les conditions inadaptées le sont.
👉🏽 Le cheval est naturellement « équipé » pour se protéger seul du froid et n'a pas systématiquement besoin d'une couverture dès qu'il fait moins de 5°.
Son organisme est une machine thermique extraordinairement performante…
à condition que l’humain lui permette de fonctionner normalement.