09/10/2022
Bonjour à toutes et à tous.
Voilà depuis quelques jours que je ressens une vive tristesse après la lecture de ce courrier du CNOSF datant de la semaine dernière, et j'ai eu envie de répondre à cette chasse aux sorcières mais à ma manière.
J'aurai des milliers des choses à dire mais selon moi, vous vous trompez complètement de combat.
Mesdames et Messieurs les sage-femmes :
- Battez-vous pour une meilleure reconnaissance de votre magnifique profession que je respecte tant.
- Battez-vous pour que l'on vous donne plus de moyens pour une prise en charge optimale de la femme dans tous les moments de sa vie.
- Battez-vous pour que vous puissiez donner plus de temps à chaque femme que vous accompagnez dans vos cabinets, à l'hôpital où en clinique.
- Battez-vous pour que vous ne vous occupiez que d'1 femme à la fois en salle de naissance et non 2/3 voire 4 patientes en même temps.
- Battez-vous pour une meilleure prise en charge des jeunes et futures mères en période pré et post-partum. Dois-je vous rappeller que le su***de est la 2eme cause de décès des futures et jeunes mamans ?
- Battez-vous pour obtenir des meilleures conditions de travail.
- Battez-vous pour que vos collègues sage-femme qui pratiquent des naissances et accompagnements à domicile soient reconnus et protéger afin de pouvoir travailler en sécurité et non dans la presque clandestinité.
- Battez-vous afin d'obtenir une vraie revalorisation salariale car oui commencer à moins de 2000€/mois après 5 années d'études dont 1 de médecine et avec toute la responsabilité qui vous incombe est tout simplement révoltant et maltraitant envers vous (merci aux autorités et services publics).
Les doulas comme moi, nous ne revendiquons aucunement que le métier soit défini comme autres professionnels de santé autour de la mère qui le font déjà très bien.
Pourquoi ne pas travailler main dans la main, les uns avec et à côté des autres sans se tirer dans les pattes.
Je ne peux vous laisser dire que le métier de doula s'exerce sans formation... Il n'est en effet pas règlementé et l'association Doula de France se bat depuis des années à la reconnaissance publique des différentes formations. J'ai personnellement effectué une formation que j'ai choisi de faire au Canada afin de me former directement au sein même d'un des pays pionniers dans la reconnaissance des accompagnantes périnatales. J'ai été encadré par des professionnels diplômés comme des infirmières, des professionnels de la périnatalité et des sage-femmes (et oui, elles ne sont pas toutes contre nous). Et oui je me sens complètement légitime dans mon métier.
Certains pays comme les USA, le Canada, le Royaume-Uni pour ne citer qu'eux considèrent les doulas comme "d'utilité publique".
Et selon l'OMS : "les rapports et les essais contrôlés randomisés sur le soutien apporté pendant le travail par une seule personne, une doula, une sage-femme, une infirmière, ont montré qu'un soutien empathique et physique continue pendant l'accouchement s'assortissait de nombreux avantages, y compris un travail plus court, une diminution sensible de la médication et de l'analgésie épidurale, un nombre réduit de scores d'Apgar inférieurs à 7 et moins d'accouchement nécessitant une extraction instrumentale". Ça n'est pas moi qui le dit mais l'OMS.
Vous dites que le métier à été identifié comme une dérive sectaire par Miviludes en 2007. Franchement, croyez-vous que sortir de votre chapeau un rapport datant d'il y a plus de 15 ans puisse être un argument infaillible et pertinent ?
Vous sortez également l'argument du coût, car cela est extrêmement cher pour les parents. En effet je suis d'accord avec vous je ne demande qu'à être reconnu et règlementé afin que tous les parents puissent bénéficier de notre présence et nos soins sans aucune discrimination financière. Alors à quand le remboursement des doulas pour toutes les femmes ?
Mon métier est une profession de relation d'aide, d'empathie, d'écoute et de soutien exactement comme celui de sage-femme. Par contre je ne pense pas que faire des courses, apporter un repas, garder le bébé pendant que maman prend une do**he ou sort faire un tour, fasse partie de vos compétences de sage-femme.
Je reviens à notre intérêt à toutes et tous. N'est-il pas le bien-être physique, psychologique et émotionnel de nos mamans ? Alors au lieu de créer cette guéguerre littéralement improductive, pourquoi ne pas combattre main dans la main pour une meilleure prise en charge de ces femmes pendant cette période fatidique de leur vie qu'est la périnatalité ou elles sont emplie de fragilité et de vulnérabilité ? Entourons les avec bienveillance et humanité toutes ensembles avec chacune nos spécificités et nos spécialités.
Quand à moi, personnellement je n'oublierai jamais "Ylies" l'étudiant en 5eme année qui, le 25 août 2012 m'a rassuré et aidé à mettre au monde mon 1er enfant en gardant son calme alors que 2 autres patientes attendaient elles aussi, sa présence dans les salles à côté de la mienne. J'aurai tellement aimé qu'il soit disponible rien pour moi, qu'il soit là avec nous juste parce que mon mari et moi se sentions en sécurité en sa présence ; mais par manque de temps et pour des raisons d'organisation, il ne pouvait pas rester parmi nous et nous le comprenions absolument. Il a fait comme il a pu avec les moyens du bord. Mon accouchement a été un moment magique mais sa présence pendant mon travail nous aurait apporté un plus, plus que bénéfique.
Je n'oublierai jamais non plus cette nuit du 18 juillet 2017 ou mon amie, que dis-je une sœur de cœur, une sage-femme exceptionnelle "Cécilia", qui m'a suivi et accompagné dans mon désir d'accouchement physiologique et qui a compris mon envie de vivre les choses pleinement en me suivant sans me juger. Mon mari et moi avons vécu un accouchement en pleine conscience entouré d'amour avec des personnes de confiance. Je pense aussi à toi ma "Lucile" qui a permis à mon mari de se sentir rassuré et apaisé.
Comme vous l'avez compris les sage-femmes, vous serez toujours mes alliés, tant sur le plan professionnel que sur le plan personnel. Je vous aime et j'ai tellement appris en travaillant depuis tant d'années à vos côtés. Je ne me battrai jamais contre vous, je préfère réserver mon énergie à d'autres batailles bien plus utiles pour nous les femmes.
Je reconnais qu'il est tout à fait légitime et humain de se méfier de la nouveauté, mais ne serait-il pas plus judicieux de se retrouver autour d'une table afin d'en parler plutôt que de se braquer et se battre ?
Posez-vous plutôt la question de "pourquoi de plus en plus de femmes et couples ont recours aux doulas ?
Quant à mes collègues doulas en colère, je vous rappelle qu'il est absolument inutile de vous sentir blessées... Montrons à nos sage-femmes et aux autorités que nous sommes complémentaires à leur prise en charge médicale et que les femmes ont tout simplement aussi besoin de nous.
Mesdames et Messieurs les sage-femmes, vous ne pouvez tout simplement pas tout faire et nous ne voulons absolument pas prendre votre place. Laissez les doulas vous apporter leur aide. Il y a de la place pour chacun.e.s.
NE VOUS TROMPEZ PAS DE COMBAT !!!
Nanny Doula,
Une femme au service de la femme.