23/11/2025
Vous souvenez-vous de l’écriture cursive ? Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi, aujourd’hui, on n’enseigne plus aux enfants à écrire en cursive ? Et non, ce n’est pas un hasard si elle tend à être de moins en moins utilisée.
Écrire en cursive signifie traduire la pensée en mots ; cela t’oblige à ne pas lever la main de la feuille. Un effort qui stimule la pensée, qui te permet d’associer des idées, de les relier et de les mettre en rapport. Ce n’est pas un hasard si le mot cursive dérive du latin currere, qui signifie courir, s’écouler, parce que la pensée est ailée, elle court, elle s’élève. Écrire en majuscules, en revanche, signifie, selon les psychologues du développement, « fragmenter la pensée, la découper en lettres, nier le temps et le souffle de la phrase ».
Il est naturel que la cursive n’ait plus de place dans le monde actuel, un monde qui fait tout pour ralentir le développement de la pensée, pour l’entraver. Pensez que la cursive est née précisément en Italie avant de se diffuser dans le monde entier. Pourquoi ? Parce que c’était une écriture compacte, élégante et claire.
Mais la nôtre est une société qui n’a plus de temps pour l’élégance, pour la beauté, pour la complexité ; nous avons la synthèse mais pas la clarté, la rapidité mais pas l’efficacité, l’information mais pas la connaissance. Nous savons trop et trop peu, parce que nous ne sommes plus capables de relier les choses. Les gens ne savent plus penser. Ils ne savent plus construire un discours. Vous souvenez-vous, à l’école primaire, lorsque l’institutrice vous demandait d’écrire des « pensées » ? Ils sont touchants, dans leur désarmante simplicité, les premiers textes écrits par les enfants — du moins quand ce sont bien eux qui les font.
Des pensées, des phrases à effet et des slogans faits sur mesure pour manipuler et surprendre, mais certainement pas pour faire réfléchir : voilà ce qu’est devenue la culture, l’information ! C’est pourquoi il faudrait revenir à l’écriture cursive, surtout à l’école. Car il ne s’agit pas seulement de retrouver un style d’écriture, mais de redonner du souffle à nos pensées. Tout ce qui nous fait vivre, ce qui nourrit l’âme, ce qui soutient l’esprit, est lié à la respiration. Sans souffle, disaient les anciens Grecs, il n’y a pas de pensée. Et sans pensées, il n’y a pas de vie. Que cela soit important ou non, je vous laisse en juger.