19/09/2025
Comment les huiles industrielles nous empoisonnement ...
Pour faciliter la lecture, le texte complet ci-dessous 🧐
"Le cri de l’hexane au fond de l’huile de cuisine
Quoi, encore un ? On s’étonne toujours de voir débouler un nouveau scandale alimentaire. Et pourtant.
Guillaume Coudray est l’homme des nitrites. C’est lui qui, à force d’investigations rigoureuses et d’enquêtes à l’ancienne, a révélé déjà il y a huit ans, dans son livre Cochonneries (La Découverte), leur présence massive et nocive dans les charcuteries. Ses révélations ont fait plus que bouger les choses. Rebelote aujourd’hui, avec l’hexane. Un dérivé du pétrole dont le nom va malheureusement nous devenir familier.
Il y en a dans toutes les huiles alimentaires, ou presque. Pour les fabriquer, il faut procéder à la « trituration ». On commence par broyer des graines de tournesol, colza, soja (mais aussi sésame, lin, germe de blé, etc.). Cela permet d’extraire au maximum 85 % de leur huile. Comme les fabricants ne veulent pas en perdre une goutte, depuis l’après-guerre, et à l’exemple des Américains, ils utilisent massivement l’hexane pour atteindre les 99 %.
Appelé successivement benzine ou gazoline, ce sous-produit du raffinage est un liquide incolore à la légère odeur d’essence, qui a pour triste mérite d’être un solvant très efficace (et pas cher) :
« Dans les colonnes d’extraction, hautes comme des immeubles de cinq étages, des milliers de litres d’hexane chauffé à 60 °C circulent en permanence, lavant inlassablement les flocons de graines pour en extraire jusqu’à la dernière molécule de matière grasse » (1).
Puis on le fait s’évaporer pour qu’il ne reste que l’huile. Mais dans cette huile, on l’a découvert dans les années 1960, persistent des traces d’hexane.
L’hexane est un neurotoxique avéré. Son effet destructeur sur le système nerveux (Parkinson, sclérose en plaques) et ses dégâts sur la fertilité masculine sont documentés depuis plus d’un demi-siècle. Tout comme pour l’amiante, de longue date, les dommages n’apparaissent nulle part. L’hexane n’est pas officiellement classé comme ingrédient, mais comme « auxiliaire technologique », ce qui dispense le fabricant d’indiquer sa présence sur l’étiquette. Pratique.
Pourtant, on en trouve partout. Car les huiles alimentaires se retrouvent dans les pâtisseries et les charcuteries industrielles ; dans la lécithine de soja, qu’on met dans les produits laitiers, les préparations lactées pour nourrissons, les plats préparés ; dans les tourteaux d’oléagineux dont sont nourris porcs, bœufs et poulets. Partout.
Les alertes scientifiques et les preuves toxicologiques ont beau se multiplier, les utilisateurs de l’hexane (en premier lieu le groupe Avril, présidé par Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA) persistent dans le déni. Avec son livre, Guillaume Coudray n’hésite pas à parler de « catastrophe sanitaire ». La bataille pour accélérer le recours aux alternatives (plusieurs triturateurs sans solvant ont vu le jour en France) et en finir avec « l’opacité »… Rendez-vous dans cinquante ans.
— Hervé Piquet
(1) De l’essence dans nos assiettes, La Découverte, 304 p., 20,90 €. Sortie le 18 septembre."