19/01/2021
« Chers amis,
« La Liberté ou la mort » : les Grecs avaient bien compris la radicalité de ce choix, eux qui ont fait leur cette devise ancienne.
La liberté ou la mort, c’est l’alternative irréversible qui, dans quelques jours, risque d’être posée à tous ceux qui ont consacré leur vie aux soins des malades, à l’accueil des femmes enceintes, à la naissance des enfants prêts à venir au monde.
Car dans 3 jours arrive au Sénat la proposition de loi de la députée Albane Gaillot. Dans 3 jours sera discutée au Sénat la question de la suppression de la clause de conscience spécifique à l’IVG pour le personnel médical. Oui, cette proposition de loi réclame la suppression des quelques lignes de la loi qui protègent nos médecins, sages-femmes, infirmiers et auxiliaires médicaux en précisant que nul d’entre eux ne peut être obligé de pratiquer un avortement ou d’y concourir, à quelques maillons de la chaîne qu’il se trouve.
La suppression de cette clause de conscience – voulue par le Conseil constitutionnel lui-même en 1975, cette suppression est grave. Car cette disposition législative, même imparfaite, même si elle n’est pas toujours respectée, reste le dernier refuge des consciences droites.
On nous dira que cette clause ne change rien, qu’il en existe déjà une, générale, qui autorise un médecin à refuser des soins et que cela suffit.
Cet argument est fallacieux ! Car en réalité, cette clause ne protège que les médecins, oubliant dans les drames de l’avortement les sages-femmes, les infirmières, les auxiliaires médicaux.
Pouvons-nous accepter que le droit positif s’arroge ainsi le pouvoir d’obliger un médecin à poser un acte contraire à son métier ?
Pouvons-nous accepter que des Parlementaires puissent contraindre la conscience de professionnels voués au service de leurs semblables ?
La liberté de nos consciences est un de nos biens les plus sacrés.
Il ne s’agit pas d’un droit positif que nous devons attendre de la bonne volonté de nos législateurs. Il ne s’agit pas d’une faveur qu’un gouvernement accorde à des citoyens pointilleux et un peu rétrogrades. Nous ne réclamons pas un droit subjectif individuel ; une fiche de poste qui précise nos prérogatives.
Nous voulons que l’Etat se soumette à la supériorité des principes absolus de la nature humaine qui sont au-dessus des lois. Ce principe qui nous somme de respecter la vie innocente, d’accueillir l’enfant et non de le supprimer, c’est celui qui a conduit l’histoire de l’humanité à mettre fin aux sacrifices humains, à l’exposition des nouveau-nés, à la réduction en esclavage. A l’heure où la génétique nous prouve scientifiquement que l’embryon in utero est un membre de l’espèce humaine, ne saurons-nous pas retrouver ce principe ?
Chers amis, la défense de la clause de conscience nous concerne tous, chacun d’entre nous, parce qu’elle engage notre liberté devant la loi. La liberté ou la mort. Nombre de nos ancêtres ont vécu jusqu’au bout cette exigence : Antigone, Socrate, Maximilien de Theveste et les martyrs des premiers siècles, Thomas More, Desmond Doss et tant d’autres encore.
Tous n’en sont pas morts, mais à vue humaine, beaucoup ont perdu leur combat. Et pourtant, à la face des siècles, ils sont les grands vainqueurs : car ils nous ont transmis leur héritage.
Grâce à eux nous savons qu’il y a des principes au-dessus des lois et qui s’imposent à elles.
Grâce à eux nous savons que notre grandeur morale est d’éduquer notre conscience, pour qu’elle nous éclaire dans nos actes, et nous donne la force de faire le bien et d’éviter le mal.
Grâce à eux nous savons qu’il vaut mieux subir une injustice que de la commettre.
Grâce à eux nous savons qu’un pouvoir temporel qui viole la dignité humaine perd son autorité et justifie notre désobéissance sur ce point.
Grâce à eux nous savons qu’il existe des solutions, que le combat n’est jamais perdu, que la victoire est possible.
Grâce à eux nous savons, enfin, que la liberté est le pouvoir des petits, des sans grades, la dignité des humbles qui, face à l’inacceptable, gardent la force de dire : nous ne pouvons pas.
Nous avons voulu manifester pour réclamer le maintien de la clause de conscience qui protège tous nos professionnels de santé, et pour réaffirmer, avec une force intacte, que nous défendrons, envers et contre tout, la liberté de notre conscience.
Pour que nos soignants, mais aussi chacun d’entre nous et nos enfants, nos neveux et nos nièces, et les enfants de nos enfants gardent toujours ce pouvoir et cette dignité, nous devons accepter, aussi longtemps que nécessaire, d’être ces objecteurs de conscience. Et nous devons garder confiance dans notre victoire finale car nous croyons aux ressources du cœur humain, aux forces de notre passé dont les leçons ressurgiront, aux promesses des générations à venir qui nous obligent. La tâche est immense, et peut-être qu’aucun d’entre nous n’en verra l’aboutissement. Mais nous avons l’Espérance qui jamais ne recule ni ne renonce, nous avons l’amour de la vie qui doit se diffuser, nous avons un feu et il faut qu’il brûle. »
Discours de Victoire de Jaeghere à La Marche pour la vie à Paris, le 17 janvier 2021