Roxana Mihalache Psychanalyste

Roxana Mihalache Psychanalyste J’accompagne toutes celles et ceux qui sont sur un chemin de découverte de soi et de libération, dans un cadre bienveillant

en thérapie " - Ce fantôme de Maurice ne cesse de revenir et  de me presser toutes les larmes, et je remarque maintenant...
29/10/2025

en thérapie

" - Ce fantôme de Maurice ne cesse de revenir et de me presser toutes les larmes, et je remarque maintenant qu'il revient toujours à cette période de l'année, fin octobre, début novembre. Hier soir, je me suis endormie en pensant à lui et ce matin, je me suis réveillée avec la douleur et les larmes aux yeux. Maintenant, je comprends pourquoi il revient à ce moment-là, c'est parce que nous sommes en Scorpion. Tous les fantômes, toutes les douleurs reviennent, comme les rhumatismes qui reviennent quand il fait froid et humide dehors. Je pleure cet amour si beau dans mon âme et qui n'est plus, toute l'admiration que j'avais pour lui, toute cette masculinité et cette beauté magnétique que je voyais en lui. Qui m'absorbaient tant.

Je savais depuis l’époque que nous ne devions pas les perdre, je savais combien ils étaient précieux ; mon cœur en avait déjà ressenti la valeur et les avait pesés comme des pierres précieuses. Je savais que ces choses ne se vivent qu'une fois dans une vie, peut-être deux au maximum – si l'on est très chanceux – et que les perdre signifierait une douleur et un désespoir inconsolables. Je le savais depuis le début, même si j'étais jeune et naïve sur bien des points, mais je ne l'étais pas quant à la préciosité de mon amour. Je savais exactement ce que je portais dans mon cœur, depuis le premier jour. C'est pourquoi j'ai fait tant de compromis dès le début. C'est curieux comme j'ai perçu la valeur de cet amour, mais que j'étais totalement aveugle lorsqu'il s'agissait de moi. Aveugle à mes dons et à ma propre valeur.

Je donnais, j’espérais, je faisais des sacrifices et des compromis.
Et puis je recommençais, dans le même ordre. Après chaque compromis, je recommençais à donner, en espérant… qui sait, peut-être que l'autre comprendrait et reviendrait à ce paradis qu'il me montrait parfois et dont je me languissait tant. Je l’attendais toujours pour quelque chose. Soit pour qu'il arrête de boire, qu'il guérisse de son ex et qu'il me donne enfin l'impression d'être vraiment avec moi, qu'il coupe les ponts avec elle, qu'il m'écoute quand je lui parle de ce qui me blesse chez lui, qu'il me comprenne, qu'il me prenne dans ses bras et me dise qu'il m'aime et qu'il est désolé, qu’il me fasse l’enfant promis, qu'il vienne dormir avec moi la nuit au lieu de dormir dans l'autre chambre, qu'il arrête de me provoquer quand il a bu, qu'il vienne me prendre dans ses bras protecteurs et virils, et pas seulement moi qui aille vers lui, qu'il vienne dans ma chambre me consoler quand je pleurais tant de fois.

J'ai attendu un fantôme qui n'est jamais venu. Parce qu'il n'était pas là. J'ai attendu la présence, l'engagement, la complicité, la compréhension, une communication ouverte, la sincérité, la compassion, mais j'ai attendu en vain, car un fantôme ne peut rien donner de tout cela. Je les ai ressentis par intermittence, mais ce n'étaient que des échos de la personne qu’il avait été autrefois, et j'ai cru à ces échos. Je pensais qu'il reviendrait à la vie un jour, mais il ne l'a pas fait, et il m’a tué moi aussi, petit à petit. Et maintenant, c’est moi que je dois ramener à la vie petit à petit, depuis plusieurs années, mais ces fantômes reviennent sans cesse me réclamer ce qu'ils me réclamaient auparavant : la joie, les larmes, le manque, le désespoir et surtout la douleur. Une douleur qui paraît sans fin.

« Tu es ma femme », me chuchotai-t-il, quand il était tout près de moi, et que rien ni personne ne s'interposait entre nous dans cet instant qui était pour moi sacré et inoubliable. Ni son ex, ni l'alcool, ni sa collègue de travaille, ni ses amis toxiques ou nos passés. Il n'y avait que nous deux, nus dans la vérité. Mais j'ignorais alors que j'étais l'épouse d'un homme qui vivait dans l'au-delà et que, tout en étant son épouse, j'étais aussi veuve. Alors, si tu vois ce fantôme, toi, Maurice, rappelle-le à toi, car toi seul connais son nom. Il m'a assez fait souffrir. J'en ai assez de pleurer et de lui parler, je ne veux plus le voir, même pas pour l’amour des beaux souvenirs. Utilise ta force d'homme et invoque-le, reprends le pour qu’il cesse de me faire du mal. "


photo : Pinterest

Si l’on y réfléchit bien, les gens ne mentent jamais tout à fait. Ils disent toujours la vérité, mais rarement celle que...
23/10/2025

Si l’on y réfléchit bien, les gens ne mentent jamais tout à fait. Ils disent toujours la vérité, mais rarement celle que l’on attend, et presque jamais sous la forme espérée. Nous guettons, bien souvent, une vérité nue, franche, énoncée sans détour : une vérité brute, qui viendrait se déposer sur nos attentes comme une évidence. Pourtant, lorsque la réponse de l’autre s’écarte de ce que nous espérions, notre premier réflexe est de soupçonner le mensonge. Mais, en réalité, sa réponse recèle une vérité, subtile, dissimulée entre les lignes.
Il arrive que l’on se trouve face à un être dont les mots contredisent le langage du corps, et l’on se surprend à penser : « Le voici qui me ment, je le devine à son attitude ». Mais peut-être ne ment-il qu’avec ses paroles, et non avec son être tout entier. S’il prononce un « non » tandis que tout son corps semble crier « oui », la vérité à déchiffrer pourrait bien être : « J’aimerais dire oui, mais je ne m’en sens pas encore la force ».

Parfois, c’est un autre qui se pare de récits glorieux, mais dont la posture trahit un malaise profond. La vérité cachée, alors, pourrait être celle d’une enfance marquée par le rejet, d’un cœur avide d’être enfin reconnu et accepté. Les hommes ne mentent pas ; ils dissimulent la vérité sous mille voiles, parfois sans même s’en apercevoir. Peut-être n’avons-nous pas toujours l’oreille ou le regard prêts à la percevoir, ou bien sommes-nous égarés par nos propres désirs.
Il existe mille et une façons de dire la vérité, qui ne se limitent ni aux mots, ni à la frontalité, ni à l’attente de l’autre. Au fond, il ne s’agit pas tant de mensonge que de notre capacité à lire, à discerner, à comprendre la vérité qui se présente à nous, sous des formes inattendues et souvent silencieuses.

Roxana Mihalache Psychanalyste

Photo : Pinterest

Dans les vieux récits, lorsque la fille sauvage dépasse sa vie familière, elle doit prendre le « troisième risque ».La f...
12/10/2025

Dans les vieux récits, lorsque la fille sauvage dépasse sa vie familière, elle doit prendre le « troisième risque ».
La fille sauvage peut sentir qu'elle n'est plus faite pour une vie construite sur les attentes des autres. Elle peut devenir moins acceptable pour son peuple, moins acceptable pour les cercles qui l'ont vue naître. Elle perçoit une impulsion ancestrale à devenir moins civilisée. Elle a peut-être rebaptisé le sens de la liberté.
À la base, liberté signifie « aimée ». Maintenant, la fille sauvage envisage comment se transformer en une forme plus proche de ce qu'elle aime le plus dans son monde.

Chaque risque la conduit vers un nouvel espace spirituel. Si un lieu physique peut refléter le désir de la fille sauvage, c'est le terrain psychique qui se modifie à chaque risque.
Son premier risque fut de laisser son intuition la guider hors de ses limites, de renoncer à des choix apparemment plus rationnels qui la liaient à des blessures héritées, à des schémas ancestraux ou à une vision familiale étroite. En choisissant l'inhabituel, elle risquait le rejet.

Ce que la fille sauvage laisse derrière elle après le premier risque, c'est la vie trop petite, la danse sans témoin et, parfois, l'acceptation conditionnelle de son entourage. Elle risque tout cela au nom d'un « plus » innommable.
Le deuxième risque était de tomber amoureuse de son choix, de contempler la beauté de son mythe personnel, de se laisser transformer, transfigurer, sculpter par son nouveau rôle, par sa nouvelle place. Elle risque d'être véritablement vue. Elle risque de devenir celle qu'elle a choisi d'être.

Le second risque la conduit vers un lieu spirituel où son art, sa mission ou sa nouvelle perception d'elle-même pourraient être observés par des yeux avides. La fille sauvage danse ici sa vision. Elle permet à l'Autre Monde d'organiser son expérience, de participer à son expression créatrice. Elle pourrait y intégrer un nouveau cercle, et elle ose non seulement être vue, mais aussi utile.

Le troisième risque est de retourner à un lieu spirituel qui pourrait étrangement refléter l'endroit qu'elle a quitté, celui où elle se sentait limitée, mais où elle porte désormais en elle l'expérience d'être contemplée dans sa plénitude. Ce qui lui semblait autrefois contraignant lui paraît désormais libérateur. Elle comprend la différence entre le destin et la fatalité.
Ici, la fille sauvage perçoit la beauté de son histoire et retourne « chez elle », à la simplicité de sa propre nature de créature.
Dans les récits anciens, ce troisième risque survient lorsque la fille sauvage retourne au ciel, à la forêt ou à la mer. Elle se métamorphose alors en une forme plus proche de ce qu'elle aime, mais une partie de ce qu'elle aime est sa carte originelle, son plan unique, la poésie de son code inné. Elle tombe amoureuse de ses racines, de la beauté de son histoire d'origine.

La fille sauvage revêt à nouveau ses plumes, sa fourrure, sa peau sauvage, car sa fourrure de créature n'est plus une barrière qui sépare son monde intérieur du monde extérieur. Elle ne se sent plus obligée de choisir entre la civilisation et la nature, l'ordinaire et l'anarchie. Finalement, elle est les deux. Finalement, elle est tout.
Et tous les possibles de la vie reviennent.
« Dans le rêve du chasseur, une femme à la peau argentée, aux cheveux de plumes blanches, surgit de l'eau et lui chanta le chant perdu. »

The Night House: Folklore, Fairy Tales, Rites, and Magick for the Wise and Wild.
2025 Danielle Dulsky, New World Library

Photo : Pinterest

🙂🧐🫢😬Oh Chad...c'est pas toi, c'est mon trauma qui m'empêche de ressentir de l'émotion...mais aussi toi
04/10/2025

🙂🧐🫢😬

Oh Chad...c'est pas toi, c'est mon trauma qui m'empêche de ressentir de l'émotion...mais aussi toi

" Le paradoxe de la femme indépendante : elle se marie avec elle-même parce qu’elle en a marre d’attendre l’homme idéal....
04/10/2025

" Le paradoxe de la femme indépendante : elle se marie avec elle-même parce qu’elle en a marre d’attendre l’homme idéal. L’autonomie est proclamée, mais elle ne semble pas être vécue comme une joie. Au lieu de se réconcilier avec soi-même, c’est la protection contre la déception qui se dessine. Si la déclaration d’indépendance imite la structure classique du mariage, je ne sais pas si l’on peut parler de véritable liberté. La véritable liberté devrait apporter une certaine réconciliation et l’acceptation d’une certaine réalité. Si tu es en paix avec toi-même, tu ne te maries pas avec toi-même. Le mariage est censé apporter un pouvoir et un soutien supplémentaires.

Un article du Guardian révèle que d’ici 2030, 45 % des femmes américaines âgées de 25 à 44 ans vivront seules. La plupart des raisons pour lesquelles on refuse une relation sont les suivantes : les hommes sont immatures / ont toutes sortes d'addictions / ne sont pas éduqués / ne veulent pas prendre leurs responsabilités / ont des traumatismes qu'ils ne veulent pas enquêter / n'ont pas de compétences sociales / ne gagnent pas autant qu'elle / la femme élève les enfants de toute façon, pourquoi s'embêter à essayer de faire fonctionner la relation, etc.

Autour de l'article, une jeune fille énonce un credo révélateur de l'esprit du temps : « Je recherche un homme qui… a des objectifs clairs, de l'ambition, est intelligent, fiable, pourvoyeur, encourageant, attentionné, gentil, affirmé, viril, honnête, fidèle, déterminé (!), avec une bonne estime de soi, le sens de l'humour, qui aime sortir et faire du sport. Des qualités fondamentales difficiles à trouver de nos jours. »
Qualités fondamentales ? L'homme parfait est-il une évidence ? La personne qui nourrit de telles attentes est-elle à la hauteur de ses propres attentes ?

Il est donc regrettable que la femme moderne combine – de manière terriblement contradictoire – l'indépendance avec la frustration de ne pas trouver l'homme idéal. La femme moderne est capable de choses extraordinaires, mais elle ne parvient toujours pas à gérer ses propres attentes concernant sa vie conjugale. C'est ainsi que nous en arrivons au « paradoxe du déclin du bonheur féminin ». Bien que ces dernières décennies, la vie des femmes se soit améliorée sur de nombreux plans objectifs – accès à l'éducation, opportunités professionnelles, contrôle de la fertilité, santé physique, facilité des tâches ménagères –, leur satisfaction (bien-être) a diminué par rapport aux années 1970.

Je dirais que nous vivons actuellement une époque formidable pour les femmes. Elles aussi doivent faire preuve d'intelligence et de sagesse et ne plus se laisser saboter et frustrer par des attentes extrêmement irréalistes. Qu’elles abandonnent donc cette idée enfantine selon laquelle un homme doit être une mère avec dix tétons d’où le lait, le miel et des compétences inconditionnelles devraient jaillir. De l'homme jaillit ce que la nature lui a donné (et non l'idéologie thérapeutique) 😶‍🌫️😛 "

Andrada Ilisan - psychologue

texte traduit du roumain

photo : internet

On me demande souvent quelle est la différence entre un psychiatre, un psychologue et un psychanalyste.Un psychiatre est...
29/09/2025

On me demande souvent quelle est la différence entre un psychiatre, un psychologue et un psychanalyste.

Un psychiatre est avant tout un médecin : il a suivi des études de médecine, puis s’est spécialisé en psychiatrie. Il est le seul à pouvoir poser un diagnostic médical et prescrire des médicaments, ce qui le distingue du psychologue et du psychanalyste. Le psychiatre prend en charge des troubles mentaux cliniques tels que la schizophrénie, les troubles de la personnalité limite, le trouble bipolaire, la psychose ou la dépression sévère, en associant l’écoute à la médication. C’est également lui qui décide de l’admission ou de la sortie d’une personne, en fonction du diagnostic, des symptômes et de l’évolution du trouble.

Le psychologue, quant à lui, utilise différents tests psychométriques et des méthodes dites « scientifiques » pour évaluer les comportements observables, la personnalité, les capacités cognitives ou encore les motivations d’une personne. Sa pratique repose sur la parole, l’écoute et le questionnement : c’est ce que l’on appelle l’« anamnèse ».

Le travail du psychanalyste, enfin, consiste à accompagner le patient dans l’exploration de ses profondeurs : l’inconscient, les rêves, les souvenirs, les lapsus, les pulsions de vie et de mort, l’enfance… La thérapie psychanalytique est très singulière, car elle se concentre sur le monde unique et subjectif de chaque patient. C’est pourquoi elle est parfois considérée comme moins « scientifique », et davantage empirique.

Comment savoir vers qui se tourner lorsque l’on ne va pas bien ?

Si tu soupçonnes un trouble de la personnalité chez toi (ou si ton entourage t’en parle), ou si tu traverses une période de pensées noires et de souffrance intense, il peut être pertinent de consulter d’abord un psychiatre. Il pourra poser un diagnostic et proposer un traitement médicamenteux adapté. Il est vrai que les délais d’attente pour consulter un psychiatre peuvent être longs ; dans l’urgence, ton médecin traitant peut également prescrire un traitement, car il en a la compétence.
En attendant, tu peux tout à fait débuter une thérapie avec un psychologue ou un psychanalyste.

Aujourd’hui, il existe une multitude de thérapies et de thérapeutes, toutes aussi intéressantes les unes que les autres, et passionnantes à explorer. Finalement, lorsqu’il s’agit de thérapie, ce n’est pas tant le titre ou la méthode qui compte, mais la relation de résonance et de confiance que tu établis avec le thérapeute. Il est possible de rencontrer un « psy » (peu importe son diplôme ou son orientation) qui ne t’aidera pas, voire qui pourrait aggraver la situation, tout comme tu peux croiser un « simple » thérapeute qui saura vraiment t’accompagner et te comprendre.

À la question : « Quelle est la meilleure thérapie ? », j’ai envie de répondre : toute thérapie peut potentiellement t’aider. C’est à toi de partir à la rencontre de la personne qui te correspond, avec laquelle tu ressens une véritable connexion intellectuelle, émotionnelle et humaine. Sans ces trois dimensions réunies, toute thérapie, diplôme ou titre reste stérile et dépourvue de sens.

Avant de s’engager dans l’accompagnement, le thérapeute doit d’abord avoir ressenti une vocation profonde, une vocation qui ne s’acquiert pas par des diplômes ou des titres. Ces derniers ne font qu’accompagner et compléter une prédisposition humaine qui était déjà là, bien avant tout. Ainsi, dans la recherche du meilleur thérapeute ou de la meilleure thérapie, fais confiance à ton instinct dès que tu entames ce travail sur toi-même avec quelqu’un. Cet instinct est facile à reconnaître : sois attentif à ce que tu ressens avec le thérapeute, à la façon dont il te met à l’aise. Il est essentiel de sentir que tu peux tout dire sans être jugé, que règne entre vous une chaleur humaine protectrice. Au fil des séances, il doit y avoir un échange qui t’enrichit, émotionnellement et intellectuellement.

Attention, la thérapie ne livre pas toutes les clés dès le début (même si cela peut arriver, chaque personne étant unique), mais tu dois sentir qu’elle t’apporte quelque chose, qu’elle t’enrichit plutôt qu’elle ne t’enlève. Elle t’apporte une certaine paix, le sentiment d’être écouté, vu et entendu, une curiosité nouvelle, une patience envers toi-même que tu n’avais peut-être pas, et la confiance nécessaire pour t’observer et regarder à l’intérieur de toi.

Du côté du thérapeute, il est important que tu ressentes en face de toi quelqu’un qui t’écoute avec un réel intérêt, qui s’implique dans ton histoire, et non quelqu’un qui se contente de l’effleurer ou d’appliquer mécaniquement une théorie apprise dans un livre.
Fais confiance à ton instinct, à tes ressentis et à ton jugement dans le choix de ton thérapeute.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : Pinterest

Le psy silencieux : art ou hasard ?J’ai souvent entendu des personnes se plaindre du « silence du thérapeute » en thérap...
10/09/2025

Le psy silencieux : art ou hasard ?

J’ai souvent entendu des personnes se plaindre du « silence du thérapeute » en thérapie. Que ce soit au cabinet, lors de fêtes, de réunions entre amis, dans des bars ou d’autres contextes sociaux, la phrase qui revient fréquemment est : « Je ne supporte pas les psy ». Lorsque je demande pourquoi, dans près de 95 % des cas, la réponse est la suivante : « Parce qu’il ne parle pas », « J’avais l’impression de parler à un mur ou à un robot », « Il n’y avait aucun échange », « Je suis sorti de la thérapie pire que j’y étais entré », « Ce silence glacial m’a terriblement angoissé et mis mal à l’aise », « Je ne me suis pas senti soutenu », « Je n’ai pas senti que le thérapeute était là, qu’il se souciait de moi », « La thérapie ne m’a rien apporté de bon, elle ne m’a rien appris ».

Après ces confidences, je leur demande toujours s’ils ont tiré quelque chose de positif de ces séances. Là encore, dans plus de 90 % des cas (pour ne pas dire 99 %), la réponse est NON. Non seulement cela ne les a pas aidés, mais cela a parfois aggravé leur état, et, pire encore, ils ont perdu confiance dans les « psy » et dans la thérapie en général, n’y retournant jamais.

Ils pensent alors que tous les thérapeutes sont identiques, que la thérapie consiste à parler seul face à un thérapeute muet. Parmi toutes les personnes interrogées, seules deux ou trois m’ont dit que cela les avait « un peu aidées ». L’une d’elles m’a raconté avoir vu un thérapeute « silencieux » qui, dès son arrivée, posait sa montre sur la table et ne disait absolument rien. La personne, déjà bloquée dans son langage et ses émotions, se retrouvait face à son propre mutisme. Pendant neuf mois, il n’y a eu aucun échange verbal, et elle a fini par arrêter la thérapie. Toutes les personnes à qui j’ai parlé ont fini par quitter ces thérapeutes, et beaucoup ont ensuite rencontré d’autres professionnels plus réactifs, qui parlaient, participaient, analysaient et partageaient leurs observations. Résultat : elles se sentaient comprises, progressaient, apprenaient à mieux se connaître, s’apprécier et à comprendre les autres, et se sentaient soudainement plus à l’aise.

Dès lors, une question se pose : pourquoi certains thérapeutes persistent-ils dans cette attitude silencieuse, alors que tant de personnes témoignent que cela ne les aide pas, voire les traumatise ? Ne devrions-nous pas nous interroger sur l’efficacité de cette posture et reconsidérer notre façon d’aborder le patient ? Car, après tout, le patient est celui qu’il faut écouter « en premier lieu », c’est l’une des bases de la thérapie. Et s’il exprime que le silence le fait souffrir, ne devrions-nous pas l’entendre, d’autant plus que nous partons du principe qu’il est le mieux placé pour savoir ce dont il a besoin ?

À la base, le silence du thérapeute vise à offrir un espace « neutre » pour permettre à l’inconscient du patient de s’exprimer, sans être influencé par la « subjectivité du thérapeute ». Mais ce type d’« écoute » – le thérapeute écoute-t-il vraiment ? – soulève plusieurs questions. Par exemple, lorsqu’une personne très anxieuse s’exprime pour la première fois devant un inconnu silencieux, elle se retrouve face à son propre inconscient, souvent perçu comme une menace. Il est naturel qu’elle se sente encore plus anxieuse, car personne n’est là pour l’encadrer. Le thérapeute devient alors un simple témoin de la « dévoration » du patient par ses propres angoisses.

Ce type d’écoute silencieuse s’oppose à l’écoute active, qui consiste à poser des questions, à reformuler, à communiquer au patient ce que le thérapeute a compris ou non. Il est normal que le patient parle la plupart du temps et que le thérapeute écoute, mais cela ne doit pas être systématique, et surtout pas lors des premières séances ou avec des personnes très anxieuses. L’un des principes fondamentaux de la thérapie est d’instaurer un climat de confiance, qui se construit avant tout par la communication. La voix révèle beaucoup sur une personne. Lorsque le patient écoute le thérapeute, il perçoit la tonalité de sa voix : est-elle chaleureuse, froide, bienveillante, hostile, empreinte de jugement ? Ainsi, il peut ressentir le thérapeute, établir une connexion et une relation de confiance. La manière dont une personne s’exprime, la couleur de sa voix, forme une sorte de mélodie que l’on peut ressentir, et qui nous indique si elle est dissonante ou harmonieuse, si elle est « en accord » avec nous. Une fois cette relation de confiance établie dès les premières séances, le silence du thérapeute ne plonge plus le patient dans l’inconfort, même si ce dernier peut parfois éprouver un sentiment de vide ou d’abîme lorsque le thérapeute se tait.

On peut comprendre l’idée selon laquelle le patient ressent et expérimente, à ces moments-là, certaines manifestations de l’inconscient auxquelles il doit faire face. C’est vrai. Tout ce qu’il projette dans ces instants de silence – le sentiment de ne pas être soutenu, l’impression de parler à un mur ou à un robot, etc. – provient sans doute de périodes particulières de sa vie. Il est essentiel d’examiner ces moments avec la plus grande attention, car ils constituent un matériau précieux pour le travail thérapeutique.
Cependant, il est possible de travailler en parlant, en tant que thérapeute, et non en maintenant un silence permanent. Poser des questions, intervenir, échanger : le patient ne vient pas en thérapie pour parler, se questionner et conclure seul. Sinon, il pourrait très bien le faire chez lui, et les « psy » n’auraient pas besoin de tant d’années d’études simplement pour… rester silencieux et observer le patient lutter seul pour « s’accoucher ».
D’ailleurs, en parlant de naissance, le bébé fournit beaucoup d’efforts pour sortir du ventre de sa mère, mais sans l’aide des médecins et de la mère pour le pousser, il ne pourrait pas naître.

Les projections du patient sur le thérapeute silencieux ne sont utiles que si elles sont accueillies et travaillées. Il faut les recevoir comme on accueille une personne qui frappe à notre porte : on l’invite à entrer, on s’intéresse à elle, on établit une relation. On ne la laisse pas dehors, ni ne l’observe en silence par la fenêtre.

Finalement, on peut se demander : le silence absolu est-il vraiment bénéfique pour quelqu’un ? Si l’on met de côté le cadre thérapeutique, pensons à d’autres situations où l’on s’ouvre à quelqu’un, comme à un ami. Imaginons que l’on se confie à son meilleur ami, qu’on lui raconte tout, de A à Z, et qu’il reste silencieux pendant une heure. Peut-être se contente-t-il de dire « je comprends », puis plus rien, et à la fin, il ne prononce qu’un simple « au revoir ». Si cela se répète, n’aurions-nous pas l’impression qu’il ne se soucie pas vraiment de nous ?
Même un ami proche pourrait nous donner ce sentiment, alors imaginez un thérapeute, que l’on paie en plus. Cela pourrait renforcer l’impression non seulement d’indifférence, mais aussi d’avoir été floué. En fin de compte, on a l’impression de payer pour se parler à soi-même, face à ses propres projections… bonnes ou mauvaises… qui sait ? Nous le découvrirons peut-être dans l’épisode deux de la saison trois. En attendant… mystère.

En conclusion, si vous ressentez un malaise persistant avec votre thérapeute, quelle que soit son approche ou sa personnalité, ce n’est pas normal. Il est tout à fait légitime d’arrêter la thérapie et de chercher un professionnel avec qui vous vous sentez réellement bien. Par « se sentir bien », j’entends trouver quelqu’un auprès de qui vous avez l’impression de progresser, d’évoluer, et qui vous apporte un enrichissement émotionnel et intellectuel.

Bien sûr, il est normal de traverser des moments d’inconfort en thérapie : il arrive d’avoir des périodes de vide, des silences parfois un peu tendus, ou de ne pas toujours savoir « où vous en êtes ». Il est aussi possible de ne pas se sentir compris ou soutenu par son thérapeute à certains moments ; dans ce cas, il est important d’en parler et de clarifier la situation. Mais il n’est pas normal de ressentir cela en permanence. Il n’est pas normal non plus de ne constater aucun progrès, même après plusieurs mois de thérapie, ou d’avoir systématiquement l’impression de quitter le cabinet dans un état pire qu’à votre arrivée.

Dans ces situations, il ne s’agit plus d’une véritable thérapie. Cela peut parfois relever d’une forme d’abus, de contrôle, de manipulation, de désintérêt de la part du thérapeute, voire, dans des cas extrêmes, de sadisme, de manque d’empathie ou de compétences. Être thérapeute ne garantit pas automatiquement de bonnes intentions ou une réelle bienveillance envers les autres. C’est un sujet important, souvent à l’origine de thérapies qui « n’avancent pas ». Il existe des thérapeutes qui ne s’impliquent pas, pour diverses raisons, et il ne s’agit alors pas de la fameuse « résistance » du patient à l’analyse. Tout n’est pas de la « faute » du patient : chaque situation doit être examinée avec discernement.
Lors du choix de votre thérapeute, faites confiance à votre instinct et à la qualité de la relation qui s’établit dès les premières séances. La « chimie » ressentie au début est souvent un bon indicateur pour la suite du travail thérapeutique.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : internet

Pourquoi la thérapie prend-elle « autant  de temps » ?On pourrait dire qu’un thérapeute éduque et rééduque à la fois. Lo...
05/09/2025

Pourquoi la thérapie prend-elle « autant de temps » ?

On pourrait dire qu’un thérapeute éduque et rééduque à la fois. Lorsqu’il éduque, il ne dit pas au patient ce qu’il doit faire, mais lui explique certains phénomènes qui se produisent en lui, un peu comme un météorologue décrit les tempêtes. Il peut exposer les différents types de tempêtes, la différence entre une pluie d’été passagère, une tempête ou un tremblement de terre, les dégâts qu’elles peuvent causer, comment s’en protéger lorsqu’on s’y trouve, ou encore comment les reconnaître à distance pour ne pas se laisser emporter par leur chaos. En thérapie, nous apprenons à repérer les signes annonciateurs d’une tempête, même celle qui se profile au loin.

Si je me laisse emporter par cette tempête, il se peut que ma posture ait changé sans que je m’en rende compte. Je ne saurais pas dire précisément ce qui a changé dans ma démarche, mais je sens bien que ce n’est plus la même qu’avant. J’ai alors besoin d’être vu par quelqu’un d’extérieur, car je ne peux pas observer ma propre démarche, je ne peux que la ressentir.

Le thérapeute joue aussi un rôle rééducatif. À l’image du kinésithérapeute qui rééduque un membre fracturé ou corrige une mauvaise posture, le thérapeute aide à remettre de l’ordre dans nos pensées et nos émotions. Plus ces émotions ont pris, au fil du temps, une tournure douloureuse ou destructrice, plus il faudra de temps pour « récupérer ». Les pensées et émotions qui se sont installées en nous depuis longtemps se sont maintenant cristallisées, menant leur propre vie. C’est pourquoi la thérapie demande du temps : on ne peut pas (on a pas le droit) arracher en quelques séances des schémas ancrés depuis des années, au risque de fragiliser d’avantage la personnalité.
C’est un peu comme si, en allant chez le médecin pour une douleur, celui-ci découvrait un kyste et décidait de l’opérer immédiatement, sans anesthésie ni explication. Après l’opération, il te renverrait chez toi, en sang, en t’annonçant que tout est réglé, sans traitement ni suivi. Tu regardes la scène avec effroi et sidération, tu hurles de douleur, tu attaques le médecin parce qu’il te fait subir une souffrance indescriptible, pour laquelle tu n’as même pas de mots. Et la fois suivante, tu ne veux même plus entendre parler de médecins.

C’est ainsi qu’une thérapie trop rapide peut être vécue par une personne aux blessures profondes et délicates, mais cela ne signifie pas que toutes les thérapies doivent durer des années, bien sûr ; chaque situation est unique.
Au cabinet, nous avons l’occasion de nous retrouver face à nous-mêmes, accompagnés d’un témoin bienveillant. Nous pouvons alors nous traiter avec douceur et lenteur, car nos émotions et nos ondes cérébrales ont besoin de temps pour se déployer. Nous avons besoin de ce baume pour l’âme, à appliquer sur nos blessures en présence de quelqu’un capable de les regarder sans faiblir devant la vue du « sang », et d’accompagner leur guérison à nos côtés.

Roxana Mihalache Psychanalyste

photo : theastrologyplace

Voilà ce qui attend un Ermite qui n'aurait pas fait le travail de se réconcilier avec sa libido avant de se retirer sur ...
05/09/2025

Voilà ce qui attend un Ermite qui n'aurait pas fait le travail de se réconcilier avec sa libido avant de se retirer sur la montagne...

Art : Félicien Rops, La tentation de Saint Antoine

Adresse

7 Avenue De Tourville
Caen
14000

Heures d'ouverture

Lundi 09:00 - 17:00
Mardi 09:00 - 17:00
Mercredi 09:00 - 17:00
Jeudi 09:00 - 17:00
Vendredi 09:00 - 17:00
Samedi 09:00 - 17:00

Téléphone

+33783047149

Notifications

Soyez le premier à savoir et laissez-nous vous envoyer un courriel lorsque Roxana Mihalache Psychanalyste publie des nouvelles et des promotions. Votre adresse e-mail ne sera pas utilisée à d'autres fins, et vous pouvez vous désabonner à tout moment.

Partager

Share on Facebook Share on Twitter Share on LinkedIn
Share on Pinterest Share on Reddit Share via Email
Share on WhatsApp Share on Instagram Share on Telegram

La terr-en-l’airpeute

Ecrire sur soi-même n'est pas évident, surtout dans l'espace où tu prépares un espace pour les autres. L'espace de la dé-nommination prendra donc la forme de la nomination, et moi j'étais nommée par la famille, énumérée par la société, je me suis verbalisée par l'éducation afin de pouvoir me ré-nommer après, m'énumérer et me re-définir par tous ceux à qui je vais créer un espace où ils vont pouvoir se miroiter et se redéfinir pour pouvoir être-avec le monde. Avec leur monde, de là d'où commence la semence qui ne peut être définie que par un nom "propre".