29/12/2021
C’est avec tristesse que je viens d’apprendre la disparition d’Adalgisa Battistelli, qui fût pour moi, comme pour bon nombre d’étudiants en PTO, une réelle source de savoir. C’est une grande perte pour notre discipline.
Une pensée toute particulière pour ses proches 🕊
Disparition d'Adalgisa Battistelli
Chers Collègues
L’association Internationale de Psychologie du Travail de Langue Française (AIPTLF) et le Réseau de Recherche de Psychologie du Travail et des Organisations (ResPTO) souhaitent rendre hommage à Adalgisa BATTISTELI, Professeur des Universités en Psychologie du travail et des organisations à l'université de Bordeaux, disparue brutalement dans la nuit du 25 au 26 décembre.
Comme vos divers messages l'attestent, la disparition soudaine d'Adalgisa BATISTELLI est une triste nouvelle qui touche tous ceux qui ont eu la chance de la croiser ou de travailler avec elle,et plus largement notre communauté scientifique.
Impliquée pleinement dans sa vocation d'enseignante-chercheure, elle fut totalement engagée auprès de ses étudiants, doctorants et collègues. Nous l'avons également connue très investie dans la/sa discipline qu’elle portait et défendait ardemment ; en étant notamment membre du CA de l'AIPTLF depuis les premières années de sa création. Adalgisa a été l'une des figures marquantes de la psychologie du travail et des organisations.
On se rappelle tous de son accent italien qui donnait une couleur vive et chatoyante à ses prises de parole lors des conférences et soutenances de thèses. On se souvient aussi de sa rigueur et de sa bienveillante vigilance quant à la qualité des présentations des doctorants lors des juniors colloques. On se remémore également son travail acharné, avec l'aide des collègues bordelais, pour porter et organiser d’abord le junior colloque en 2017, puis le congrès de l'AIPTLF en 2018 qui furent tous deux de grands succès pour notre discipline. On retient enfin son sourire chaleureux et sa posture accueillante -la tête toujours un peu inclinée- comme pour signifier qu'elle prenait le temps d'être avec nous, à nos côtés, à notre écoute.
Ses travaux scientifiques sur les processus psychosociaux d’innovation dans les entreprises ainsi que les recherches qu’elle a conduites sur les problématiques d’apprentissage et de soutien organisationnels ou sur les comportements pro-actifs (pour ne citer que quelques axes) sont et demeureront des apports majeurs pour notre discipline. Son acuité d’analyse scientifique est d’autant plus remarquable qu’elle trouve une résonance toute particulière dans le contexte de reconfiguration des systèmes organisationnels de travail que nous observons actuellement. Par ses recherches, nous disposons de cadres conceptuels et méthodologiques puissants pour nous aider à mieux accompagner les évolutions contemporaines du travail et comprendre les processus psychosociaux en jeu.
Il y a aussi lieu de saluer son engagement constant dans des projets nationaux et internationaux en faveur de la psychologie du travail et des organisations. On se souviendra encore longtemps de son implication dans le projet européen Temps MPTUM qui a permis de créer 6 masters de psychologie du travail dans 6 universités de 3 pays du Magrheb en collaboration avec 5 établissements européennes (Université Libre de Bruxelles, Université de Grenoble, Université de Valence en Espagne, Université de Cluj en Roumanie et université de Vérone).
Nous retiendrons également la disponibilité régulière d'Adalgisa aux différentes sollicitations du métier d'enseignant-chercheur comme les jurys de thèse, les comités de sélection et de suivi de thèse, les expertises scientifiques de projets. Pour ceux qui eurent la chance de la croiser lors des jurys doctoraux, la finesse de ses observations, la pertinence de ces questionnements ainsi que la justesse de ses conseils aux futurs docteurs étaient particulièrement appréciées.
Aussi, par les contributions scientifiques qu’Adalgisa nous laisse grâce à ses nombreux écrits et publications, mais aussi par les doctorants, étudiants et professionnels qu’elle a pris soin de former et d’accompagner durant sa longue carrière de professeur des universités (d’abord à l'université de Vérone, puis à l’université de Montpellier et à celle de Bordeaux), et enfin par les équipes d’enseignants-chercheurs qui l’ont accueillie et qu’elle a coordonnés, je suis certain que nous aurons toujours la chance et le plaisir de retrouver la pensée, la parole, la présence ainsi que le regard attentionné d’Adalgisa, même si elle va définitivement et cruellement nous manquer.
Outre ses qualités professionnelles et humaines remarquables, il importe également de rendre hommage à l'immense courage dont fit preuve Adalgisa dans sa vie et dans l'exercice de son métier. Si elle se savait en effet malade depuis plusieurs années, elle resta toujours extrêmement discrète sur les différents problèmes de santé auxquels elle a vaillamment fait face, leur préférant obstinément son travail. La preuve en est de son engagement total pour les soutenances de ses trois derniers thésards la semaine avant les congés de Noël, qu'elle a tenu à suivre de son lit d'hôpital, malgré la douleur et la fatigue extrême.
Pour le Conseil d'Administration et le Bureau de l'Association International de Psychologie du Travail et des Organisations (AIPTLF).
Marc-Eric BOBILLIER CHAUMON
Président de l'AIPTLF
Responsable du Réseau de recherche en Psychologie du travail et des organisations