27/11/2025
Agressivité à couteaux tirés chez les adolescents
Les rixes au couteau chez les jeunes ne sont pas une nouveauté. Mais les agressions à l’arme blanche en milieu scolaire, commises par des adolescents de plus en plus jeunes, interrogent profondément notre paysage éducatif.
Nous assistons à un affaiblissement des repères qui rend difficile l’intériorisation des limites. Beaucoup de garçons cherchent encore leur reconnaissance dans la force, la défiance et la capacité à inspirer la peur.
Quand le vécu interne est celui de l’impuissance, « armer son corps » (poings, muscles, couteau) devient une manière tangible de soutenir une virilité incertaine, fortement influencée par les stéréotypes de genre.
La plupart de ces jeunes éprouvent un sentiment de rejet — scolaire, familial, social — alimenté par des humiliations répétées. Beaucoup présentent des troubles du contrôle des impulsions, un vécu d’abandon, ou un passé de violences intrafamiliales ou de harcèlement.
D’autres disent porter un couteau par peur d’être agressés, convaincus qu’ils doivent « se protéger seuls ».
Les environnements numériques (TikTok, Snapchat, rap drill…) jouent certainement un rôle d’amplificateur : le port d’arme y devient un marqueur d'appartenance et de « respect ». L’expression « Opinel 12 », largement diffusée dans certains textes de rap, en est un exemple.
Bien sûr, fouilles, sanctions, signalements, vidéosurveillance sont nécessaires. Mais ils ne suffiront pas à enrayer la spirale.
La réponse doit être éducative autant que sécuritaire. En voici quelques principes :
· Restaurer des cadres éducatifs clairs et incarnés. Le sentiment d’insécurité est source d’angoisses et vecteur de violences.
· Développer à l’école des ateliers de critique numérique, analyse de vidéos et de contenus avec éducateurs et profs, repérage des mécanismes d’influence.
· Travailler en groupe l’expression émotionnelle. Beaucoup de jeunes violents sont avant tout débordés par leurs affects et incapables de les désigner.
· Redonner une place structurante aux adultes. Les situations explosent souvent quand l’adulte cesse d’être perçu comme un référent, une autorité respectable et respectée.
· Questionner les modèles de virilité. Les représentations viriles survalorisant la force, la domination, la vengeance influencent fortement les jeunes. Il s’agit de proposer d’autres modèles d’affirmation de soi.
· Impliquer les parents sans les culpabiliser. De son côté, l’école ne peut rien seule, mais les parents doivent, de leur côté, soutenir le cadre institutionnel.